Trump n’apprécie pas du tout la date de son procès pour ses actions lors de l’élection de 2020

Donald Trump, ici arrivant pour prendre la parole lors du dîner Lincoln 2023 du Parti républicain de l’Iowa, à Des Moines, le 28 juillet 2023.
Donald Trump, ici arrivant pour prendre la parole lors du dîner Lincoln 2023 du Parti républicain de l’Iowa, à Des Moines, le 28 juillet 2023.

ÉTATS-UNIS - La date que toute l’Amérique attendait est tombée. Donald Trump sera jugé à partir du 4 mars 2024 par un tribunal fédéral à Washington pour ses tentatives d’inverser le résultat de l’élection de 2020.

Une date qui tombe en pleine campagne pour reprendre la Maison Blanche, et la veille du Super Tueday, le 5 mars, jour clé pour un grand nombre d’États qui votent simultanément pour désigner qui sera le candidat officiel des partis démocrate et républicain.

Donald Trump a vivement dénoncé le choix de cette date, qualifiant cette décision d’« ingérence électorale » dans la présidentielle de 2024. Dans une publication sur son réseau Truth Social, l’ancien président, candidat aux primaires républicaines, a accusé la juge de « détester Trump » et a annoncé qu’il formulerait un recours.

Trump voulait être jugé en avril 2026

La juge Tanya Chutkan, qui présidera les débats, a tranché ce lundi 28 août sur cette date lors d’une audience consacrée aux propositions des deux parties.

Le procureur spécial Jack Smith souhaitait que le procès de Donald Trump à Washington débute le 2 janvier 2024, un délai trop court selon elle pour lui permettre de se préparer, tandis que la défense réclamait une échéance lointaine, en avril 2026, « bien au-delà de ce qui est nécessaire », selon la juge.

Cette date n’a aucun caractère hâtif, a ajouté la magistrate, soulignant que le procès s’ouvrirait exactement trois ans, deux mois et six jours après le 6 janvier 2021. Elle faisait référence à l’assaut du Capitole, siège du Congrès, par des centaines de partisans de Donald Trump chauffés à blanc pour y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

Il s’agira donc du premier procès au pénal pour le favori des primaires républicaines, qui doit également être jugé à partir de fin mars 2024 dans l’État de New York pour des paiements suspects à une ancienne actrice de films X, en mai 2024 par un tribunal de Floride pour sa gestion négligente de documents confidentiels après son départ de la Maison Blanche.

La défense réclamait deux ans et demi de délai

La date de son procès dans une quatrième affaire, celle de pressions électorale en Géorgie en 2020, inculpation qui lui a valu la semaine dernière sa prise de photo d’identité judiciaire, un cliché déjà historique pour un ancien président, n’a pas encore été fixée.

Sans surprise, la juge Chutkan a balayé la plupart des arguments de la défense qui réclamait deux ans et demi, soit l’équivalent de la durée de l’enquête, pour examiner les documents de l’accusation.

L’avocat de Donald Trump, John Lauro, s’est indigné avec véhémence contre la proposition de date de l’accusation, en janvier 2024. « Vous demandez un procès spectacle, pas un procès rapide », a-t-il lancé à l’audience. « Vous n’allez pas avoir deux ans de plus, cette affaire ne sera pas jugée en 2026 », a-t-elle déclaré ce lundi.

Pour l’accusation, la procureure Molly Gaston a invoqué « l’intérêt public extraordinaire pour un procès rapide », compte tenu du fait que « le prévenu est accusé de crimes historiques » pour un président en exercice au moment des faits.

La juge avait déjà mis en garde Donald Trump contre toute « déclaration incendiaire susceptible de polluer la sélection du jury », qui ne pourrait qu’encourager la magistrate à fixer une date rapprochée pour le procès.

Joe Biden accusé sans preuves d’être responsable de ses inculpations

Cela n’a pas empêché le milliardaire républicain d’accuser sans preuves ce lundi le président Biden d’être responsable de ses inculpations, qualifiant à nouveau le dirigeant démocrate de « crapule ». Les deux hommes pourraient une nouvelle fois être opposés lors de la présidentielle de novembre 2024.

Il n’était pas clair dans l’immédiat quelles conséquences cette nouvelle date pourrait avoir sur le calendrier judiciaire chargé de Donald Trump, bien que la juge Chutkan ait indiqué avoir avisé de sa décision sa collègue en charge du procès à New York.

« Je suppose que les quatre juges en charge de ces dossiers ont tenté de coordonner l’ordre des procès et que les procureurs de New York et de Géorgie reporteront les leurs par déférence pour les affaires fédérales », avait expliqué à l’AFP avant l’audience Carl Tobias, professeur de droit à l’université de Richmond.

Pour Whit Ayres, un consultant politique républicain, un acquittement de Trump à son premier procès à venir, quel qu’il soit, contribuerait à rendre son avance dans les primaires républicaines irréversible.

« Je ne vois pas comment il serait possible de l’arrêter » dans sa course à l’investiture, a-t-il dit dans une interview en ligne. « Mais s’il est condamné pour une accusation grave, je ne sais pas comment les gens réagiraient », a-t-il poursuivi, « parce que nous n’avons jamais connu de situation qui ressemble de près ou de loin à celle-ci ».

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