La conductrice du bus de Millas victime du « syndrome du cœur brisé » selon son avocat, de quoi s’agit-il ?

Nadine Oliveira, au volant du bus lors de l’accident, a fait un infarctus après l’interrogatoire poussé des avocats des parties civiles.

PROCÈS - Durant son interrogatoire lors du procès de la collision de Millas, l’émotion de Nadine Oliveira avait contraint à la suspension des débats à Marseille. Et depuis jeudi, la conductrice du bus lors du drame de Millas est toujours hospitalisée dans un état préoccupant, incapable de se remettre émotionnellement.

Victime d’un infarctus, a indiqué son avocat à France Bleu, elle a été transférée en soins intensifs ce samedi 24 septembre. D’après Jean Codognès, sa cliente « doit passer lundi un troisième scanner à l’hôpital nord de Marseille », ce qui pourrait retarder la reprise du procès. Pour expliquer les problèmes de santé de sa cliente, l’avocat a avancé l’hypothèse du « syndrome de Tako-tsubo », plus communément appelé « syndrome du cœur brisé ».

La cardiomyopathie Tako-tsubo

Derrière ce nom scientifique se cache en réalité un syndrome lié au stress. Cette affection, encore mal comprise par la science, touche généralement les femmes âgées de plus de 50 ans et se traduit par une « insuffisance cardiaque aiguë qui se manifeste comme un infarctus aigu du myocarde », explique Orphanet, un portail en ligne consacré aux maladies rares, avec notamment « des symptômes ischémiques [une diminution de l’apport en sang dans le cœur] » et « des marqueurs de pathologie cardiaque élevés ».

D’abord décrit au Japon, d’où son nom, le « syndrome du cœur brisé » a depuis été observé à travers le monde, survenant de manière presque systématique après un stress émotionnel intense. C’est d’ailleurs au moment où Nadine Oliveira devait livrer des détails sur les instants précédant l’accident avec un TER qui a entraîné la mort de six collégiens que la conductrice s’est effondrée.

Concrètement, une vive décharge d’hormones (comme l’adrénaline) fabriquée en cas de stress intense provoque l’apparition de ce phénomène chez les patients atteints, précise Orphanet. Selon ce même site, les personnes qui en sont victimes se remettent relativement rapidement si la prise en charge est suffisamment rapide.

En revanche, « l’évolution, bien que généralement sans heurt, peut être marquée par une rupture du ventricule gauche, ce qui fait de ce syndrome une cause récemment identifiée de mort subite ». À l’heure actuelle, il n’existe pas de réel traitement efficace, si ce n’est un suivi précis en cas d’insuffisance cardiaque.

L’acharnement des avocats des parties civiles en cause ?

À en croire l’avocat de Nadine Oliveira, ce serait donc l’interrogatoire musclé sur les détails de l’accident qui aurait provoqué ce syndrome chez la conductrice de bus de 53 ans. Au point de dénoncer ce samedi « l’acharnement » des avocats des parties civiles, qui se seraient livrés « à une compétition pour associer leur nom à des aveux forcés ».

« C’est de la torture digne du Moyen-Âge », avait-il ajouté. Un avis loin d’être partagé par les principaux concernés. Ils ont tous démenti « un acharnement gratuit » contre la conductrice dont l’accident a provoqué la mort de 6 collégiens et fait 17 blessés en décembre 2017 à un passage à niveau.

En attendant des nouvelles de la prévenue, le débat sur les barrières du passage à niveau lors de l’accident reste inchangé. « Nous lui posons les questions que nous devons lui poser. Nous sommes obligés de la mettre face à ses contradictions », répondait jeudi Me Philippe Ayral, avocat des parties civiles.

« Depuis une semaine, toutes les expertises démontrent que les barrières étaient baissées. Nous pouvons comprendre que Madame Oliveira, au bout de quatre jours, soit en difficulté pour accepter cette idée-là », avait-il ajouté. Une chose reste certaine : si l’audience reprend en début de semaine, cela sera sans Nadine Oliveira, toujours sous surveillance médicale avant de nouveaux examens lundi, date de reprise des débats au tribunal de Marseille.

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