Proces Balladur : le vieillard sublime, le retraité grincheux et le témoin gênant
Au deuxième jour du procès Karachi, ce 20 janvier, Edouard Balladur, à bout de souffle, a lu une déclaration d’innocence. Quant à son ancien ministre de la Défense, François Léotard, il renvoie la balle sur son bras droit. Lui non plus ne s’occupait pas de "ces questions d’argent"…
Il lutte. Contre sa voix qui flanche, s’éraille, chevrote et qu’il peine à stabiliser. Il lutte contre son corps, debout trop longtemps et qui réclame un siège. Il lutte contre son émotion qui effleure et par moment l’arrête. Il lutte aussi contre cette colère qui pointe et qu’il maintient à distance. Il lutte enfin contre ces larmes qui embuent sa vue et qui finiront par couler le long de ses joues quand il regagnera sa place, devant ses trois avocats admiratifs. Vingt-cinq minutes.A LIRE AUSSI : "C'était lui, Léotard ?" : au début du procès Balladur, premier inventaire d'une époque révolueDebout à la barre de la Cour de justice, Edouard Balladur, 91 ans, sanglé dans un costume anthracite impeccable, est allé au bout de ce texte qu’il prépare depuis des mois et qu’il a amendé jusqu’à la dernière seconde. Il se rassoit à bout de souffle. Il réajuste son masque et s’essuie discrètement la joue. Bien sûr, il a plaidé son innocence, dans ce dossier de financement de sa campagne présidentielle perdue de 1995. Mais au delà des mots, au-delà de l’affaire, il y avait aussi dans le spectacle de cet homme au crépuscule de sa vie, pourquoi ne pas le dire, de la grandeur. De la grandeur dans le...
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