Procès des sondages de l'Elysée: Sarkozy oppose le silence aux questions du tribunal

L'ancien président Nicolas Sarkozy, le 8 octobre 2021 à Bordeaux - Philippe LOPEZ © 2019 AFP
L'ancien président Nicolas Sarkozy, le 8 octobre 2021 à Bordeaux - Philippe LOPEZ © 2019 AFP

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L'ancien président Nicolas Sarkozy, couvert par son immunité présidentielle dans l'affaire des sondages de l'Elysée, a opposé ce mardi le silence aux premières questions du tribunal correctionnel de Paris, invoquant la "séparation des pouvoirs". Il a dénoncé cette décision de le forcer à témoigner au procès de ses anciens proches dans l'affaire des sondages de l'Elysée.

"C'est un principe essentiel des démocraties qui s'appelle la séparation des pouvoirs et comme président de la République je n'ai pas à rendre compte de l'organisation de mon cabinet ou de la façon dont j'ai exercé mon mandat", a-t-il lancé.

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Un ancien président mutique

"Si je répondais à vos questions, la séparation des pouvoirs n’existerait plus", a-t-il argué avant de laisser le président du tribunal, impassible, l'interroger dans le vent. La derniere question du tribunal aurait pu aider les prévenus mais elle est restée sans réponse:

"Claude Gueant affirme avoir agi sur vos instructions, cela pourrait être le cas d’Emmanuelle Mignon et de Julien Vaulpré aussi. Est-il exact que ces trois personnes n’ont fait qu’exercer vos instructions?". Silence de Nicolas Sarkozy.

Protégé par la Constitution, l'ancien chef de l'Etat n'a jamais été poursuivi, ni entendu à propos des soupçons de favoritisme et de détournement de fonds publics sur lesquels s'expliquent depuis le 18 octobre ses anciens collaborateurs. Jusqu'ici, jamais la justice n'avait contraint un ex-chef de l'Etat à témoigner sur des faits en lien avec des actes accomplis dans l'exercice de ses fonctions.

"Avantage injustifié"

Sur le banc des prévenus, cinq des anciens collaborateurs ou conseillers de Nicolas Sarkozy sont interrogés depuis deux semaines sur des prestations de conseil et de fourniture de sondages qui ont coûté plusieurs millions d'euros entre 2007 et 2012. Aucune n'a fait l'objet d'un appel d'offres, ce qui constitue, pour l'accusation, du favoritisme de la part de l'ancien secrétaire général Claude Guéant, de l'ex-directrice de cabinet Emmanuelle Mignon et de celui qui était alors conseiller technique "opinion", Julien Vaulpré.

Soupçonné d'avoir profité d'un "avantage injustifié", l'ancien sondeur Pierre Giacometti et le très droitier politologue Patrick Buisson sont jugés pour recel de favoritisme. Ce dernier est en outre poursuivi pour abus de biens sociaux, ainsi que pour le détournement de 1,4 million de fonds publics autour de marges de 65,7 à 71% sur la revente de sondages - Claude Guéant et Emmanuelle Mignon étant mis en cause dans ce volet pour négligence.

Au fil des audiences, les prévenus ont fait valoir que jamais, depuis 1958, l'Elysée n'avait souscrit aux règles de la commande publique et que c'est justement à partir du quinquennat de Nicolas Sarkozy qu'elles avaient commencé à s'appliquer. Ils ont aussi affirmé qu'une mise en concurrence aurait été impossible dans la mesure où les conseillers avaient été "choisis" et les contrats signés "sur instruction" de Nicolas Sarkozy.

Article original publié sur BFMTV.com