"Un procès que j'attends depuis 4 ans": la sœur de Samuel Paty s'exprime pour la première fois avant sa déposition
Une prise de parole attendue. Alors qu'elle doit s'exprimer à la barre de la cour d'assises spéciale de Paris ce vendredi 8 novembre, où huit personnes sont jugées dans le cadre de la mort de Samuel Paty, Gaëlle Paty, la sœur de l'enseignant assassiné en pleine rue à Conflans-Saint-Honorine (Yvelines), prend pour la première fois la parole dans les médias auprès de BFMTV.
Dans un premier temps, celle qui dit attendre ce procès "depuis quatre ans" explique les raisons pour lesquelles elle tient à "assister à tous les débats."
"J'ai besoin d’être là pour comprendre et être face aux accusés, qu'ils aient quelque part un petit bout de Samuel en face d'eux pour se rendre compte de ce qu’ils ont fait", assure-t-elle. "C'est un procès que j'attends depuis 4 ans".
"Un moment très fort"
Les premiers jours du procès ont été éprouvants. Depuis le début de semaine, sept des huit accusés ont contesté les graves faits qui leur sont reprochés. "Je suis extrêmement choquée par leur contestation violente de ce qui leur est reproché pour la quasi-totalité d’entre eux. S'ils sont ici, c'est qu'ils ont une part de responsabilité", se désole Gaëlle Paty.
Le huitième, Ismaïl Gamaev, un Russe d'origine tchétchène de 22 ans a admis les faits. "Je reconnais ma culpabilité. C'est la pire chose que j'ai faite de ma vie", a-t-il dit, dans un aveu qui a fait du bien à la famille de Samuel Paty.
"C'est un moment très fort d’émotion pour moi de l’entendre s’effondrer et de reconnaître sa culpabilité. Pour les parties civiles c’est extrêmement intéressant", souligne-t-elle.
Car Gaêlle Paty en est persuadée, Abdoullakh Anzorov, le terroriste qui a tué son frère, n'a pas agi seul. "Il n’y a pas de loup solitaire dans le terrorisme. Anzorov a exécuté mon frère, mais il n’était pas seul", insiste-t-elle.
"Pas du tout un homme en colère"
Pour sa prise de parole du jour, Gaëlle Paty, qui dit avoir "tout écrit", s'apprête à faire le portrait de son frère devant la cour. "Ce n'était pas du tout un homme en colère", commence-t-elle. "Il était calme, posé, instruit, amateur de débat d'idées, c'était homme de lettres", complète Gaëlle Paty.
Pour finir, cette dernière admet avoir "des choses à dire à la justice." "La justice doit le détail des responsabilités et aller jusqu'au bout de ce qu'elle doit faire", termine-t-elle.
Jeudi, l'évocation des dernières minutes de la vie de Samuel Paty a tétanisé la cour d'assises spéciale de Paris. "Il y a eu 14 minutes entre la sortie de Samuel Paty du collège où il enseignait et la neutralisation (du tueur) Abdoullakh Anzorov.
À aucun moment Anzorov n'a semblé perdre son sang-froid", a détaillé un enquêteur antiterroriste, qui a livré un témoignage glaçant. Le procès est prévu jusqu'au 20 décembre.