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Procès Fillon : "mon employeur, c'était François", raconte Penelope Fillon

Dans ce deuxième jour du procès en appel, Penelope Fillon, soupçonnée d'emploi fictif, est venue témoigner à la barre. Elle a détaillé ses tâches auprès de son époux.

Condamné à trois ans de prison avec sursis, deux ans d'inéligibilité, et 375 000 euros d'amende pour emplois fictifs, Penelope Fillon a tenté ce mardi de convaincre la cour d'appel de la réalité de ses activités auprès de son mari.

Méthodiquement, la cour reprend ses questions à Penelope Fillon, interrompues la veille, sur des soupçons d'emplois fictifs concernant trois contrats d'assistante parlementaire auprès de son mari (1998-2002 puis 2012-2013) et de Marc Joulaud (2002-2007).

Des rencontres entre le député et les élus

Marc Joulaud, qui avait travaillé à la mairie de Sablé-sur-Sarthe, au conseil général et régional, devenait député à 34 ans, en suppléant de François Fillon, alors nommé Premier ministre. Penelope Fillon devait l'aider à s'implanter, assure le couple.

"Quand on vous demande de citer des gens à qui vous auriez présenté Monsieur Joulaud, ça semble très difficile", relève le président. "Est-ce que aujourd'hui vous avez des noms, des exemples ?"

"Dans les manifestations auxquelles on a pu assister ensemble", Penelope Fillon répond lui avoir présenté "des maires" mais surtout des "habitants", qu'il ne "connaissait absolument pas".

Entre le salaire perçu lorsqu'elle travaillait auprès de son mari et celui octroyé par Marc Joulaud (environ 5.000 euros mensuel), il y a "augmentation", souligne l'avocat général Bruno Revel. L'a-t-elle "négociée", lui demande-t-il ?

"Non, je n'ai jamais négocié ou fait une revendication de salaire auprès de mon mari, ni de son successeur", déclare l'épouse de François Fillon. Mais "ça a toujours été fait dans les règles de l'Assemblée nationale", assure-t-elle. A ce moment-là, "je pense que François a considéré, avec l'accord de Marc Joulaud, que la somme était justifiée pour ce travail".

"Je ne me suis pas posée plus de question"

Sur toute la période, elle n'a pris aucun congé maternité, ni congé payé, bénéficiant cependant d'indemnités de congés non-pris. "Ca ne vous a pas étonnée ?" poursuit le magistrat.

"François avait choisi ce mode, donc moi j'ai fait ce qu'on m'a demandé de faire, je ne me suis pas posé plus de question", dit-elle. "Mon employeur, c'était François, il savait qu'on partait en vacances puisqu'on partait ensemble".

Droite à la barre, courts cheveux gris et lunettes à monture noire, la Galloise de 66 ans répond d'une voix teintée d'un léger accent. Non loin, François Fillon reste la plupart du temps assis tête baissé, les mains jointes.

Penelope Fillon est aussi poursuivie pour un emploi de "conseillère littéraire" en 2012-2013 au sein de La Revue des deux mondes, propriété de l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière, alors ami de François Fillon.

15 notes pour 3.950 euros par mois

Rémunérée 3.950 euros net, elle déclare avoir rédigé "une quinzaine de notes de lecture" - deux ont été publiées - et avoir fait des propositions afin de relancer la revue qui dépérissait, avant d'abandonner face à "l'hostilité" de l'équipe.

L'avocat général Yves Micolet rappelle que, deux mois après avoir signé ce contrat, elle est de nouveau embauchée par son mari comme assistante parlementaire.

"J'ai pensé que les deux emplois étaient compatibles, que j'aurais le temps en m'organisant" répond alors la prévenue.

Banquets de personnes âgées et concours de boules

Le patron de Fimalac a été condamné dans une procédure de "plaider-coupable" en 2018 pour abus de biens sociaux, reconnaissant un contrat en partie fictif.

La défense prend le relais, la questionne longuement sur les "banquets de personnes âgées", "concours de boule de fort", "remise de médailles" auxquelles elle participait. C'était "en tant qu'épouse et assistante parlementaire", pour "le plaisir et le travail", dit-elle.

Son avocate Maître Astrid Mignon Colombet cite une à une des demandes d'intervention reçues par courrier sur lesquelles Penelope Fillon affirme avoir travaillé en lien avec l'équipe de son mari - une aide à la mutation pour un policier dans la Sarthe ou encore des coups de pouce pour un travail.

"Mon rôle, c'était respecter les gens, leurs problèmes, essayer de les aider, être à leur service", fait valoir celle qui est aujourd'hui comme simple conseillère municipale de Solesmes - "apolitique", précise-t-elle. Le procès reprendra lundi après-midi avec l'interrogatoire de François Fillon.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Affaire des emplois fictifs en France : ouverture du procès en appel pour le couple Fillon