Le prix Fnac 2024 remis à Marie Vingtras, rare romancière à écrire encore sous pseudonyme
LITTÉRATURE - Marie Vingtras dans les pas de Jean-Baptiste Andrea ? Ce mardi 24 septembre, la chaîne de magasins culturels Fnac a décerné à l’écrivaine française son prix littéraire pour son dernier livre Les Âmes féroces, un an après l’avoir remis à l’auteur de Veiller sur elle, également récompensé du prix Goncourt deux mois plus tard.
Paru en août aux éditions de l’Olivier, le roman de Marie Vingtras, comme le premier de la même autrice, Blizzard, raconte un fait divers fictif aux États-Unis. L’héroïne, une shérif lesbienne, est chargée d’enquêter sur le meurtre d’une adolescente dans une petite ville rurale.
Au menu de ce polar inhabituel : quatre saisons et quatre narrateurs. « Marie Vingtras y dépeint une nature rude et sauvage et met en lumière la force des relations humaines face aux blessures du passé », a souligné le jury dans un communiqué, relayé par l’AFP.
À 52 ans, l’autrice, qui rêvait de faire du journalisme avant de finalement se lancer dans une carrière d’avocate, a cette particularité qu’elle est encore l’une des rares écrivaines françaises à écrire sous pseudonyme. Un hommage, ici, à Séverine, pseudonyme de la journaliste française Caroline Rémy qui, au XIXe siècle, a dirigé le journal Le cri du peuple, sous un autre pseudonyme, celui d’Arthur Vingtras. Un clin d’œil au héros de la trilogie autobiographique de Jules Vallès Jacques Vingtras, publiée à la fin du XIXème siècle.
« N’ayant pas pu faire ce que je voulais après le bac, l’écriture est ma chose à moi, mon domaine, mon identité. Prendre un pseudonyme est la meilleure idée que j’ai eue. C’est très confortable. Un peu schizophrénique aussi », a confié Marie Vingtras dans une interview au Nouvel Obs.
Un prix Fnac très attendu
Un sujet sur lequel elle était déjà revenue, en 2021. « J’aime les histoires fortes. Je pense que la vie est brutale. J’ai d’ailleurs envoyé mon manuscrit au départ, avec un pseudonyme masculin, car justement je ne voulais pas qu’une signature féminine édulcore le sens de mon texte. Après que mon livre a été accepté, j’ai repris mon identité féminine, toujours sous pseudonyme », a-t-elle expliqué au site ViaBooks.
Elle s’inscrit dans la lignée des femmes de lettres françaises qui, avant elles, ont opté pour un pseudonyme, comme Marguerite Cleenewerck de Crayencour, Sophie Ory, Aurore Dupin (George Sand), Sidonie Gabrielle Colette (Colette) ou Marie de Flavigny comtesse d’Agoult. Cette dernière signait ses textes sous le nom de Daniel Stern, au XIXe siècle.
Ce mardi 24 septembre 2024 marque la 23e édition du prix du roman Fnac, un évènement très attendu chaque année dans le milieu du livre. En cause, notamment, son fonctionnement rare dans la saison des récompenses littéraires : il est décerné par un collège de 400 adhérents au programme de fidélité de la Fnac et 400 libraires de l’enseigne.
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