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Prix des carburants : que proposent les candidats à la présidentielle 2022 ?

Photo d'illustration / Getty Images

De la baisse des taxes au chèque énergie, les candidats multiplient les propositions très différentes les unes des autres.

1,5583 euro le litre de gazole, un record absolu. Le prix du SP 95 n'est lui qu'à un centime de son record, à 1,6567 euro, selon les chiffres officiels du ministère de la Transition écologique. Une hausse du prix des carburants qui s'est invité dans les programmes des candidats aux élections présidentielles. Au point de devenir pour certains un facteur de démarcation de leurs adversaires.

Un chèque carburant, piste du gouvernement validée par Xavier Bertrand

C'est la piste privilégiée par le gouvernement, qui cherche le "moyen de toucher les bonnes personnes, celles qui en ont besoin", a expliqué la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili sur France 2. À en croire Bruno Le Maire le ministre de l'Économie et des Finances, c'est le chèque carburant qui serait privilégié. "Je suis davantage favorable à un dispositif comme le chèque carburant plutôt qu'à une baisse de la fiscalité (...) Un centime de baisse sur le litre de carburant représente un demi milliard d'euros donc c'est très coûteux pour un résultat que les Français ne verront pas. Il vaut mieux préférer l'option du chèque carburant", a expliqué le ministre sur Europe 1 ce lundi.

Si le gouvernement n'est pas encore représenté par un candidat en vue de la présidentielle 2022, l'action du gouvernement en la matière pourrait constituer la réponse d'Emmanuel Macron à cette crise, s'il est candidat à sa succession. Le chef de l'État a d'ailleurs promis une "action de court terme" qui ne prévoit pas de baisse des taxes.

Le chèque carburant est déjà mis en place depuis 2016 dans les Hauts-de-France par Xavier Bertrand, qui soumettra sa candidature à la prochaine élection présidentielle au vote des militants LR, lors du congrès prévu le 4 décembre. Un dispositif soumis à des critères précis : être domicilié dans la région, posséder un véhicule pour se rendre au travail, être en CDI ou CDD et habiter à au moins 20 kilomètres de son lieu de travail dont le montant peut atteindre jusqu’à 20 euros par mois. Au total, près de 50 000 automobilistes en bénéficient. Un dispositif qui, appliqué au niveau national, est selon lui "évidemment" la solution face à la hausse des prix du carburant, répond Xavier Bertrand à La Voix Du Nord.

Un chèque énergie élargi, propose Jadot

Sur le même modèle, Yannick Jadot, candidat désigné lors de la primaire écologiste, veut étendre le chèque énergie déployé par le gouvernement pour faire face à la hausse du prix du gaz et de l'électricité. D'un montant de 100 euros actuellement, le chèque énergie pourrait être augmenté de 400 euros supplémentaires "pour les ménages les plus modestes", propose le candidat EELV. Il souhaite également le versement d'un chèque énergie élargi aux classes moyennes, d'un montant de 100 euros. Selon lui, 16 millions de Français pourraient bénéficier de ce dispositif.

Une baisse des taxes, pour Le Pen et Montebourg

Les taxes représentent environ 60% du prix du litre d'essence. Les taxes les plus importantes dans le prix du litre de carburant sont la TVA et TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques), dont le montant est fixe depuis la crise des Gilets Jaunes. La TICPE représente 59,4 centimes d'euros pour un litre de gazole et 66,29 centimes pour un litre d'essence E10, selon le ministère de la Transition écologique.

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L'autre taxe, la TVA, est fixée à 20%. À noter qu'elle s'applique à la fois sur le produit, le litre de carburant, mais également sur la TICPE, il s'agit dans ce dernier cas d'une taxe sur la taxe. Sur un litre de gazole à 1,55 euro, prix moyen constaté ce 18 octobre, on compte 90 centimes de taxes (59,40 centimes de TICPE et 31 centimes de TVA). Si l'option d'une baisse des taxes a été écartée par le gouvernement, elle séduit plusieurs candidats très différents.

Candidat à droite, Éric Ciotti propose de supprimer la TVA à 20%. C'est peut être leur seul point commun, mais Arnaud Montebourg et Marine Le Pen proposent quant à eux de réduire la TVA de 20% à 5,5% sur le carburant, mais également sur le gaz et l'électricité, tous les deux considérant qu'il s'agit de "biens de première nécessité". Pour le carburant, la baisse représentera environ 8 euros d'économisés sur un plein de 40 litres, a détaillé la candidate du Rassemblement national.

La socialiste Anne Hidalgo souhaite aussi agir sur les taxes pour alléger les prix à la pompe. La candidate récemment désignée prône dans Libération une "baisse des taxes sur le prix des carburants", sans toutefois détailler si elle s'attaque à la TVA ou à la TICPE.

Face aux critiques sur une proposition peu écologique, elle se justifie. "On ne peut pas continuer à demander aux plus fragiles, aux plus modestes ou aux classes moyennes de payer le prix fort de la transition écologique. (Cela) ne se fera pas contre ceux qui, aujourd'hui, ne parviennent plus à boucler leurs fins de mois, parce que les loyers, l'énergie et les carburants augmentent mais pas leurs salaires", explique-t-elle.

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Une taxe flottante, préconise Roussel

Le candidat communiste Fabien Roussel veut lui aussi jouer sur les taxes pour diminuer la facture à la pompe. Il propose "une taxe flottante sur l’essence pour faire baisser les taxes quand le prix du baril monte pour que ça ne pèse pas sur le pouvoir d’achat de nos concitoyens". Une mesure qui serait assortie d'un "contrôle des distributeurs pour qu’ils répercutent bien la baisse de cette taxe sur le prix de l’essence", a-t-il précisé sur France Info. Objectif de cette taxe flottante "baisser de 50 centimes le prix à la pompe".

Mélenchon milite pour un blocage des prix

Jean-Luc Mélenchon, candidat Insoumis à la présidentielle, va plus loin que les autres propositions précédemment citées, et prône pour un blocage des prix. À l'instar de la proposition de Marine Le Pen, le leader de LFI cible les prix de l'essence, mais également de l'énergie et du gaz, qu'il considère également comme des "biens de première nécessité", a-t-il lancé lors d'un meeting à Reims, ce dimanche.

La loi prévoit que le gouvernement peut prendre "des mesures temporaires motivées" par décret en Conseil d'État contre des hausses ou des baisses excessives de prix, ce qui fut notamment le cas pour le gel hydroalcoolique ou les masques au début de la crise du Covid. Une mesure déjà adoptée par le passé pour les carburants par le gouvernement de Michel Rocard en 1991, en pleine guerre du Golfe.

Pécresse veut faire payer les entreprises

C'est une piste beaucoup moins évoquée par les candidats à la présidentielle. Valérie Pécresse, qui soumettra sa candidature à la prochaine élection présidentielle au vote des militants LR, lors du congrès prévu le 4 décembre, propose une hausse du plafond du forfait kilométrique pris en charge par l'employeur afin d'atténuer la hausse des prix de l'essence. "Il y a une prise en charge à moitié par les employeurs des forfaits kilométriques, peut-être qu'on pourrait envisager d'autoriser une prise en charge plus importante", a affirmé la présidence de la région Ile-de-France au Grand jury LCI/RTL/Le Figaro.