Publicité

En prison, «on gère des flux, mais pas des individus»

Un gardien à la prison des Baumettes, en juin 2013 à Marseille.

Christian Mouhanna, chercheur au CNRS, est chargé d'évaluer les instances de dialogue mises en place en milieu carcéral. Des dispositifs encore trop rares et trop peu soutenus, selon lui.

Depuis plusieurs années, Christian Mouhanna, chercheur au CNRS et au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip), travaille avec l’administration pénitentiaire sur la réduction des violences en milieu carcéral. Il est actuellement chargé d’évaluer les dispositifs de médiation mis en place dans certains établissements pilotes, dont le centre de détention de Val-de-Reuil (Eure), auquel Libération consacre un reportage. «Le plus difficile, c’est d’assurer la pérennité de ces expériences», explique le chercheur.

Quels sont les premiers enseignements que vous tirez de votre travail d’évaluation ?

Que les gens aient des dissensions, c’est normal dans tout groupe humain, et peut-être encore plus en milieu carcéral. L’enjeu, c’est que ces dissensions ne débouchent pas sur des violences. C’est d’ailleurs un constat d’échec pour un établissement, car cela veut dire qu’il ne maîtrise pas ce qui se passe en son sein. Trop souvent, il faut que les détenus aient une stratégie de désordre et d’agitation pour qu’on commence à s’intéresser à leurs problèmes. Les dispositifs de dialogue expérimentés dans quelques établissements, comme Val-de-Reuil ou Arles, sont intéressants car ils permettent de faire ressortir les problèmes autrement qu’à la suite de bagarres ou de violences. Mais on se rend compte qu’il est difficile de les faire vivre dans le temps.

Pour quelles raisons ?

Cela tient du sacerdoce pour les directeurs de ces établissements. Cela leur demande beaucoup d’énergie. Il faut donc qu’ils soient soutenus par l’administration centrale. Or, on ne peut pas dire que les directeurs de l’administration pénitentiaire (AP) ont tous eu le même investissement. Claude d’Harcourt [directeur de l’AP entre 2005 et 2010, ndlr], quoi qu’on pense de lui, a eu la (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

A Val-de-Reuil, la prison engeôlivée
Les musulmans font leur messe au Bourget
Laureelen retrouvée, son kidnappeur écroué
Bistrots, les nouveaux piliers de bourgs
La «veuve noire de l'Isère» condamnée à 30 ans de réclusion