"Ils ont pris mon mari": l'épouse d'un prisonnier ukrainien détenu en Russie témoigne

Olga, ukrainienne, a vu son mari Andriy être arrêté de façon arbitraire par des soldats russes en avril lorsqu'elle vivait en zone occupée, à Melitopol. Andriy risque aujourd'hui la prison à vie. - BFMTV
Olga, ukrainienne, a vu son mari Andriy être arrêté de façon arbitraire par des soldats russes en avril lorsqu'elle vivait en zone occupée, à Melitopol. Andriy risque aujourd'hui la prison à vie. - BFMTV

Dans la ville de Dnipro, à 200 kilomètres de chez elle, Olga a retrouvé un peu de liberté. Cette Ukrainienne a quitté avec son fils la ville de Melitopol, en zone occupée, après l'arrestation de son mari Andrii par cinq soldats russes armés. Ce matin du 6 avril reste aujourd'hui gravé dans sa mémoire.

"Mon fils était à la maison et il a tout vu. Ils nous ont menacé. Ils ont dit qu'ils allaient nous tirer dans les jambes. Deux soldats étaient en uniforme noir, cagoulés, et ils ont pris mon mari. J'étais pétrifiée."

Signes de vie sur les réseaux sociaux

Andrii ne reviendra pas. Olga le cherche en vain pendant des semaines en imaginant le pire. Mais un jour, son nom et son visage apparaissent sur un réseau social.

"Des amis nous ont appelés en disant qu'ils avaient vu des informations sur un compte Telegram. Ça disait qu'Andrii est un terroriste et un extrémiste. Moi, ce que j'ai retenu, c'est qu'il était en vie."

Toutefois, le soulagement laisse vite place à l'inquiétude lorsqu'un avocat lui explique la situation. "Il pourrait avoir une peine de prison à vie. Il pourrait être envoyé quelque part en Russie et nous ne saurions même pas où."

Au moins 2.500 Ukrainiens détenus en Russie

Difficile pour Olga de comprendre comment son mari, professeur d'art martial et ancien garde-frontière, puisse être jugé pour terrorisme. Pourtant, d'après Centre pour les libertés civiles, une ONG ukrainienne distinguée par le Prix Nobel de la paix en 2022, il est loin d'être le seul.

"Ces soit disant crimes en Russie n'ont pas besoin d'être prouvés. Les procès se déroulent à huis clos et ils utilisent des témoins secrets: des gens que personne ne voit ni ne connaît", détaille Mykhailo Savva, son porte-parole.

D'après l'ONG, au moins 2.500 Ukrainiens sont actuellement retenus contre leur gré en Russie. 1.032 ont été relâchés depuis le début du conflit.

Article original publié sur BFMTV.com