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Sous la pression du braconnage, l'évolution privilégie les éléphants sans défenses

En ciblant les porteurs des plus grandes défenses, les braconniers de l’éléphant d’Afrique pratiquent une sélection favorisant les individus auparavant très minoritaires qui n’en possèdent pas. Une évolution rapide qui ne sera pas sans conséquences sur la savane toute entière.

PRESSION. L’étude que vient de publier est une confirmation. L’augmentation des animaux ne portant pas de défenses est bien une réponse génétique à la pression exercée par les braconniers. En tuant les mâles et les femelles portant les plus gros attributs, les trafiquants d’ivoire facilitent au sein des populations la reproduction de ceux qui n’en n’ont pas. Les chercheurs du USA) ont pu le déterminer en comparant l’ADN de femelles du parc national de Gorongosa nées pendant la guerre civile du Mozambique avec celui d’individus nés après le conflit. Entre 1977 et 1992, les deux camps armés ont financé leur lutte en vendant de l’ivoire. Les troupeaux de cette région sont ainsi passés de 2542 individus avant la guerre à 242 en 2000.

Co-auteure de l'article, la spécialiste des pachydermes Joyce Poole, de l’association américaine avait déjà publié en 2018 une première étude montrant qu’un peu partout en Afrique australe, y compris dans des zones paisibles, la proportion des éléphants sans défenses croissait. C’est un phénomène que l’on retrouve par exemple en Tanzanie dans le parc national de Ruaha ou encore au parc national d'Addo en Afrique du Sud. Au Gorongosa, les chercheurs subodoraient une explication génétique puisque pendant ces 28 ans, les femelles sans défenses ont eu 5 fois plus de chance de survivre et donc de se reproduire que celles qui en étaient pourvues. Mais sans pouvoir le prouver formellement. "D’autant que quarante ans, cela représente une génération et demie pour Loxodonta africana, précise Régis Debruyne, chercheur spécialiste des pachydermes au Muséum national d’histoire naturelle, qui n’a pas participé à l’étude. Comment imaginer une évolution aussi rapide chez une espèce à reproduction aussi lente?" Le phénomène ne contredit pas la théorie de l’évolution de Darwin mais la bouscule car celui-ci écrivait que "la sélection naturelle agira toujours très lentement, souvent seulement à de longs intervalles de temps". L’Homme, visiblement, accélère l[...]

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