Presque rien, c’est mieux que rien

À la fin, les négociations climatiques se résument souvent à une histoire de gros sous : combien ça coûte ? (Très cher.) Qui va payer ? (Les autres.) Forcément, c’est tendu.

Organisée le week-end dernier à Abou Dhabi, la cinquième réunion du comité de suivi du fonds “pertes et préjudices”, censé aider les pays les plus vulnérables à réparer les dégâts irréversibles causés par le dérèglement climatique, en est une nouvelle illustration. À trois semaines de l’ouverture de la COP28, dont la création de ce fonds sera l’une des priorités, c’était (vraiment) la réunion de la dernière chance. Et elle s’est conclue sur un compromis.

Un compromis fragile, déséquilibré et de portée limitée, obtenu après deux jours de discussions jugées “acrimonieuses” par le Financial Times, et qui, ajoute Axios, furent “riches en rebondissements dignes d’une pièce de théâtre”.

Les recommandations sur lesquelles se sont mis d’accord les 24 membres du comité, représentants de nations riches et de nations en développement, peuvent sembler dérisoires. Aucun montant n’a été fixé. Plus désolant encore, ce sont ces pays les plus vulnérables, poussés par l’urgence, qui ont permis de débloquer les négociations en faisant une concession importante. Ils ont accepté que le futur fonds soit hébergé provisoirement, pendant quatre ans, par la Banque mondiale, une organisation dominée par les États-Unis et pas vraiment à la pointe du combat climatique.

De leur côté, les pays riches, opposés à toute obligation de participer à la cagnotte, “ont accepté une formulation qui sous-entend qu’ils seront les principaux donateurs, car ils seront ‘appelés instamment’ à abonder le fonds, alors que les autres y seront ‘encouragés’”, décrypte The Guardian. Et si l’on en croit le Financial Times, les États-Unis (plus gros émetteurs de gaz à effet de serre de l’histoire) se sont montrés particulièrement inélégants : leur représentant a quitté la pièce pendant que le comité rédigeait le texte final, pour pouvoir ensuite s’en désolidariser, réaffirmant que les contributions financières devraient reposer sur le volontariat. “C’est un coup gratuit porté à la confiance et à la bonne volonté des participants que de donner à ces négociations une conclusion si amère”, s’emporte Rachel Cleetus, de l’ONG Union of Concerned Scientists, citée par Axios. Harjeet Singh, de Climate Action Network International, est encore plus désabusé : “Nous ne voyons qu’un compte bancaire vide”, déclare-t-il à Bloomberg.

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