"Presque": Bernard Campan et Alexandre Jollien dans un road-movie sur la quête de soi

Alexandre Jollien et Bernard Campan dans
Alexandre Jollien et Bernard Campan dans

"On est parti de ce qu'on est pour faire une fiction": réunis pour la première fois à l'écran et à la réalisation, l'acteur Bernard Campan et le philosophe Alexandre Jollien livrent dans Presque un road-movie sur l'amitié et la quête de soi.

Tout est parti d'une envie commune, il y a de ça "plusieurs années", confient les deux comparses, lors d'un entretien à l'AFP. De cette envie est née Presque, le sixième long-métrage - en salles mercredi - de l'ex-membre des Inconnus, trio mythique des années 1990 qui va se reformer prochainement pour un film.

"On a mis du temps à se lancer dans le projet parce que Alexandre voulait prendre le risque de jouer. Et jouer, cela veut dire s'exposer à la critique et au jugement", explique Bernard Campan.

Alexandre, c'est Alexandre Jollien, 46 ans, philosophe suisse et auteur à succès né infirme moteur cérébral à la suite d'un étranglement par le cordon ombilical dans le ventre de sa mère.

https://www.youtube.com/embed/pd1SKaeATu4?rel=0

Son premier livre, Eloge de la faiblesse, où il raconte son cheminement vers la philosophie et critique la mise au ban des personnes handicapées dans des institutions spécialisées - où il a lui même vécu de l'âge de 3 à 20 ans -, l'a révélé au grand public.

"Jubilatoire"

C'est d'ailleurs lors d'une intervention télévisée que Bernard Campan le découvre et prend contact avec lui. De cette rencontre naîtra leur amitié.

En 2007, il collabore au scénario du film La Face cachée, réalisé par l'ex-acteur des Inconnus: "J'étais sur un scénario qui me posait des problèmes et Alexandre m'a aidé. Il m'a tendu la main et ne l'a jamais lâchée", se remémore Bernard Campan.

Dans Presque - son premier rôle au cinéma -, Alexandre Jollien interprète Igor, un quadra handicapé et féru de philosophie. Pour gagner sa vie, il livre des légumes bio a vélo. Mais le destin lui fait croiser la route de Louis (Bernard Campan), un croquemort qui l'embarque dans un voyage de Lausanne vers le sud de la France.

876450610001_6291773656001

Amitié, mort, handicap, sexe, regard des autres... le film, bourré de plan-séquences comme pour permettre au spectateur de voyager avec les deux acteurs, s'empare, sans tabou, de sujets durs qu'il traite avec beaucoup d'humour.

Une fiction largement inspirée de leur propre histoire: "Quand Alexandre a eu cette idée, à savoir de partir de nous, de ce qui faisait notre amitié, je me suis dit que c'était une évidence. Partir de ce qu'on est pour faire une fiction, c'est juste jubilatoire", détaille Bernard Campan.

Jugement permanent

"L'amitié, peut-être plus que le couple, c'est une philosophie. C'est un amour inconditionnel et c'est se perfectionner ensemble à tout âge. Un thème parfait pour un film !", s'enthousiasme le philosophe.

Pas seulement une ode aux amitiés improbables, le film dénonce aussi une société du jugement permanent, où la différence reste scrutée, parfois moquée, et appelle a faire fi du regard des autres, pour mieux vivre.

"On a voulu faire un pas de côté pour regarder tranquillement, sereinement, les choses et ne pas être dans le conditionnement dans lequel on vit tous, d'avoir tout de suite un avis sur tout. Et ça, ça va à l'encontre de la période dans laquelle on vit", soutient l'ex-acteur des Inconnus.

"C'est aussi un film qui parle de la vie intérieure. Si ça peut donner l'envie aux gens de retourner leur regard sur eux-mêmes et sortir des a priori sur les autres, ce sera déjà pas mal", abonde l'écrivain.

Désarmant de naturel à l'écran, Alexandre Jollien confie toutefois que sa première expérience d'acteur n'a pas été de tout repos: "Recevoir des directives, des injonctions, ça a fait remonter des choses de mon enfance... Reste que le fait d'avoir été dirigé par un ami est une expérience incroyable".

Article original publié sur BFMTV.com