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Qui est Charles Gave, le millionnaire qui a soutenu Éric Zemmour avant de se retirer ?

Avant de soutenir Éric Zemmour dans sa probable course à l'Élysée, Charles Gave soutenait Nicolas Dupont-Aignan lors de la campagne de Debout la France pour les élections européennes de 2019. (Capture d'écran/ SUD RADIO)

Charles Gave a accordé un prêt de 300 000 euros au polémiste toujours pas officiellement candidat à la présidence de la République, avant de finalement se retirer de sa campagne. Qui est ce millionnaire proche de l'extrême droite ?

C'est une soutien financier de poids pour Éric Zemmour qui s'envole. Le journaliste et polémiste a perdu le soutien de Charles Gave, qui lui avait accordé un prêt de 300 000 euros dans le but de financer sa future campagne pour la présidentielle de 2022.

Le financier a décidé de ne plus financer la campagne du polémiste. Selon BFMTV, le programme économique d'Éric Zemmour, qui défend la place de la France dans l'Union européenne, déplaît à Charles Gave, qui milite pour une sortie de l'euro. Du côté du Point, on avance que ce prêt, accordé à l'association des Amis d'Éric Zemmour, ne devrait pas pouvoir être affecté au financement de la campagne présidentielle.

Il quitte la France à l'élection de Mitterrand

"C'est un grand garçon. Maintenant, il est à 17% dans les sondages. Il n'a plus besoin de moi", explique Charles Gave à BFMTV. L'annonce d'un prêt de 300 000 euros consenti par Charles Gave avait marqué les esprits en raison de la personnalité de ce millionnaire, proche de l'extrême droite.

Né à Alep en Syrie d'un père officier, "l'un des premiers gaullistes", cet homme d'affaire de 78 ans est assez peu connu pour s'être tenu à distance de la vie publique française pendant plus de 20 ans. En 1981, il quitte la France au lendemain de l'élection de François Mitterrand non pas pour des raisons fiscales, mais pour des raisons idéologiques : "Je refusais de vivre dans un pays où des communistes avaient rejoint le gouvernement", citant "une idéologie qui a tout de même tué 100 millions de personnes".

Ancien soutien de Nicolas Dupont-Aignan

C'est à Londres qu'il construit sa fortune, lorsqu'il cofonde une société de gestion d'actifs dont les capitaux atteindront 10 milliards de dollars. Il la vend à Alliance Capital, puis fonde Gavekal Research en 1999 à Hongkong avec son fils et conseille 1000 institutions avec 70 employés, rapporte le média suisse Le Temps. En 2012, il crée le think tank libéral L'institut des Libertés, qui vise à "recruter et former des étudiants courageux pour servir la France", selon ses propres termes et à "rééduquer les citoyens endoctrinés par le socialisme", selon L'Opinion.

À son retour en France, en 2015, cet essayiste aux positions ultralibérales et identitaires s'investit dans la vie politique française et est partisan de l'union toutes les droites. À l'occasion des élections européennes de 2019, il soutient Nicolas Dupont-Aignan, dont il est un temps l'un des plus proches conseillers. Bien qu'il reconnaisse que ce dernier n'est pas un libéral, il ne cache pas son admiration envers lui. "Nicolas Dupont-Aignan est un socratique, honorable et de bonne foi, qui a repris une ville en grandes difficultés, Yerres, et qui l'a redressée. Un homme qui aime la France, à l'inverse d'Emmanuel Macron. Car pour la première fois dans l'histoire, le président n'aime pas la France", affirmait Charles Gave.

Une famille accusée de racisme et machisme

Sa fille Emmanuelle Gave est également membre de Debout la France et devait figurer en 4e position sur la liste des élections européennes du parti 2019. Mais au mois de février 2019, elle est écartée du parti après la diffusion par l'émission Quotidien de messages à connotation raciste à l'encontre des Noirs, des musulmans ou encore de la Shoah sur les réseaux sociaux.

Alors que l'entrepreneur d'extrême-droite devait contribuer à hauteur de 2 millions d'euros à la campagne du parti aux européennes, selon L'Opinion, il se retire suite à cette affaire. Cette même émission rappelait par ailleurs que Charles Gave, qui est également actionnaire du Biarritz Olympique, s'est quant à lui illustré par son machisme en revendiquant notamment "le droit de mettre la main aux fesses [aux femmes]".

En 2003, il publie son premier livre Des lions menés par des ânes, dans lequel il décrit l'inévitable catastrophe qui s'annoncerait pour la zone euro, en dénonçant l'Euro et ses fonctionnements monétaires. Une crise qui serait inévitable lorsque les Espagnols auront construit trop de maisons, les Allemands trop d'usines et les Français trop de fonctionnaires, explique-t-il, rappelle L'Opinion.

Pro-Trump, pro-Brexit et soutien à Génération identitaire

En 2016, cet eurosceptique applaudit le Brexit et l'élection de Donald Trump, et il dénonce plus récemment la procédure de dissolution du mouvement d'extrême droite Génération identitaire engagée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin en début d'année 2021. Pour rappel, ce mouvement politique dissous en mars dernier avait connu des condamnations (ainsi que ses membres) pour "injure publique" ou encore "incitation à la haine raciale".

Avec des idées ultralibérales, conservatrices et identitaires, c'est presque logiquement qu'il a apporté son soutien à Éric Zemmour au printemps dernier. Ne reste plus qu'à attendre la déclaration de candidature du polémiste.

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