Présidentielle 2022 : ce que proposent les candidats sur les salaires

Photo d'illustration (Photo DENIS CHARLET / AFP)

Le pouvoir d'achat prend une place importante dans les programmes des principaux candidats à l'élection présidentielle. Ils sont nombreux à vouloir agir sur les plus bas salaires.

C'est le sujet le plus plébiscité par les Français. Un sondage Odoxa-BackBone Consulting pour Le Figaro, publié le 17 février, révèle que le pouvoir d'achat est considéré par 54% des Français comme le domaine qui comptera le plus au moment du vote, en hausse de 21 points par rapport à 2017. La santé arrive en deuxième position (26%), devant l'immigration (23%), la sécurité et la lutte contre le terrorisme (22%) et l'environnement (20%).

Un sujet dont se sont emparés les candidats via notamment des prises de position sur les salaires. Si tous proposent une hausse des plus bas revenus, la méthode de financement diverge. Le point sur ce que proposent les principaux candidats sur la question des salaires.

Nathalie Arthaud

La candidate de Lutte ouvrière, qui se présente pour la troisième fois et a déjà récolté le nombre de parrainages suffisants, souhaite un Smic à 2 000 euros net par mois, qui sera également le montant minimum des retraites.

Globalement, elle estime qu'il faut une augmentation générale des salaires, en les rehaussant de "300, de 400, de 500 euros", expliquait-elle en janvier dernier sur France Info. Elle souhaite aussi indexer les salaires sur les prix pour faire face à l'inflation, écrit-elle dans son programme.

François Asselineau

Le candidat de l’UPR veut "augmenter le Smic brut de 24% en plus de l’inflation", écrit-il dans son programme. Une hausse qui "entrainera mécaniquement une augmentation de l’ensemble des salaires du secteur privé". En parallèle, l’échelle de rémunération des fonctionnaires de terrain sera revue pour s’aligner sur cette "augmentation générale du pouvoir d’achat". François Asselineau souhaite également inciter davantage à la participation pour les salariés.

Nicolas Dupont-Aignan

Candidat pour la troisième fois lui aussi, Nicolas Dupont-Aignan souhaite, à l'instar de Nathalie Arthaud, augmenter l'ensemble des salaires, de 8%, pour ceux touchant jusqu'à trois fois le Smic. Une augmentation financée via une baisse des charges salariales.

Pour les fonctionnaires et les pensions de retraite, les rémunérations seraient indexées sur l'inflation. À noter que les professeurs sont l'objet d'une mesure spécifique : 20% d’augmentation automatique, et 20% supplémentaires en contrepartie d’heures de soutiens scolaires, écrit-il dans son programme.

Anne Hidalgo

La candidate socialiste, qui a largement récolté les parrainages nécessaires, propose d'augmenter le SMIC de 15%, soit 200 euros de plus par mois. Il passerait ainsi à 1 446 euros net, détaille-t-elle dans son programme. Les professeurs ont eux aussi une place à part dans le programme de la maire de Paris : elle veut "aller vers leur doublement" de leur rémunération pendant son quinquennat et souhaite amener la rémunération d'entrée des jeunes professeurs des écoles à 2 300 euros.

Une mesure cible les jeunes : la création d'un "minimum jeunesse" ouvert aux plus de 18 ans sous conditions de ressource. La candidate souhaite aussi revaloriser les petites retraites en portant le minimum vieillesse à 1 000 euros. Autre proposition, limiter les écarts de salaires de 1 à 20 au sein d'une même entreprise.

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Yannick Jadot

Le candidat écologiste veut que le Smic atteigne 1 500 euros net en 2027, avec, en parallèle, une revalorisation du point d'indice pour les fonctionnaires. Dans le programme de Yannick Jadot, deux corps de métier ont une place à part. Les personnels soignants, dont il veut revaloriser de 10% les salaires, et les enseignants, qu'il veut augmenter de 20% sur son quinquennat.

Pour l'ensemble des salaires tous métiers confondus, Yannick Jadot prône pour des conférences nationales par branche pour renégocier les grilles salariales. Le candidat EELV veut aussi s'attaquer aux écarts de rémunération au sein des entreprises. Pour les réduire, il souhaite rendre non déductibles d'impôt sur les sociétés les revenus supérieurs à 20 fois le Smic, écrit-il dans son programme.

Anasse Kazib

Le cheminot candidat, soutenu par Révolution Permanente, veut instaurer un salaire minimum à 1 800 euros nets mensuels, ainsi une qu'une "augmentation généralisée des salaires de 300 euros net". Enfin il souhaite que les pensions ou les retraites soient au moins au niveau du Smic, soit 1800 euros. Il ambitionne également d'indexer les salaires et les pensions sur le taux d'inflation, écrit-il dans son programme.

Jean Lassalle

Le député Jean Lassalle, qui a d'ores et déjà récolté le nombre suffisant de parrainages, veut revaloriser le Smic à 1 400 euros nets, soit une augmentation de 8%. Comme d'autres candidats, certaines professions ont une place à part. Il souhaite ainsi revaloriser le salaire des enseignants de 900 euros net, en le passant de 1 500 à 2 400 euros net pour un enseignant en début de carrière, et veut également revaloriser les salaires des aides à domicile et des aidants, sans davantage de précisions.

Jean-Luc Mélenchon

Le candidat de la France Insoumise veut augmenter le Smic à 1400 euros nets par mois, soit une hausse de 131 euros. Les retraites seront portées "au minimum" au niveau du Smic, et indexées sur les salaires. Concernant les autres salaires, Jean-Luc Mélenchon souhaite imposer des négociations par branche. Le député de Marseille veut dégeler le point d’indice pour les fonctionnaires qui n’a pas évolué, à l’exception de coups de pouce ponctuels, depuis 2010.

Dans le programme de Jean-Luc Mélenchon aussi les enseignants ont une place à part : il veut augmenter de 15% leur salaire à son arrivée, puis à nouveau de 15% durant le quinquennat, ainsi que rattraper le gel du point d’indice depuis 2010 et revaloriser les grilles salariales en engageant une négociation avec les organisations syndicales.

Concernant les jeunes, le candidat propose une allocation mensuelle d’autonomie de 1 063 euros pour tous les jeunes détachés du foyer fiscal parental. À l'instar d'Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon veut limiter les écarts de salaire au sein d'une même entreprise, de 1 à 20 au maximum.

Valérie Pécresse

La candidate des Républicains propose d’augmenter de 10% en cinq ans les salaires nets du privé allant jusqu’à 2,2 Smic. Une mesure en plusieurs temps qui commencera à l'été si Valérie Pécresse est élue, avec une baisse de 2,4 points des cotisations vieillesse des salariés, ce qui devrait entraîner une hausse des salaires nets de 3%.

Une mesure qui bénéficiera ainsi à tous les salariés, dans une mesure moindre pour les plus aisés dont les cotisations sont plafonnées. Ensuite, "en 2023, ce sera 5% de hausse. Je demanderai aux entreprises en échange d’une politique de baisse de leurs charges, notamment des impôts de production, de prendre aussi part à cette hausse des salaires. Nous aurons une conférence des salaires", a détaillé la candidate des Républicains lors d'une conférence de presse. Concernant les jeunes, elle veut proposer une rémunération de 670 euros par mois aux jeunes qui acceptent de se former dans des métiers en tension.

Parmi ses autres mesures, la défiscalisations des heures supplémentaires et la possibilité de se faire payer ses jours des RTT. Concernant les retraites, elle veut garantir en 2030, pour tous ceux qui ont travaillé toute leur vie, une pension de retraite d’au moins un Smic net par mois

Marine Le Pen

La candidate du RN ne souhaite pas augmenter directement les salaires mais inciter les entreprises à le faire. Pour cela, elle propose que pour toute hausse de salaire de 10% accordée à l'ensemble des salariés gagnant jusqu'à trois fois le Smic, les entreprises soient exonérées de cotisations patronales sur cette augmentation, et ce pour les cinq années suivant 2022, c'est-à-dire durant son quinquennat.

Elle cible particulièrement les soignants, dont elle prévoit une enveloppe de 2 milliards d'euros sur cinq ans pour revaloriser les salaires, et annonce également une revalorisation "conséquente" des salaires des enseignants, "particulièrement en début de carrière".

Philippe Poutou

Candidat pour la troisième fois à l'élection présidentielle, Philippe Poutou souhaite relever le Smic à 1 800 euros nets par mois. Concernant les autres revenus, il propose une augmentation de 400 euros. Le candidat du NPA propose d'indexer les salaires sur les prix, dans le privé comme dans le public.

Pour les jeunes, le candidat du NPA propose un revenu d'autonomie pour tous les 16-25 ans à 1 800 euros nets comme il est prévu dans son programme.

Fabien Roussel

Le candidat communiste souhaite porter le Smic et les pensions de retraite à 1 500 euros net, et veut imposer le Smic comme salaire minimum dans toutes les branches professionnelles.

Comme dans le programme de nombreux autres candidats, les enseignants ont une place à part. Fabien Roussel veut augmenter de 30% leur salaire et dégeler le point d’indice, deux mesures qu'il souhaite appliquer à tous les fonctionnaires. Fabien Roussel souhaite également revaloriser les salaries dans les EHPAD, sans toutefois apporter davantage de précisions.

Christiane Taubira

Pour le "premier acte" de son quinquennat, la candidate issue de la primaire populaire veut porter le Smic à 1 400 euros nets, et réunir "immédiatement" une conférence sur les bas salaires. Une attention particulière est prévue pour les personnels soignants, qu'elle assure "d'une rémunération à la hauteur de (leur) engagement".

À l'instar de Philippe Poutou, son programme cible également les jeunes, pour qui elle veut instaurer un revenu mensuel de 800 euros.

Pour inciter à augmenter les salaires, la candidate de gauche prévient qu'elle punira les entreprises qui refuseront de négocier et d’augmenter les rémunérations : finies les subventions publiques et les exonérations de cotisations sociales.

Éric Zemmour

Opposé à une hausse du Smic, il propose plutôt une baisse des impôts sociaux pour entraîner la hausse tous les salaires. Cela reviendrait à une hausse de "105€ par mois" pour les salariés rémunérés au Smic, affirme-t-il.

II propose également une défiscalisation des heures supplémentaires et de la prime de participation, jusqu'à trois mois de salaire net, et veut rendre la participation obligatoire dans les entreprises d'au moins 11 salariés.

VIDÉO - Présidentielle: les candidats surenchérissent sur les promesses d'augmentation du Smic