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Présidentielle 2022 : portrait de Philippe Poutou, le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste

Après 2012 et 2017, Philippe Poutou va tenter de briguer la présidence de la République pour la troisième élection consécutive.

Déjà candidat aux élections présidentielles de 2012 et 2017, Philippe Poutou a de nouveau été investi par le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) pour être candidat en 2022. Portrait de cet homme d'extrême gauche réputé pour son franc-parler.

C'est un visage bien connu du paysage politique français. Pour la troisième élection présidentielle consécutive, Philippe Poutou est le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste. Il a été désigné par 152 délégués du parti qui se sont réunis le week-end dernier pour choisir le représentant à la prochaine présidentielle. Une situation qui était loin d'être gagnée dans un parti affaibli par une crise interne qui l'a amputé de près de 300 militants opposés à la direction que le NPA prend depuis plusieurs mois.

Malgré cette scission - ou ces exclusions -, le parti n'en reste pas moins divisé. Preuve en est avec les cinq plateformes qui étaient en concurrence, dont certaines plaidaient pour une candidature d'Olivier Besancenot et étaient totalement contre celle de Philippe Poutou, ou d'autres pour une absence de candidat en 2022. N'en déplaise aux adhérents du parti, l'ancien ouvrier de Ford sera bel et bien le candidat qui tentera de briguer l'Élysée pour la troisième fois consécutive.

En 2017, il annonçait ne pas vouloir se présenter en 2022

Pourtant, en 2017, quelques jours avant le premier tour de l'élection présidentielle, Philippe Poutou avait annoncé qu'il ne serait pas dans la course à l'Élysée en 2022 : "Je serai à la retraite", avait justifié l'homme tombé dans le militantisme dès l'adolescence. Lors des élections de 2012 et 2017, il avait obtenu respectivement 1,15% et 1,09% des voix, des scores largement plus faibles que ceux qu'avait obtenu son prédécesseur Olivier Besancenot en 2002 et 2007, avec 4,25% et 4,08% des suffrages.

Malgré ces scores, ce fils de postier et de femme au foyer, candidat anticapitaliste et révolutionnaire, s'était fait remarquer pour sa façon d'être, sa spontanéité et son langage peu commun pour un candidat à l'élection présidentielle. En 2012, il s'était fait remarquer grâce à son clip de campagne parodié du célèbre jeu télévisé Question pour un champion, lors duquel deux joueurs parviennent à peine à trouver le nom de ce "candidat ouvrier dans l'automobile".

Le "show" Poutou lors du grand débat de 2017

Lors de cette même campagne, il s'est fait remarquer pour ses interventions dans "Des paroles et des actes", l'ancienne émission politique phare de France 2, où il raconte toute la difficulté et la corvée d'être le représentant du NPA avec des phrases telles que "je ne suis pas peinard" ou encore "je ne veux pas faire une carrière politique. Ça surprend, surtout par rapport aux autres... Besancenot n'a pas voulu continuer, il m'a dit 'ben tiens, fais-le, tu vas te faire chier toi aussi, à ton tour..."

Lors de l'élection présidentielle de 2017, c'est pendant le débat télévisé avant le premier tour qu'il fait sensation après avoir égratigné les autres candidats en évoquant des "politiciens corrompus". Le candidat du NPA lance à François Fillon, en pleine tourmente dans l'affaire des emplois fictifs : "Fillon... Voilà, il est en face de moi. Que des histoires ! Et plus on fouille, plus on sent la corruption, plus on sent la triche. En plus, c’est des bonshommes qui nous expliquent qu’il faut de la rigueur, de l’austérité et eux-mêmes, ils piquent dans les caisses publiques."

Macron et les "tocards de la politique"

Marine Le Pen en prend également pour son grade : "Le Pen pareil, on pique dans les caisses publiques, alors là, c’est pas ici, c’est l’Europe. Pour quelqu’un qui est anti-européen, ça gêne pas de piquer l’argent de l’Europe. Et le pire, c’est qu’en plus le FN, qui se dit anti-système, ne s’emmerde pas du tout, se protège grâce aux lois du système grâce à l’immunité parlementaire."

Un grand débat lors duquel l'homme qui a décidé de boycotter la "photo de famille" a provoqué les rires et les applaudissements du public, pourtant tenu de ne pas réagir. Si ce show ne lui a pas permis d'obtenir les résultats escomptés lors de cette élection, cela lui avait permis de faire le buzz et de le rendre populaire auprès d'une partie des internautes. Pour le second tour, il refuse de participer au "front républicain" contre Marine Le Pen estimant qu'Emmanuel Macron est également un "visage terrible du capitalisme" qui a récupéré "tous les tocards de la politique".

Un SMIC à 1800 euros

Licencié suite à un plan social en 2019 de l'usine Ford de Blanquefort où il était délégué CGT et réparateur de machines-outils, Philippe Poutou est actuellement au chômage "comme beaucoup dans notre camp social", indique le site du NPA. Tête de liste NPA-LFI aux élections municipales à Bordeaux en 2020, il est élu conseiller municipal à l'issue du second tour. C'est d'ailleurs cette alliance avec le parti de Jean-Luc Mélenchon qui lui a valu de nombreuses critiques et a créé des tensions au sein du parti. En revanche, le NPA écarte toute alliance avec LFI pour la présidentielle de 2022, même s'il tient à rappeler que "Jean-Luc Mélenchon et LFI" ne seront pas "ses adversaires".

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En 2022, Philippe Poutou fera campagne pour un SMIC à 1800 euros nets, la nationalisation des banques, la gratuité des transports ou encore la liberté d'installation et de circulation pour les migrants. S'il semble difficile, voire impossible, de voir Philippe Poutou devenir le prochain président de la République, nul doute qu'il saura à nouveau se faire remarquer par ses interventions dont il a le secret.

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