Présidence de l’Assemblée : Yaël Braun-Pivet, Charles de Courson, Cyrielle Chatelain… Qui sont les candidats officiels ou déclarés ?

L'élection du président de l'Assemblée nationale aura lieu jeudi. Selon des proches du président, sa couleur politique pourrait définir celle du Premier ministre.

Le député Charles de Courson, député depuis 1993, est l'un des candidats officiellement déclaré pour la présidence de l'Assemblée nationale (Photo by Ludovic MARIN / AFP)
Le député Charles de Courson, député depuis 1993, est l'un des candidats officiellement déclaré pour la présidence de l'Assemblée nationale (Photo by Ludovic MARIN / AFP)

L'enjeu est crucial. Qui pour présider l'Assemblée nationale, succéder à Yaël-Braun Pivet et devenir le quatrième personnage de l'État, et avoir ainsi le pouvoir de nomination au Conseil constitutionnel ou à l'Arcom et diriger les débats lors des séances publiques.

Selon Le Parisien, "si le Nouveau Front Populaire monte au Perchoir, cela voudra dire que la majorité dans l’hémicycle est chez eux. Le président les appellera pour former un gouvernement (...) si au contraire (...) ils ne parviennent pas à imposer leur candidat et que c’est une figure du bloc central qui est élue, alors il en tirera les mêmes conclusions", glisse un des stratège du chef de l'État au quotidien. En gros, la couleur politique du président de l'Assemblée déterminera celle du Premier ministre, selon ce conseiller. Tour d'horizon des candidats, officiellement déclarés ou dont les noms circulent.

  • Yaël Braun-Pivet (Renaissance)

Présidente sortante de l'Assemblée nationale, depuis 2022 et candidate déclarée pour Ensemble, elle sera finalement la seule candidate de la majorité présidentielle sortante. Yaël Braun-Pivet a fait toute sa carrière politique dans la lignée d'Emmanuel Macron, en adhérent à l'automne 2016 à En Marche, à peine créé. Élue députée des Yvelines en 2017, puis réélue depuis, elle est tour-à-tour présidente de la Commission des lois, durant près de cinq ans, puis éphémère ministre des Outre-mer.

Ses prises de position, notamment vis-à-vis du Rassemblement national, font polémique. En 2022, à peine réélue députée et alors que le parti présidentiel n'obtient qu'une majorité relative, elle se dit prête à travailler "avec tous ceux qui veulent avancer avec nous", y compris le Rassemblement national : "C'est cela la beauté de la démocratie. Au Parlement lorsque l'on vote des textes, nous ne sommes pas nécessairement tenus par nos groupes" de majorité absolue.

Elle est notamment pointée du doigt pour le recours important à des sanctions notamment vis à vis des députés de gauche. Sous son seul mandat de présidente de l'Assemblée nationale, elle dépasse le cumul total des sanctions décrétées par l'ensemble de ses prédécesseurs. La sanction visant Sébastien Delogu, député ayant déployé un drapeau palestinien dans l'hémicycle, est la plus forte pouvant être donnée. Elle est jugée disproportionnée par le groupe LFI, par le PS mais aussi par Naïma Moutchou, vice-présidente Horizons de l’Assemblée.

Avant la politique, Yaël Braun-Pivet, mariée avec un cadre supérieur chez L'Oréal, est avocate durant sept ans, avec qu'elle ne s'expatrie durant neuf ans avec son mari et leurs enfants en Asie puis au Portugal. À son retour dans l'Hexagone en 2012, elle crée une start-up spécialisée dans les courts séjours en chambre d'hôtes puis devient bénévole pour les Restos du Coeur, où elle dirige un centre.

Ces derniers jours, Le Figaro écrivait que l'ancienne présidente de l'Assemblée nationale aurait noué une "entente tacite" avec le RN pour obtenir sa réélection au perchoir. Son entourage dénonce "une tentative nauséabonde d'une nouvelle polémique".

  • Sébastien Chenu (RN)

Vice-président RN de l’Assemblée nationale, Sébastien Chenu sera le candidat du Rassemblement national au Perchoir. Après avoir été directeur de cabinet de plusieurs maires du Val-d'Oise, il est notamment secrétaire général de l’UMP, directeur de cabinet de Christine Lagarde, avant de rejoindre le RN en 2014, dont il devient un des principaux rouages. Il est élu conseiller régional en 2016 puis député en 2017? Il dirige aussi la campagne des municipales 2020 à Denain.

Il conduit ensuite la liste RN dans les Hauts-de-France aux élections régionales de 2021. Une campagne marquée par les révélations de Libération, qui révèle que Sébastien Chenu et le Rassemblement national ont fait payer jusqu'à 20 000 € à des colistiers afin de leur garantir une place éligible de conseiller régional.

Candidat du RN pour le poste de président de l’Assemblée nationale en 2022, il retire sa candidature après le vote du premier tour au profit de la candidate de la majorité présidentielle Yaël Braun-Pivet. Grâce à son abstention et celle des 88 autres députés RN, elle est élue dès le second tour. Le lendemain, il est élu vice-président de l'Assemblée nationale dès le premier tour avec 290 voix, issues pour la plupart des rangs de la majorité présidentielle.

Il est épinglé en 2023 par Challenges, qui révèle que sa mère, âgée de 75 ans, est assistante parlementaire du député Philippe Ballard. Il est également l'un des cofondateurs de l'association de défense des droits LGBT GayLib avec notamment son partenaire de Pacs, Emmanuel Taché également député RN depuis 2022, et réélu en 2024.

  • Charles de Courson (Ex-Liot)

Député centriste de la Marne élu sans discontinuité depuis 1993, Charles de Courson était membre du groupe LIOT lors de la précédente mandature. Un groupe dont les rangs pourraient grossir, 14 de ses membres ont été réélus et entre trois et six nouveaux membres pourrait être accueillis selon l'AFP.

"Dans cette période inédite et chaotique, il est fondamental que le président de l’Assemblée nationale soit le garant de son bon fonctionnement, de la dignité et de la profondeur des débats et qu’il ne soit pas au service de coalitions partisanes, parfois contradictoires et animées par le seul objectif de se distribuer les postes entre eux", affirme le député âgé de 72 ans dans un communiqué.

Sa personnalité, qui ne suscite aucun rejet et qui est respectée de tous les bords politiques, pourrait être celle qui fait le consensus entre les différents blocs politiques. En mars 2023, en pleine réforme des retraites, il a été à l'origine d'une motion de censure transpartisane, qui avait échoué à renverser le gouvernement à neuf voix près. Des dizaines de motions de censure déposées, c'est celle qui a recueilli le plus de voix.

Durant sa carrière politique, il soutient tour-à-tour François Bayrou à la présidentielle de 2007, puis Hervé Morin à la présidentielle suivante, jusqu'à son désistement en faveur de Nicolas Sarkozy. Il soutient ensuite Alain Juppé à la primaire des Républicains en 2016 puis rejoint l'équipe de campagne de François Fillon après la victoire de celui-ci à la primaire. Il était membre de l'équipe de campagne de Valérie Pécresse lors de la dernière présidentielle.

Il se distingue en recevant le prix de l'éthique de l'association Anticor en 2012 pour son action contre les abus des députés sur l'utilisation de l'indemnité représentative de frais de mandat. Auparavant, en 2008, il est l'un des principaux artisans des recours administratifs contre l'arbitrage de l'affaire Tapie, auquel il était pourtant initialement favorable. Un profil qui lui vaut de présider la commission d’enquête parlementaire sur l'affaire Cahuzac.

Proche de Christine Boutin et fervent catholique comme le rappelle Marianne, issu d'une famille aristocratique, il s'est dit durant sa carrière politique favorable à la peine de mort, opposé au mariage pour tous. En 2019, Charles de Courson, fils et petit-fils de résistants s'oppose de manière virulente à la loi anti-casseur, qu'il qualifie de texte digne du "régime de Vichy".

  • Annie Genevard (LR)

Candidate malheureuse en 2022, Annie Genevard pourrait être de nouveau candidate pour La Droite Républicaine (ex-LR). Députée du Doubs depuis 2012, elle était l'une des figures les plus en vues lors de la scission de parti menée par Éric Ciotti, étant notamment choisi comme présidente par interim.

Avant cela, elle était l'une des membres les plus en vues en interne, tour à tour secrétaire générale de 2017 à 2019, vice-présidente déléguée de 2021 à 2023 et de nouveau secrétaire générale à partir de 2023, mais aussi vice-présidente de l'Assemblée nationale de 2017 à 2022.

En interne, elle soutient François Fillon à la primaire de 2016 puis à l'élection présidentielle qui suit. Alors que certains LR avec qui elle travaillait suivent Emmanuel Macron, comme Gérald Darmanin avec qui elle était secrétaire générale adjointe du parti, Annie Genevard s'oppose à ce que LR soit membre d'une "opposition constructive". "Il faut que nous puissions faire valoir notre projet pour la France. Il n'est certainement pas celui de Macron. Un candidat que nous avons combattu pendant toute la campagne et que nous allons continuer à combattre pendant les législatives", explique-t-elle alors sur France Bleu.

  • Naïma Moutchou (Horizons)

Le nom de cette proche d'Édouard Philippe, seule de la majorité à sauver son siège de députée dans le Val-d'Oise grâce au désistement du soutien du candidat de l’alliance LR-RN, circulait depuis plusieurs jours.

Peu connue du grand public, Naïma Moutchou était l'une des vice-présidentes de l'Assemblée nationale depuis 2022. Issue d'une famille de six enfants, dont les parents sont arrivés du Maroc en 1961, Naïma Moutchou devient avocate d’affaire pendant dix ans, défendant notamment Arnaud Montebourg ou Raquel Garrido.

"J'ai beaucoup de choses à dire : je suis issue d'un milieu populaire, je suis fille d'immigrés, je suis une femme, j'ai été avocate pendant dix ans, j'ai aussi du sens politique", expliquait-elle à France Info en apprenant son investiture pour les législatives de 2017 après avoir fait campagne pour Emmanuel Macron. Finalement le groupe Ensemble a annoncé à l’AFP, mardi 16 juillet, que Yaël Braun-Pivet sera la seule candidate issue des rangs des macronistes à briguer le poste de présidente de l’Assemblée nationale.

À gauche, le flou demeure sur la stratégie : un candidat unique pour le Nouveau Front Populaire, dont la couleur dépendra du nom du candidat pour Matignon ? Ou des candidats séparés ? Pour l'heure, plusieurs candidats ont annoncé leur envie de briguer le perchoir.

  • Cyrielle Chatelain (Écologistes)

Réélue députée écologiste dans l’Isère, elle devrait être réélue présidente du groupe qui accueillera écologistes mais aussi les députés LFI "purgés", soit 38 députés en tout. À tout juste 37 ans, elle est issue d’une famille engagée en politique. Ses parents soutiennent Greenpeace et le mouvement antinucléaire, son père étant même candidat, battu, aux législatives de 2007.

Un an auparavant, Cyrielle Chatelain prend sa carte aux Verts, à 18 ans, puis devient secrétaire fédérale des jeunes écologistes. Au niveau politique, elle est assistante parlementaire d’un député écologiste puis travaille à la métropole de Grenoble, où elle est en charge du dossier du logement avant de rejoindre le cabinet du président de la Métropole de Lyon comme conseillère technique.

De ses études, elle obtient une double licence en philosophie et en sciences politiques, auquel elle ajoute un master d’entreprenariat en économie sociale et solidaire. En 2021, elle soutient Éric Piolle lors de la primaire des Verts pour la présidentielle,

À l’Assemblée, elle dépose la première motion de censure de la Nupes en 2022, et surtout une motion de rejet préalable au projet de loi immigration, qui est adoptée par l’Assemblée nationale. Face à ce camouflet, Gérald Darmanin présente sa démission, qui sera rejetée par le chef de l'État.

  • Sandrine Rousseau (Écologistes)

Son nom était évoqué, jusqu'à sa mise au point sur LCI, la veille du vote. "Il va y avoir une candidature unique pour le Nouveau Front populaire", et elle ne sera pas candidate, a affirmé, sur LCI, la députée EELV Sandrine Rousseau.

  • Boris Vallaud (PS)

L'ancien président du groupe socialiste à l'Assemblée, réélu député depuis 2017, pourrait être le candidat de la gauche pour le perchoir. À 48 ans, le mari de Najat Vallaud Belkacem, ancienne ministre de l'Éducation, baigne dans la politique depuis des années.

Il est diplômé de l'ENA et fait partie de la promotion Léopold Sédar Senghor dont est notamment issu Emmanuel Macron. À sa sortie, plutôt que d'intégrer un ministère, il préfère les préfectures et devient directeur de cabinet du préfet du Gard puis secrétaire général de la préfecture des Landes. Il rejoint ensuite le département de Saône-et-Loire comme directeur général des services où il rencontre Arnaud Montebourg, président du département, et Benjamin Griveaux, vice-président du conseil général.

L'élection de François Hollande en 2012 le propulse en politique. Il suit Arnaud Montebourg dont il devient directeur de cabinet notamment au ministère de l'Économie, mais refuse à plusieurs reprises de rester à son poste avec le successeur de Montebourg : Emmanuel Macron.

Comme député, il s'oppose notamment aux réformes de la fonction publique et de l'assurance chômage, ainsi qu'à la ratification du CETA et aux mesures sur l'immigration, et déclenche la procédure de RIP concernant l'a privatisation d'ADP.

Au sujet de Jean-Luc Mélenchon, il déclare en 2023 que le leader insoumis "interfère, empêche" le travail de la Nupes et revient sur les propos de certains cadres insoumis sur les attaques du Hamas qui divergent de la position des socialistes.

  • André Chassaigne (PCF)

Autre nom qui circule à gauche selon l'Humanité, celui d'un historique de l'Assemblée nationale : André Chassaigne. À 74 ans, le député communiste du Puy-de-Dôme est élu depuis 2002. Bien identifié par ses pairs, et dont les prises de parole dans l'Assemblée sont scrutées de près, ce fils d'un ouvrier de Michelin commence pourtant sa carrière bien loin de la politique, même s'il adhère au PC à 16 ans.

Il est professeur de lettres puis principal de collège, dans le Puy-de-Dôme, avant de devenir maire, conseiller régional puis député.

Entre 2012 et 2017, il est le député le plus actif selon le classement établi par le magazine Capital, pour son assiduité et son implication dans le travail parlementaire. Fréquent opposant aux différents gouvernements dans l'Hémicycle, il vote notamment contre la réforme des retraites du gouvernement Ayrault, dénonçant "un projet anti-social, indigne d'un gouvernement de gauche".

Il est notamment actif sur les questions agricoles, avec une proposition de loi devant garantir aux agriculteurs une retraite équivalente à au moins 85 % du salaire minimum. Adoptée par l'Assemblée nationale en février 2017, elle est bloquée en mai 2018, après l'élection d'Emmanuel Macron. En cause selon Chassaigne : un financement grâce à l’augmentation de la taxe sur les transactions financières de 0,1 %. Un projet finalement déposé de nouveau puis adopté en 2020.