Première élection en Côte d'Ivoire depuis la guerre civile

Le président ivoirien Alassane Ouattara, ici dans un bureau de vote d'Abidjan, est le grand favori de l'élection présidentielle organisée dimanche, la première depuis la guerre civile qui a fait plus de 3.000 morts. /Photo prise le 25 octobre 2015/REUTERS/Luc Gnago

par Ange Aboa et Loucoumane Coulibaly ABIDJAN (Reuters) - Le président ivoirien Alassane Ouattara est le grand favori de l'élection présidentielle organisée dimanche, la première depuis la guerre civile qui a fait plus de 3.000 morts. Plus de 6 millions d'Ivoiriens sont appelés à se rendre dans les bureaux de vote qui ont ouvert à 7h00 GMT. Alassane Ouatara, crédité du spectaculaire redémarrage de l'économie ivoirienne, fait face à une opposition morcellée qui devrait faciliter son maintien à la magistrature suprême en dépit des appels au boycott qui pourraient dissuader certains électeurs de se rendre aux urnes. Le dernier scrutin présidentiel en Côte d'Ivoire a eu lieu en 2010, avec un retard de cinq années et dans un contexte de division du pays, le Nord étant alors aux mains de groupes rebelles tandis que le Sud restait tenu par le gouvernement. L'élection avait tourné à la guerre ouverte entre les partisans du président sortant, Laurent Gbagbo, qui refusait de reconnaître sa défaite, et ceux de son principal adversaire, Alassane Ouattara, finalement intronisé. L'élection de dimanche doit permettre de conforter les investisseurs qui ont afflué en nombre chez le premier producteur mondial de cacao, attirés par une croissance qui a avoisiné 9% au cours des trois dernières années et qui contraste avec le sort d'autres Etats africains confrontés à l'effondrement des cours des matières premières. BOYCOTT Dans une école primaire de la ville de Man, dans l'Ouest, des centaines d'électeurs patientaient devant un bureau de vote, le temps que leur identité soit vérifiée au moyen de technologies biométriques, utilisées pour la première fois dans le pays, a dit un témoin à Reuters. Dans d'autres endroits, cependant, des retards dans l'acheminement du matériel électoral ont repoussé l'ouverture des opérations de vote. Si l'immense majorité des observateurs s'attendent à ce que le scrutin se déroule sans violence, l'armée, la police et la gendarmerie ont été déployées à travers le pays pour garantir la sécurité des électeurs. Principale ombre au tableau de cette élection, l'appel au boycott lancé par le Front populaire ivoirien de l'ancien président Laurent Gbagbo. Trois autres candidats se sont joints à cette appel, dont l'ancien Premier ministre Charles Konan Banny qui accuse le pouvoir de favoriser les irrégularités pour permettre l'élection d'Alassane Ouatara. Tandis que les dirigeants de plusieurs pays d'Afrique ont fait modifier la Constitution de manière à pouvoir rester plus longtemps en fonctions, Alassane Ouattara s'engage à respecter la limite de deux quinquennats et à se retirer en 2020 s'il est réélu dimanche. A la fin du second mandat, dit-il, il aura 78 ans et estime qu'il n'y aura pas de véritable raison pour continuer au pouvoir. (Nicolas Delame pour le service français)