Le Premier ministre roumain menace de boycotter la cérémonie de clôture des Jeux de Paris

À Bucarest, les journaux s’enflamment, la classe politique prend position et le monde sportif affiche son unité à l’occasion de ce que le quotidien bucarestois Adevarul présente déjà comme une “mobilisation nationale à la recherche du bronze perdu”, après “un vol inqualifiable dans la finale de gymnastique au sol”.

Le 5 août, Sabrina Voinea et Ana-Maria Barbosu ont vu s’échapper la médaille à un moins d’un dixième de point (13,766 pour l’Américaine Jordan Chiles, médaille de bronze, contre 13,700 pour les deux concurrentes roumaines).

Les juges ont reproché à la première d’avoir “mis un pied en dehors du tapis lors des exercices au sol”, une “faute invisible”, affirme Adevarul. Pour la seconde, l’affaire a été encore plus tragique, car Barbosu a pensé durant quelques secondes avoir atteint le podium, jusqu’à ce que les juges valident la réclamation déposée par l’équipe américaine et rehaussent la note de Jordan Chiles de 0,1 point. Ana-Maria Barbosu et Sabrina Voinea se sont alors retrouvées à la 4^e et à la 5^e place du concours.

“Le Comité olympique roumain et la Fédération roumaine de gymnastique ont déposé deux plaintes, l’une après l’autre, auprès du Tribunal d’arbitrage sportif (TAS), qui dispose un bureau ad hoc à Paris”, annonce le webzine golazo.ro le 8 août. “Le ‘vol’ de Paris a été possible, malheureusement, parce que la Roumanie n’est plus depuis longtemps une force en gymnastique féminine”, explique encore Adevarul.

L’affaire aurait pu être occultée par les autres médailles de la délégation roumaine (au nombre de huit dont trois d’or le 9 août), si celle qui restera à jamais la meilleure gymnaste du monde, celle du 10 parfait aux Jeux de Montréal en 1976, Nadia Comaneci en personne, n’avait pas publié sur X un message pour dénoncer l’erreur des juges concernant Sabrina Voinea. “Je ne vois pas le talon sortir du tapis.. et vous ?” Son post a été vu près de 12 millions de fois.

Fortes de ce soutien, les gymnastes roumaines ont menacé de se retirer de la scène sportive internationale, et leurs entraîneurs ont exprimé leur dégoût. Les politiques brandissent, eux, l’étendard du boycott. “En signe de contestation face à cette immense injustice, je refuse d’assister la cérémonie de clôture des Jeux”, a par exemple lancé le Premier ministre roumain, Marcel Ciolacu, cité par Adevarul.

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