Premier ministre : qui est Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen dont le nom circule pour entrer à Matignon ?

Emmanuel Macron doit nommer son Premier ministre "dans le prolongement des consultations et de leurs conclusions" qui débutent vendredi. Une hypothèse balayée par l'intéressé.

Karim Bouamrane, maire socialiste de Saint-Ouen dont le nom circule pour devenir Premier ministre (Photo by Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Karim Bouamrane, maire socialiste de Saint-Ouen dont le nom circule pour devenir Premier ministre (Photo by Ludovic MARIN / POOL / AFP)

Xavier Bertrand, Bernard Cazeneuve, Lucie Castets... et maintenant Karim Bouamrane. Plus le temps passe, plus la liste des prétendus favoris pour entrer à Matignon s'allonge, près de deux mois après la victoire, relative, du Nouveau Front Populaire aux élections législatives.

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Dernier arrivé sur cette liste, Karim Bouamrane, maire socialiste de Saint-Ouen à la ligne politique éloignée de celle de La France Insoumise et qui s'est affiché aux côtés d'Emmanuel Macron à l'inauguration du prolongement de la ligne 14 fin juin et à celle du village olympique.

"Comment voulez-vous arriver à un compromis quand la base d’un accord n’existe pas et que certains affirment dès le soir des résultats 'le programme, rien que le programme' ? Ils ont considéré qu’ils avaient gagné (...) Si je devais leur poser une question, je demanderais : vous servez-vous de vos électrices et électeurs pour défaire la République et finalement pour vous servir ?", fustige-t-il dans le Figaro Magazine en ciblant, sans les nommer, La France Insoumise.

"Je m’interroge vraiment sur la sincérité de leur combat. Ils sont souvent des enfants d’aristocrates ou de bourgeois qui veulent tuer le père et se chargent de distribuer les bons ou les mauvais points de gauche. Je suis surtout très inquiet de voir comment leur capacité à communautariser le pays au travers du prisme ethnico-religieux fragilise le ciment républicain", poursuit-il dans l'hebdomadaire en ciblant, encore, LFI.

À 51 ans, ce fils de maçon marocain qui a grandi dans la ville qu'il dirige aujourd'hui s'engage rapidement en politique. Il entre tout d'abord au Parti communiste, où il reste pendant 20 ans, avant de rejoindre le PS en 2014, où il gravit les échelons : porte-parole puis secrétaire national chargé de l'innovation économique. Logique au vu de sa carrière professionnelle : chef d’entreprise spécialisé dans la cybersécurité.

Côté municipal, Karim Bouamrane fait chanter La Marseillaise aux enfants de sa ville, se targue d’avoir obtenu des résultats sur le front de la sécurité et plaide pour le "progrès partagé", rappelle Le Monde mais décide aussi de l’augmentation des effectifs de la police municipale, fait voter des mesures fortes contre les rodéos sauvages et pour limiter la circulation des mineurs dans l’espace public après 22 heures. Il porte aussi un discours de fermeté en matière de lutte contre la délinquance et les trafics de drogue, prolonge Le Figaro.

Karim Bouamrane prend la lumière depuis quelques semaines, à la faveur des Jeux olympiques. À travers les multiples inaugurations, mais aussi à la faveur du jumelage de Saint-Ouen avec Los Angeles, future ville hôte des Jeux Olympiques, qui a été l'occasion pour Karim Bouamrane de se voir consacrer un portrait par le prestigieux New York Times.

Dans la foulée, la presse étrangère s'intéresse à lui, Die Welt le surnommant par exemple "le Obama de la Seine", puis les projecteurs nationaux se braquent sur l'élu socialiste, avec en point d'orgue un portrait du Figaro.

Un portrait qui lui vaut des éloges multiples : "Il se passe toujours quelque chose en Seine-Saint-Denis, territoire de talents, et Karim Bouamrane en est un", salue l’ex-président socialiste de l’Assemblée national Claude Bartolone. "C'est avec la légitimité et la responsabilité d'un maire d'une grande ville populaire, Saint-Ouen, que s'exprime mon ami Karim Bouamrane. Respect", enchaîne le sénateur socialiste Patrick Kanner quand Julien Dray voit même en lui "l'avenir de la gauche".

"Après le résultat de ces élections législatives, chacun fait semblant de ne pas comprendre. Mais la réalité, c’est que personne n’a gagné. Le camp des vainqueurs, c’est celui des républicains. Celui de la gauche et de la droite alliées contre le RN. La seule règle qui doit s’imposer à nous aujourd’hui, c’est celle d’une coalition", explique Karim Bouamrane au Figaro Magazine.

Interrogé par Le Parisien, l'insoumis Éric Coquerel, qui côtoie Karim Bouamrane comme député de la circonscription où se trouve Saint-Ouen, se dit étonné de l'entendre "reprendre le discours de Macron en expliquant que personne n'aurait gagné les élections".

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En ayant reçu le soutien public de membres de l'aile du PS hostiles à LFI, de Patrick Kanner à Valérie Rabault, en passant par de très bonnes relations avec Clément Beaune, ancien ministre macroniste, tous favorables à une large coalition allant du PS à LR pour composer le futur gouvernement, Karim Bouamrane coche à coup sûr des cases importantes du profil-type du futur Premier ministre.

À moins qu'il ne s'agisse d'une fausse piste ? Après le nom de Bernard Cazeneuve, un nom de plus qui circule et qui divise socialistes et insoumis et montre les divisions au sein du Nouveau Front Populaire. Face à la multiplication des rumeurs autour de son nom, Karim Bouamrane s'est confié à La Voix Du Nord.

Il assure n'avoir aucune ambition personnelle, précisant que l'Élysée ne lui a rien proposé. Karim Bouamrane rappelle que "quand on est de gauche", on se doit "de défendre la nomination de notre candidate à Matignon, Lucie Castets". La rumeur d'une entrée à l'Élysée semble avoir pris du plomb dans l'aile.