Premier ministre NFP : La France insoumise sceptique sur l’option d’un vote pour désigner un candidat pour Matignon
POLITIQUE - Une proposition fraîchement accueillie. Alors que les composantes du Nouveau Front populaire (NFP) sont incapables de faire pour Matignon ce qu’elles ont réussi pour la présidence de l’Assemblée nationale en s’entendant sur un nom, l’idée de s’en remettre aux députés du bloc de gauche fait son chemin. Sauf que La France insoumise ne semble pas franchement disposée à trancher la question du Premier ministre par un vote.
Interrogée sur le sujet ce jeudi 18 juillet, la députée LFI Clémence Guetté (dont le nom a circulé pour former un gouvernement) a jugé cette hypothèse – soutenue par les communistes, les écologistes et les socialistes – « démagogique », assurant que la méthode du « consensus » était plus adaptée pour résoudre l’équation politique. Même son de cloche chez la présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot.
Explication alambiquée
« Pourquoi est-ce que, pour l’instant, nous restons sur un format qui essaye au maximum de construire du consensus ? Parce que si nous commençons à faire un vote des députés – ou de je ne sais qui – à ce moment-là, il faudra le faire pour le Premier ministre, puis sur le ministre de l’Intérieur, le ministre des Affaires étrangères… Nous essayons de travailler sérieusement », a justifié Mathilde Panot. Une explication alambiquée qui masque mal des réalités qui peuvent, objectivement, rebuter les insoumis sur le principe d’un vote.
La première est numérique. Alors que les troupes mélenchonistes campent sur leur position intransigeante, visant à appliquer à la lettre le programme commun sans chercher à trouver des compromis avec les autres forces à l’Assemblée, l’organisation d’un vote impliquant tous les députés aplatirait le rapport de force aujourd’hui favorable à LFI. Dit autrement : le risque serait d’être mis en minorité, dans un contexte où les trois autres partis de la coalition sont plus ouverts à des accords (sans renier le cœur du programme) avec les autres formations de l’Assemblée nationale pour éviter une motion de censure à la première occasion.
Culture militante
Alors que les discussions pour Matignon se déroulent sur fond de bataille pour le leadership à gauche entre socialistes et insoumis, il apparaît alors cohérent que LFI refuse de liquider sa position avantageuse via un vote qui bouleverserait les équilibres. Arrive alors l’autre réalité qui explique le scepticisme des insoumis : leur culture militante. Au sein du mouvement de Jean-Luc Mélenchon, il n’existe pas de délibérations internes. « Il n’y aura pas de votes à La France insoumise. Ni maintenant, ni demain, ni jamais », assumait auprès de Marianne le fondateur de LFI en 2022.
Cité par le même hebdomadaire, le coordinateur national du parti, Manuel Bompard, utilisait des termes qui sont particulièrement éloquents aujourd’hui. Il disait préférer le « consensus » au vote, car cela permet d’éviter « l’affrontement entre une majorité et des minorités ». Soit précisément ce qui pourrait se produire en cas de délibération sur Matignon par les députés du NFP. Cette méfiance vis-à-vis des votes internes, contestée de longue date par Clémentine Autain, Alexis Corbière ou encore François Ruffin (tous en rupture de ban avec LFI), est à la source du divorce entre Jean-Luc Mélenchon et un PS qu’il a quitté en 2008 en fulminant contre les combines d’arrière-cuisines, énergivores et propices aux trahisons.
Ce qui se retrouve, logiquement, dans les principes de La France insoumise qui ont été adoptés en 2017. « Les compétitions internes, les conflits de personnes et les affrontements de courants n’y ont pas leur place », détaille le document, qui précise plus loin : « Les prises de décisions au consensus sont privilégiées afin d’éviter les écueils liés aux clivages et aux mises en minorité. »
La France insoumise pourrait-elle déroger à ce principe en cas d’impasse pour Matignon qui menacerait l’unité du Nouveau Front populaire ? « Pour l’instant, l’idée c’est le consensus », répètent inlassablement les insoumis sondés par Le HuffPost. Pour l’instant.
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