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Les Etats-Unis pourraient ralentir leur retrait d'Afghanistan

KABOUL (Reuters) - Les Etats-Unis sont en train de reconsidérer le retrait annoncé de leurs troupes d'Afghanistan d'ici 2016, afin d'assurer que les progrès enregistrés soient durables, a déclaré samedi à Kaboul le nouveau secrétaire américain à la Défense, Ash Carter. Le projet actuel prévoit une diminution de moitié du contingent américain sur le sol afghan cette année, ce qui le ramènerait à 5.000 hommes, avant un retour l'an prochain à une présence militaire "normale" liée aux seules activités diplomatiques. Ce calendrier pourrait évoluer, a dit Ash Carter à la presse samedi lors de son premier déplacement à l'étranger depuis sa prise de fonctions mardi. Ce débat devrait être le mois prochain au coeur des discussions à Washington lors de la visite officielle du président afghan Ashraf Ghani. "Notre priorité, désormais, est d'assurer que ces progrès soient durables", a dit Ash Carter lors d'une conférence de presse commune avec le chef de l'Etat afghan. "C'est pourquoi le président (Barack) Obama étudie un certain nombre de possibilités pour renforcer notre soutien à la stratégie du président Ghani en matière de sécurité, y compris d'éventuelles modifications du calendrier de notre retrait des troupes américaines." Ashraf Ghani a déclaré pour sa part qu'il prévoyait de débattre de la présence militaire américaine avec Barack Obama "dans le contexte d'un partenariat plus large". REDÉFINIR LA STRATÉGIE ANTI-TERRORISTE US La stratégie actuelle de Washington est vivement critiquée par le camp républicain au Congrès, qui estime qu'elle risque d'annuler une partie des gains engrangés face aux taliban et rappelle que le retrait américain d'Irak s'est traduit par une résurgence de la violence sectaire. L'armée et la police afghanes ont subi de lourdes pertes l'an dernier et 2014 a été l'année la plus sanglante dans le pays depuis le début de la guerre contre les taliban en 2001. L'apparition en Afghanistan l'été dernier d'un petit nombre d'activistes se réclamant du groupe Etat islamique (EI) a également illustré les risques liés au désengagement des troupes étrangères. Ash Carter a relativisé samedi la présence de l'EI en Afghanistan tout en reconnaissant que les Etats-Unis devaient redéfinir l'évolution future de leur lutte contre le terrorisme. "Nous discutons et nous réfléchissons aux modalités de la mission anti-terroriste et à l'évolution du contexte ici pour ce qui concerne le terrorisme depuis que nous avons défini pour la première fois notre projet", a-t-il dit. Ni lui, ni Ashraf Ghani n'ont fait le moindre pronostic sur d'éventuels efforts de paix impliquant les taliban après les déclarations récentes de hauts responsables de l'armée et de la diplomatie pakistanaises selon lesquelles les taliban afghans ont fait savoir, via l'armée pakistanaise, qu'ils étaient disposés à parler de paix. Mais Ashraf Ghani a estimé que "les fondations de la paix n'ont jamais été aussi bonnes depuis 36 ans". (Phil Stewart; Patrick Vignal et Marc Angrand pour le service français)