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Premier coup d'arrêt pour Wall Street en 2018

par Sinead Carew

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a connu mercredi un premier petit coup d'arrêt en 2018 après un début d'année en fanfare, face aux craintes de voir la Chine ralentir ses achats de bons du Trésor américain.

Cette éventualité évoquée par Bloomberg a fait grimper, provisoirement, les rendements des Treasuries et baisser le dollar.

Wall Street a aussi souffert d'une information de Reuters selon laquelle le Canada est de plus en plus convaincu que Donald Trump va prochainement annoncer le retrait des Etats-Unis de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena).

L'indice Dow Jones a perdu 16,67 points (-0,07%) à 25.369,13. Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, a lâché 3,06 points, soit un recul de 0,11%, à 2.748,23. Le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, a pour sa part fini en baisse de 10,01 points (-0,14%) à 7.153,57.

Sur la lancée de 2017, le S&P-500 et le Nasdaq avaient jusqu'à ce mercredi terminé toutes les séances de 2018 à des records de clôture, l'optimisme des investisseurs étant alimenté par les baisses d'impôts votées à l'instigation de Donald Trump aux Etats-Unis, par la bonne conjoncture mondiale et par l'anticipation d'une solide croissance des résultats d'entreprises.

Les réticences supposées de la Chine à l'égard des bons du Trésor américain semblent avoir fourni un bon prétexte pour prendre des bénéfices.

"Nous connaissons une séquence formidable, quasiment sans ralentissement depuis l'élection de Trump en 2016 et sans volatilité. Si nous assistons vraiment à un repli, ce sera une opportunité d'achats", dit Michael Scanlon, directeur exécutif de Manulife Asset Management.

Tous les secteurs ont fini dans le rouge ou en progression infime, à l'exception des valeurs financières (+0,85%), portées par la hausse des rendements sur le marché obligataire. JPMorgan Chase, qui doit publier ses résultats trimestriels vendredi, a pris 1,1%, l'une des meilleures performances du Dow.

BERKSHIRE GRIMPE, LA SUCCESSION DE BUFFETT SE PRÉCISE

Les grandes banques doivent donner en cette fin de semaine le véritable coup d'envoi de la saison des résultats trimestriels. Les bénéfices des entreprises cotées au S&P-500 sont attendus en hausse de 11,8%, selon Thomson Reuters I/B/E/S.

"Ce sera la première fois que le monde de l'entreprise aux Etats-Unis aura l'occasion d'évoquer des prévisions qui incluent les baisses d'impôts. Cela va être confus et bruyant mais fascinant", prédit Art Hogan, responsable de la stratégie de marchés chez B. Riley FBR.

Aux valeurs individuelles, le titre Berkshire Hathaway a gagné 1,3% et sa version de classe B a été le principal contributeur à la hausse du S&P-500. Les investisseurs ont été rassurés par la promotion de deux cadres dirigeants, Gregory Abel et Ajit Jain, dont le statut de successeurs probables de Warren Buffett à la tête du groupe a ainsi été conforté.

Egalement à la hausse, le distributeur Sears a pris 5,11% après s'être assuré de nouveaux financements.

Les compagnies aériennes américaines ont brillé, la première d'entre elles, American Airlines (+3,26%), ayant à son tour prédit une hausse de son revenu unitaire au quatrième trimestre. United Continental a gagné 6,72% pour terminer en tête du S&P-500.

Environ 6,93 milliards d'actions ont été échangées au cours de la séance sur les différents marchés américains, contre une moyenne de 6,38 milliards sur les 20 séances précédentes.

Sur le marché des Treasuries, le rendement à dix ans a atteint 2,597%, son plus haut niveau depuis le 15 mars dernier, en réaction aux informations de Bloomberg selon lesquelles des responsables chinois préconisent de réduire les achats d'obligations d'Etat américaines dans le cadre de la gestion des réserves de change.

Cet article a cependant été ensuite éclipsé dans l'esprit des intervenants de marché par la forte demande pour une adjudication de 20 milliards de dollars de Treasuries à 10 ans, dont le rendement est retombé sous 2,56%.

Sur le marché des changes, les informations sur les achats chinois de Treasuries ont fait baisser le dollar, qui a cédé 0,23% face à un panier de devises de référence. L'euro est remonté face au billet vert, à près de 1,1960.

Les cours du pétrole ont terminé en hausse, mais en deçà de leurs pics du jour, à la suite d'un rapport contrasté sur les stocks hebdomadaires aux Etats-Unis. Le baril de Brent est passé au-dessus de 69 dollars et a touché un plus haut depuis mai 2015 à 69,37 dollars.

(avec Sruthi Shankhar à Bangalore; Bertrand Boucey pour le service français)