Première attaque française contre l'Etat islamique en Irak

La France a effectué vendredi matin une première attaque aérienne avec des avions Rafale contre les djihadistes de l'Etat islamique (EI) en Irak, a annoncé François Hollande, qui précise qu'il y aura d'autres opérations dans les prochains jours. /Photo d'archives/REUTERS/ECPAD/Armee de l'Air

PARIS (Reuters) - La France a effectué vendredi une première attaque aérienne contre un dépôt logistique des djihadistes de l'Etat islamique (EI) en Irak, a annoncé François Hollande, qui a précisé que d'autres opérations seraient menées dans les prochains jours. "Ce matin à 09h40, conformément aux ordres que j'avais donnés, des avions Rafale ont pilonné un objectif et l'ont complètement détruit. Cet objectif se situait au nord-est de l'Irak et était essentiellement un dépôt logistique qui servait à monter des opérations", a déclaré le président français. "D'autres actions auront lieu dans les prochains jours avec le même but : affaiblir cette organisation terroriste et venir en appui des autorités irakiennes, c'est-à-dire les soldats irakiens et les peshmergas du Kurdistan irakien", a-t-il ajouté lors d'une brève déclaration à l'Elysée. François Hollande avait annoncé jeudi sa décision de répondre "dans un délai court" à la demande de soutien aérien formulée par les autorités irakiennes. Le président irakien, Fouad Massoum, que François Hollande a rencontré le 12 septembre à Bagdad, a confirmé cette demande par lettre après la conférence internationale sur l'Irak qui s'est tenue lundi dernier à Paris, a-t-on appris dans l'entourage du chef de l'Etat français. "En aucun cas il n'y a de troupes françaises au sol. Il s'agit seulement d'avions", a ajouté ce dernier, qui a exclu jeudi toute opération militaire en Syrie, dont l'Etat islamique contrôle également une large partie du territoire. DANS LA RÉGION DE MOSSOUL La décision de mener cette première opération a été prise lors du conseil de défense qui s'est tenu jeudi matin, a-t-on appris dans l'entourage du chef de l'Etat. Le ministère de la Défense a précisé que le dépôt logistique détruit par quatre frappes de Rafale abritait des véhicules, des armes et du carburant. Il se situait dans la région de Mossoul, qui est aux mains des combattants de l'EI, et avait été repéré par des missions de reconnaissance et de renseignement effectuées cette semaine par l'aviation française. Le raid a été conduit "en coordination avec les autorités irakiennes et les alliés présents dans la région", ajoute le ministère dans un communiqué. Le dispositif était constitué de deux avions de chasse Rafale équipés de bombes air-sol guidées laser GBU 12, d’un avion de ravitaillement C-135 FR de l’armée de l’air et d’un avion de patrouille maritime Atlantique 2 de la Marine nationale, chargé d’assurer le volet renseignement de cette mission et la première évaluation des frappes. Les Etats-Unis ont commencé début août à bombarder des positions de l'Etat islamique dans le nord de l'Irak. Barack Obama a déclaré que les frappes aériennes seraient la principale contribution des Etats-Unis à la lutte contre les djihadistes de l'Etat islamique, avec la coordination de la coalition. DÉBAT AU PARLEMENT Une vingtaine de pays ont annoncér, lors de la conférence de Paris sur l'Irak, leur intention de participer à cette coalition mais la plupart restent vagues sur le rôle spécifique qu'ils entendent jouer. Barack Obama a dit jeudi que plus de 40 Etats, dont des pays arabes, ont désormais accepté d'y participer. Le Parlement sera informé la semaine prochaine par le Premier ministre, Manuel Valls, des conditions de l’engagement des forces françaises en Irak, a dit François Hollande. Manuel Valls recevra les présidents des groupes parlementaires pour préparer ce débat, qui ne sera pas suivi d'un vote. Si la durée de l'intervention excède quatre mois, le gouvernement devra obtenir le feu vert du Parlement. La lutte contre le terrorisme fera l'objet d'une réunion du Conseil de sécurité de l'Onu, au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, mardi à New York. Les députés français ont adopté jeudi le projet de loi sur le renforcement de la lutte contre le terrorisme, dont l'objectif est de conjurer la menace représentée par la présence de nombreux djihadistes européens en Syrie et en Irak et qui risquent de commettre des attentats en France. (Emmanuel Jarry et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)