Précipitations, parapluies uniques, matriarcat… Bienvenue à Mawsynram, la ville la plus pluvieuse au monde
La plus froide, la plus grande, la plus ensoleillée… Tout au long de cet été, Yahoo vous propose de partir à la découverte de villes pas tout à fait comme les autres.
Elle reçoit 16 fois plus de pluie que Paris
Vous avez la pluie en horreur ? Ne mettez jamais un seul orteil à Mawsynram sous peine de devenir dépressif. Cette ville indienne, perchée à 1 491 mètres d'altitude entre l'Himalaya et la plaine du Bangladesh, est officiellement la ville la plus pluvieuse du globe. Un panneau "Mawsynram The Wettest place on earth" ("Mawsynram, l’endroit le plus humide de la terre") est visible par les 50 000 habitants excepté les nombreuses journées où les nuages cachent cette marque. Les précipitions annuelles atteignent des records : 11 873 millimètres selon le Livre Guinness des records, soit tout de même près de 12 mètres de pluie par an ! Concrètement, il pleut tout le temps ou presque, surtout pendant la mousson entre mai et septembre.
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Par comparaison, Grenoble, l’une des villes françaises les plus humides n'enregistre elle "que" 2 000 millimètres de pluie par an. Pour vous donner un autre ordre d’idée, Paris a absorbé 739 millimètres de pluie en 2023, soit 16 fois moins que Mawsynram.
Elle est arrosée en abondance à cause du golfe du Bengale
Comment expliquer ces précipitations abondantes et ce titre peu enviable de ville la plus arrosée du globe ? C’est évidemment en raison d’une situation géographique singulière de Mawsynram. "Située sur les contreforts de l’Himalaya, la ville voit se déverser toute l'eau provenant du Golfe du Bengale et butant sur les montagnes", éclairait en 2019 le site Futura. Dès qu'un front humide se forme dans le golfe du Bengale, il entraîne ainsi un long et intense épisode de pluie à Mawsynram. "La mousson venant du sud-ouest amène des masses d’air chaud et humide vers les montagnes où elles sont bloquées. Il en résulte de grandes quantités de précipitations", ajoute MétéoSuisse.
Elle oblige ses habitants à s’adapter
Des pluies incessantes peuvent miner le moral de ceux qui les subissent jour et nuit. À Mawsynram, les habitants ont fait contre mauvaise fortune bon coeur et développé différentes astuces pour faire face à la pluie. Avez-vous déjà entendu parler des "Kunoop" ? Ces parapluies traditionnels et imposants fabriqués à base de bambou et de feuilles de bananier tiennent tout seul sur la tête et permettent de garder les mains libres et continuer à travailler comme si de rien n’était. "Nous pouvons faire tout ce que l’on veut avec ce parapluie. On peut s’asseoir, travailler, nos mains sont totalement libres", témoigne un habitant dans une vidéo réalisée par Kanishk Gupta, un youtubeur indien aux 753 000 abonnés, qui a exploré la ville en long et en large pour faire découvrir à sa communauté le style de vie unique des gens qui vivent sur place.
La pluie ça mouille mais ça fait aussi beaucoup de bruit. C’est pourquoi les toits des maisons sont couverts d’herbe pour éviter le vacarme incessant et usant de la pluie qui tombe. Au plus fort des averses, lorsque les pluies isolent périodiquement Mawsynram des villes voisines, des "ponts vivants" sont formés par des habitants qui font en sorte que les racines deviennent des ponts naturels.
..."the village of Mawsynram in Meghalaya, India are “living bridges” that are shaped by locals who have trained the roots of rubber trees to grow into natural bridges"...
Photos by Amos Chapple... pic.twitter.com/AvVh9jEMSL— Angel Muñiz (@areasvellas) June 19, 2018
Elle est au coeur d’une société matriarcale
Dans les contrées humides de Mawsynram, situé dans de l’État du Meghalaya, une région au nord-est de l’Inde, vivent les Khasis avec leur langue, leur culture et leurs coutumes. Cette tribu de plus d’un million de personnes (une goutte d’eau à l’échelle de l’Inde) fait figure d’exception car le matriarcat y règne en maître. C’est d’ailleurs la seule dans ce pays et l’une des 500 dernières au monde. Même quand l’homme travaille, c’est à la femme que revient le rôle de gérer les dépenses de la famille. "Ici, les enfants reçoivent le nom de famille de leur mère, les maris s'installent dans la maison de leur femme et les plus jeunes filles héritent des biens ancestraux", attestait BBC News Afrique en 2021. D'après la légende, le village fut attaqué pendant une partie de chasse des hommes. "Les femmes, restées seules, parvinrent à repousser les assaillants. Pour les honorer, les hommes les sacrèrent gardiennes des biens du clan", raconte Le Temps.
Mais ce modèle de société est aujourd’hui en danger avec le mouvement de libération des hommes qui s’amplifie année après année. Leur but ? Abolir ce qu’ils considèrent comme des privilèges.