Présidentielle: pourquoi la Corrèze est une référence pour Valérie Pécresse

Valérié Pécresse lors de sa rentrée politique à Brive-la-Gaillarde (Corrèze), le 28 août 2021. - MEHDI FEDOUACH / AFP
Valérié Pécresse lors de sa rentrée politique à Brive-la-Gaillarde (Corrèze), le 28 août 2021. - MEHDI FEDOUACH / AFP

Valérie Pécresse a beau diriger la région capitale, c'est la Corrèze qui suscite, selon ses dires, toute son affection. "C'est ma terre d'adoption et mon refuge", expliquait cet été la candidate des Républicains à la présidentielle à France Bleu. Si son attachement à ce territoire rural est réel, le calcul politique n'est cependant jamais bien loin.

Alors qu'elle aurait pu choisir Saint-Ouen, le siège de la Région Île-de-France qui a franchi le périphérique sous son impulsion après des décennies dans le très chic septième arrondissement de Paris, l'élue a opté pour Uzerche-en-Corrèze pour le premier numéro de "La France dans les yeux", la nouvelle émission politique de BFMTV.

Flogarde et pêche à la mouche

C'est là que la candidate LR sera interrogée ce mardi soir par Jean-Jacques Bourdin et un panel de Français. À quelques dizaines de kilomètres de là où l'ancienne ministre a ses habitudes depuis plus de 25 ans.

"J’ai découvert la Corrèze en 1994, l’année de mon mariage, quand mon futur mari m’a emmenée pour les vacances de Pâques dans son berceau familial", a-t-elle confié en 2015 à Paris Match, dans le cadre d'une série sur les vacances des personnalités.

Depuis, le couple se rend chaque été sur le plateau des Millevaches, entre Meymac et Combressol. Pendant ces quelques semaines de pause, selon le récit du magazine, la quinquagénaire se consacre à la pêche à la mouche et à la cuisine, en appréciant réaliser l'une des spécialités locales, la flognarde, une sorte de clafoutis. La recette lui aurait été transmise par les sœurs Gratadour, deux pâtissières corréziennes qui possédaient autrefois un restaurant fréquenté par Jacques Chirac.

Mettre ses pas dans ceux de Jacques Chirac

Un beau symbole pour celle qui manque rarement de souligner sa proximité avec l'ancien président de la République, très longtemps député de la Corrèze. Valérie Pécresse a commencé sa carrière politique à ses côtés, en 1998, comme chargée de mission à l'Élysée.

"J’ai des attaches familiales en Corrèze, mais aussi des attaches politiques, car c’est Jacques Chirac qui m’a mis le pied à l’étrier", insistait-elle auprès de France 3 en août, au moment d'organiser sa rentrée politique dans le département. "C’est symbolique de parler de la présidentielle ici, au cœur de la France, au cœur des villages et des magnifiques paysages de la Corrèze."

L'attachement de la candidate au département est également empreint d'un certain sens politique. Le territoire a en effet le mérite d'être une terre de présidents de la République.

"C’est l’un des plus beaux ­départements, un lieu stratégique pour découvrir la France, et ce n’est pas de la flagornerie pour (François Hollande) ou son prédécesseur Jacques Chirac", assurait-elle d'ailleurs en 2015 à Paris Match.

La Corrèze a aussi été vu naître Henri Queuille, président à trois reprises du Conseil sous la quatrième République - un présage de bonne augure pour celle qui espère devenir remporter la présidentielle en avril prochain.

Donner une autre image

Ce département rural a également le mérite de donner de la chair au parcours politique de Valérie Pécresse, parfois jugée trop élitiste. L'énarque est d'abord élue député des Yvelines en 2002, l'un des départements les plus riches de France. Elle devient ensuite ministre de la Recherche puis du Budget, autant de maroquins qui peuvent sembler très "technocratiques". Présidente de la Région Île-de-France depuis 2015, la Corrèze lui donc permet de montrer un autre visage.

Depuis 2017 et le lancement de son mouvement Libres!, Valérie Pécresse organise d'ailleurs chaque année sa rentrée politique à Brive-la-Gaillarde. Un barnum monté en pleine nature, un buffet champêtre, une tenue en général plus détendue que son habituel tailleur... Les images sont belles et permettent à la patronne d'exécutif régional de montrer un autre visage, plus accessible.

"Son amour de la Corrèze est une pure stratégie de communication politique", juge sévèrement pour BFMTV.com Christophe Jerretie, député Modem et ancien maire de Naves, une commune à quelques kilomètres de Tulle, l'ancienne mairie gérée par François Hollande.

"C'est ce que pensent tous les habitants ici", poursuit-il. "Elle ne s'est jamais mêlée des affaires locales, je ne l'ai jamais vu au marché. Elle est née à Neuilly, vit à Versailles... On est loin de l'histoire qu'elle raconte."

Daniel Chasseing, sénateur de la Corrèze (Les indépendants) jette, lui, un regard plus nuancé. "Ce n'est pas une rurale du tout. C'est difficile de dire le contraire. Mais son attachement pour la Corrèze est véritable. C'est quelque chose d'important dans son histoire", juge celui qui a été maire d'une commune à quelques encablures de la résidence d'été de l'élue.

"Ma Corrèze de cœur"

Un repère dans sa vie qui n'empêche pas Valérie Pécresse de se prendre parfois les pieds dans le tapis quand elle en parle. En décembre dernier, pour son tout premier meeting de campagne, elle raconte avoir "traversé le silence d’Oradour-sur-Glane, village martyr de ma Corrèze de cœur". Problème : cette commune, dont la population a été massacrée en juin 1944, se situe en... Haute-Vienne.

Une question de "prononcé de discours", a balayé la candidate auprès de La Montagne, réfutant une erreur de sa part: "C'est une partie du discours où j'étais particulièrement émue. J'ai peut-etre prononcé cette phrase trop rapidement." Et d'expliquer qu'il fallait en réalité comprendre: "J'ai traversé le silence d'Oradour-sur-Glane, village martyr, (le silence) de ma Corrèze de cœur."

Elle a également opportunément fait rappeler aux journalistes par l'intermédiaire de ses lieutenants qu'elle avait envisagé un temps de se présenter aux législatives en Corrèze en 2002. Une façon comme une autre de clôre une polémique embarassante.

Article original publié sur BFMTV.com