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Présidentielle: un mois après sa déclaration de candidature, Anne Hidalgo à la peine

La maire de Paris Anne Hidalgo annonce sa candidature à la présidentielle le 12 septembre 2021 à Rouen - Thomas SAMSON
 © 2019 AFP
La maire de Paris Anne Hidalgo annonce sa candidature à la présidentielle le 12 septembre 2021 à Rouen - Thomas SAMSON © 2019 AFP

En queue de comète dans les sondages, Anne Hidalgo doit être officiellement désignée ce jeudi candidate du Parti socialiste (PS) pour la présidentielle. La maire de Paris doit être adoubée par un vote des militants socialistes, qui l'oppose à l'ancien ministre de l'Agriculture de François Hollande, Stéphane Le Foll.

Les résultats du vote, qui aura lieu dans les sections de 17 heures à 22 heures, devraient tomber aux alentours de minuit. Quelque 20.000 votants sont attendus, indique le porte-parole du PS Pierre Jouvet à BFMTV.com, chargé de l'organisation du scrutin.

Un mois après son entrée en campagne à Rouen, le 12 septembre dernier, la candidature d'Anne Hidalgo ne décolle pas. Selon une enquête d'opinion réalisée par l'institut BVA pour RTL, publiée ce jeudi, elle ne serait créditée que de 4% des intentions de vote au premier tour de la présidentielle. Soit moitié moins que les 8 à 8,5% alloués à ses adversaires de gauche, l'écologiste Yannick Jadot et l'insoumis Jean-Luc Mélenchon, au coude-à-coude.

Dans l'entourage de la maire de Paris, on balaie ces critiques d'un revers de main. Dimanche, le maire PS de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, soutien de la candidate, saluait sur BFMTV la "constance" d'Anne Hidalgo, "malgré les critiques".

"Souvenez-vous, tout le monde nous disait 'elle va perdre (aux municipales, NDLR), ça va être la catastrophe.' Elle a gagné haut la main, tout simplement parce qu'elle est constante", faisait valoir le Normand.

Remous au Conseil de Paris

"Personne n'est dupe, vous êtes à 4%, abonnée à 4% et vous n'irez pas plus loin. Devant la faiblesse de votre candidature, le Conseil de Paris devient une tribune de votre campagne électorale désespérée et désespérante", a cinglé mercredi la maire LR du VIIe arrondissement Rachida Dati, lors du Conseil de Paris.

Des critiques dont la teneur se retrouve aussi dans la bouche des écologistes, qui marchent sur des oeufs en tant que composante de la majorité parisienne mais aussi d'adversaires à la présidentielle. Comme le rapporte Le Monde, les Verts parisiens n'auraient pas apprécié mercredi un changement d'ordre du jour du Conseil de Paris, regroupant les sujets liés à l'environnement dans un seul débat au lieu de les décloisonner. Les alliés municipaux d'Anne Hidalgo y ont décelé une décision prise "à des fins médiatiques et électoralistes", rapporte le quotidien du soir.

Trouver un espace politique

"Il lui manque sans doute de désigner et de mieux cibler pour mieux les combattre ses adversaires, que ce soit ses adversaires de droite, de gauche ou Emmanuel Macron", estimait ce jeudi l'éditorialiste politique de BFMTV Matthieu Croissandeau.

De fait, si Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon ne se disputent pas le même électorat, la tâche est plus ardue avec Yannick Jadot, au positionnement politique plus proche du sien.

Depuis sa déclaration de candidature, Anne Hidalgo s'est encore peu fait entendre. La candidate avait embrayé en proposant de doubler le salaire des enseignants, avant de se faire plus discrète. La semaine dernière, dans un entretien à Libération, elle a fait à nouveau entendre sa voix en proposant de baisser les taxes sur le carburant, pour "raccrocher les catégories populaires" à la transition écologique, dans un contexte tendu autour des prix de l'énergie.

Le PS fustige des sondages dénués d'intérêt

Au Parti socialiste, on n'affiche publiquement pas d'inquiétude quant à la position d'Anne Hidalgo dans les enquêtes d'opinion.

"A six mois d'une élection présidentielle, on est assommés par trois, quatre, cinq sondages par semaine et même plus, qui en fait ne sondent pas réellement les intentions des Français mais un état d'esprit, une notoriété, celui qui parle le plus fort", assure Pierre Jouvet à BFMTV.com.

"Je pense que ces sondages n'ont absolument aucun intérêt à six mois de l'élection présidentielle, poursuit le socialiste. Les Français, là, ils se demandent comment ils vont finir le mois."

Mise en branle de l'appareil socialiste

Officiellement intronisée ce jeudi - sauf surprise de taille au profit de Stéphane Le Foll - Anne Hidalgo pourra à partir de là formellement compter sur les ressources de la structure socialiste, notamment sur le plan financier. Un palier important est sur le point d'être franchi, assure Pierre Jouvet.

"Tout va se mettre en place à partir de ce soir", veut croire l'élu drômois qui évoque une "mobilisation de l'ensemble des militants et élus dans le pays avec distribution de tracts et collages d'affiches" à partir de ce week-end, avant un meeting à Lille le week-end d'après, samedi 23 octobre, sur les terres de Martine Aubry. "Là, le parti va enfin pouvoir rentrer dans sa pleine mobilisation pour aller à la rencontre des Français", défend le socialiste.

En 2010, rappelle Matthieu Croissandeau, François Hollande était cruellement désigné par le sobriquet de "Monsieur 3%". Après l'affaire Strauss-Kahn, il avait finalement damé le pion à Martine Aubry en étant élu à la primaire en 2011, avant d'accéder à l'Elysée en 2012.

Tout n'est pas encore joué pour la candidate Hidalgo. La multiplication des candidatures, une des causes de l'émiettement de l'électorat, va aussi mécaniquement abaisser le seuil de qualification au second tour. Et profiter à la gauche? Quitte ou double.

Article original publié sur BFMTV.com