Présidentielle anticipée : l’hypothèse Mélenchon ressuscitée par les Insoumis (et ce n’est pas un hasard)

Jean-Luc Mélenchon sera-t-il candidat à la prochaine élection présidentielle ? Ici lors d’une manifestation de soutien au peuple palestinien, le 8 septembre 2024.
THOMAS SAMSON / AFP Jean-Luc Mélenchon sera-t-il candidat à la prochaine élection présidentielle ? Ici lors d’une manifestation de soutien au peuple palestinien, le 8 septembre 2024.

POLITIQUE - Déjà trois candidatures à l’élection présidentielle dans les jambes, Jean-Luc Mélenchon rapporte à qui veut l’entendre qu’il n’entend pas réitérer l’expérience une quatrième fois. « Je répète : je souhaite être remplacé », disait-il encore en mars, citant les noms de François Ruffin, Mathilde Panot et Manuel Bompard pour reprendre le flambeau. Mais l’instabilité de l’actuelle situation politique conduit le fondateur de La France insoumise à y réfléchir à deux fois.

La procédure de destitution d’Emmanuel Macron lancée par LFI arrive à l’Assemblée, et le plus dur reste à faire

Plusieurs de ses très proches compagnons de route commencent d’ailleurs à installer l’idée d’une nouvelle candidature de l’ancien ministre socialiste. Exemple avec Manuel Bompard. « Dans l’hypothèse d’une destitution ou d’une démission du président de la République, il y aura un candidat pour porter le programme du Nouveau Front populaire, et je considère que si ça devait avoir lieu demain, à cette étape, Jean-Luc Mélenchon est la personne la mieux placée pour le faire », a exprimé le coordinateur de La France insoumise, ce mardi 17 septembre sur franceinfo.

Le feu vert donné par le bureau de l’Assemblée à l’examen de la proposition de destitution du chef de l’État donne du grain à moudre aux huiles insoumises : l’hypothèse d’une présidentielle anticipée, accréditée par Édouard Philippe dans son interview de déclaration de candidature au Point, prend peu à peu de l’épaisseur.

« Je souhaite qu’on ait un candidat unique du NFP, sur un programme de rupture, a insisté le député LFI et président de la commission des Finances Éric Coquerel. Je trouve que Jean-Luc Mélenchon est encore celui qui, aujourd’hui, a le plus de possibilités de l’emporter et qui a la meilleure vision pour notre pays. » Tout en prenant soin de préciser qu’il s’agit d’une opinion exprimée « aujourd’hui, à l’instant ». Comprendre : si les circonstances évoluent d’ici la prochaine échéance présidentielle, le fusil pourra être changé d’épaule.

Des rivaux nommés Ruffin et Castets

Un sondage Ifop publié le 12 septembre a montré que Jean-Luc Mélenchon demeure le candidat le mieux placé à gauche. En cas d’éclatement du NFP, et quel que soit le candidat héritier d’Emmanuel Macron en face (Gabriel Attal, Édouard Philippe), le fondateur de La France insoumise domine son camp. Avec toutefois un score très bas, autour de 10 %. Mais personne ne fait mieux : Marine Tondelier est estimée à 5 %, tout comme Fabien Roussel. Olivier Faure tourne, lui, plutôt autour de 4 %.

L’idée d’un retour de Jean-Luc Mélenchon dans l’arène présidentielle ne séduit toutefois pas tout le monde à gauche. « Il a été candidat deux fois [trois en réalité, NDLR] et n’a jamais atteint le second tour. Quand on voit le procès en sectarisme, en communautarisme, en marginalité au sein de LFI, il est clair que le PS doit redevenir premier à gauche », a expliqué François Hollande sur RTL le 15 septembre.

La petite musique autour de l’ancien député de Marseille monte à un moment très particulier. Non seulement un clash bruyant et spectaculaire l’oppose au député de la Somme François Ruffin, mais surtout une figure fait pour l’instant le pont entre toutes les composantes du Nouveau Front populaire, en la personne de Lucie Castets. La haute-fonctionnaire pourrait-elle faire de l’ombre au vieux sage Mélenchon ?

Ses anciens camarades réunis à l’Après poussent pour cette option. Pour l’instant de manière subtile. « Lucie Castets est le visage et la voix, l’incarnation humaine de l’unité du Nouveau Front populaire, estime Alexis Corbière, en rupture avec LFI. Elle ne doit pas disparaître. » La députée de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain est sur la même ligne. Leur manière à eux d’empêcher une nouvelle candidature de Jean-Luc Mélenchon, qu’ils jugent trop clivant et pas en capacité de réunir sur son nom une majorité de suffrages. Voilà pourquoi ces jours-ci, les proches du tribun passent à l’offensive. Tout est une question de rapport de force.

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