Présidentielle américaine : comment Tim Walz, colistier de Kamala Harris, a réinventé la stratégie des démocrates
ÉTATS-UNIS - Un mot peut parfois inspirer les foules. On ne s’attendait tout simplement pas à celui-ci. Tim Walz, gouverneur du Minnesota, a été choisi le 6 août par la candidate démocrate à la Maison Blanche Kamala Harris. Tous les deux sont d’ailleurs apparus ensemble pour la première fois lors d’un meeting commun à Philadelphie, comme vous pouvez le voir dans les tweets plus bas.
Ce sexagénaire amène avec lui une carrière particulièrement atypique, entre professeur de Géographie, coach de football américain, surveillant de cantine, avant de siéger au Congrès pendant 12 ans.
Ces dernières semaines, il s’est également illustré lors de ses prises de paroles pour tacler le clan Trump et ce, avec un seul mot : « weird », soit en Français quelque chose comme « étrange, bizarre, fou, délirant »
Let’s get to work, @Tim_Walz. pic.twitter.com/cUYNCnun3X
— Kamala Harris (@KamalaHarris) August 7, 2024
« Vous ne pouvez même pas aller à un dîner de Thanksgiving avec un oncle sans vous retrouver dans un débat bizarre et inutile. Ces gars sont juste étranges », a-t-il déclaré sur MSNBC le 23 juillet, déclenchant l’hilarité du journaliste. Plus tard ce jour-là dans une autre émission de la chaîne, il a retenté l’expérience : « Ce sont des gens bizarres de l’autre côté, Ils veulent vous confisquer des livres. Ils veulent être dans votre salle d’examen. » Encore une fois, le terme déclenche les rires de son interlocutrice, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.
Quelques jours plus tard sur CNN, voyant que son terme était en train de devenir viral, il a réitéré : « Je vois Donald Trump parler du merveilleux Hannibal Lecter ou de n’importe quelle autre chose bizarre à laquelle il participe ce soir… C’est un comportement étrange. Je ne pense pas qu’on puisse l’appeler autrement ».
I’m telling you: these guys are weird. pic.twitter.com/fvNRNf7T7T
— Tim Walz (@Tim_Walz) July 24, 2024
Le mot favori des démocrates
« Bizarre »… Ce n’est pourtant pas le mot le plus « dingue » que l’on connaisse pour qualifier un adversaire politique. Surtout quand Donald Trump ne se prive pas de trouver des surnoms imagés et percutants pour attaquer les démocrates. D’ailleurs, son équipe de campagne a qualifié le colistier de Kamala Harris de « dangereux gauchiste extrémiste » après l’annonce de la vice-présidente.
Ce qui n’a visiblement pas empêché le mot « weird » de totalement s’imposer ces dernières semaines dans le langage des démocrates. Au point que Kamala Harris a repris elle-même l’expression lors d’un discours devant des donateurs. « Trump est tout simplement bizarre », a-t-elle déclaré, déclenchant des rires.
MSNBC put together a collection of clips of Democrats calling Trump and Vance weird pic.twitter.com/kLgwpXOCr4
— Acyn (@Acyn) July 28, 2024
Vice President Kamala Harris cast herself as the underdog in the US presidential race and called her opponent Donald Trump 'just plain weird' https://t.co/ONad4xeKF0 pic.twitter.com/lzimJGH4Cv
— Reuters (@Reuters) July 28, 2024
« La vice-présidente Kamala Harris s’est présentée comme l’opprimée de la course à la présidentielle américaine et a qualifié son adversaire Donald Trump de “tout simplement bizarre” »
Face au succès rencontré, « weird » a été repris sur les réseaux sociaux des démocrates, dans leurs communiqués de presse, et même par les prétendants au titre de colistier Josh Shapiro et Pete Buttigieg, rappelle le journaliste Philippe Corbé, ancien correspondant de RTL aux États-Unis qui chronique la campagne sur son compte Médium.
Un peu de légèreté et de la décrédibilisation
Selon le Telegraph, un tel engouement pour l’expression de Tim Walz peut s’expliquer par la capacité de celui-ci à parler des problèmes politiques qui plombent le pays avec un langage courant, facile à retenir.
Un journaliste du New York Times lui a fait remarquer que Joe Biden et le camp démocrate en général ont plutôt tendance à utiliser des termes plus graves comme « danger existentiel » « terrifiant », « antidémocratique ». Ce à quoi le désormais colistier, qui a grandi dans une petite ville du Midwest, a répondu que ces mots pouvaient justement être trop « accablants » pour le public américain. Un peu de légèreté serait donc la bienvenue.
Auprès de Politico, la démocrate Martha McKenna a également souligné qu’« utiliser de nouveaux mots attire l’attention des gens. [C’est] tellement facile de ne pas prêter attention au langage politique ». Politico ajoute que « décrire Trump et Vance comme bizarre sert également de fourre-tout » en englobant toutes les déclarations étranges que peuvent faire le candidat et son colistier, « sans entrer dans les détails ni même les mentionner directement ».
En le qualifiant de « bizarre », cela décrédibilise également l’ancien président en le plaçant en dehors de la norme. Et le plus étonnant dans tout cela, c’est que la critique, aussi modérée soit-elle, fait mouche, puisque le candidat républicain s’en est agacé.
Trump: You know who’s plain weird? She’s plan weird. She’s a weird person. pic.twitter.com/OcqHywOdWI
— Acyn (@Acyn) July 31, 2024
Interrogé à ce sujet lundi 29 juillet sur Fox News, le milliardaire a répondu en attaquant sa rivale : « Vous savez qui est tout simplement bizarre ? Elle est tout simplement bizarre. C’est une personne bizarre ». Bizarre, ils ont dit bizarre ?
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