Présidentielle américaine : Kamala Harris face à un casse-tête stratégique pour choisir son colistier
À trois mois de l’élection présidentielle américaine, Kamala Harris doit très prochainement annoncer son choix de colistier.
Un week-end bien chargé pour Kamala Harris. Celle qui vient de remplacer au pied levé Joe Biden dans la course à la Maison Blanche doit désormais choisir son colistier, qui deviendra vice-président des États-Unis si elle est élue en novembre prochain. La démocrate a donc réservé plusieurs heures dans son agenda pour rencontrer les candidats potentiels ce dimanche 4 août.
En temps normal, cette décision peut prendre des mois, mais en raison de sa nomination tardive, Kamala Harris doit se décider rapidement pour trouver la personne qui l'aidera non seulement à gouverner mais aussi à gagner face à Donald Trump. Le choix est d’autant plus pressant que la candidate prévoit d’embarquer son colistier dans sa tournée des six « swing states », qui doit débuter ce mardi 6 août par la Pennsylvanie selon l’agence de presse AP News.
Kamala Harris est en quête d’un profil irréprochable
Stratégiquement parlant, Kamala Harris pourrait justement se tourner vers un représentant d’un swing state, ces États déterminants pour faire élire un président américain. C’est d’ailleurs pour cela que les noms de Gretchen Whitmer et Roy Cooper, respectivement gouverneurs du Michigan et de Caroline du Nord, avaient été évoqués dans un premier temps. Mais ces deux élus ont annoncé en début de semaine qu’ils n’étaient pas candidats.
Autre qualité recherchée pour le poste : avoir un dossier irréprochable. Sous la direction d’Eric Holder, ancien ministre de la Justice de Barack Obama, l’équipe de Kamala Harris examine les antécédents de chacun. Ils sont à la recherche de toute faute potentielle, qu’elle soit politique, financière, sexuelle, ou liées aux réseaux sociaux, pour éviter un scandale dans la dernière ligne droite de la campagne.
Enfin, comme l’a expliqué au New York Times Laphonza Butler, une ancienne collaboratrice de Kamala Harris, « il s’agira de savoir avec qui Kamala Harris peut avoir une relation, qui peut avoir des conversations difficiles avec elle ». Brian Brokaw, qui a dirigé la campagne de Kamala Harris pour le poste de procureure général de Californie, a également déclaré au journal américain que la candidate démocrate prendrait en considération « les meilleurs traits de caractère, les meilleures expériences de vie et les meilleures expériences professionnelles pour occuper ce poste ».
Plusieurs noms émergent dans les médias américains
Au regard de ces critères, trois profils émergent : le gouverneur de Pennsylvanie Josh Shapiro, le gouverneur du Minnesota Tim Walz et le sénateur Mark Kelly. Au-delà du fait d’être à la tête d’un des swing states les plus importants, Josh Shapiro, en photo ci-dessous, a l’avantage d’être connu des Américains et des démocrates ce qui lui permet de figurer en très bonne place dans les sondages.
De son côté, Tim Walz qui pourrait rassurer l’électorat américain avec son profil de haut gradé de la Garde nationale qui a siégé au Congrès pendant 12 ans. Ces derniers jours, il s’est illustré dans la campagne démocrate en qualifiant Trump et son propre colistier, le sénateur de l’Ohio JD Vance, de trop « bizarres » et extrémistes pour gouverner, comme vous pouvez le voir dans l’extrait vidéo ci-dessous. Une attaque efficace, reprise ensuite par plusieurs figures du parti… Y compris Kamala Harris.
Gov. Walz on trail stumping for Harris. Posting a few of his remarks that stuck out to me.
"These guys are just weird," he said before calling Trump/Vance "a threat to democracy" who will put people in danger. He said Trump is going to have his "ass handed to him" in Minnesota. pic.twitter.com/BcHYSFKFxX— Eva McKend (@evamckend) July 28, 2024
Mark Kelly, connu pour son soutien à des mesures d’immigration plus strictes pourrait quant à lui aider Kamala Harris à convaincre dans les États frontaliers, estime Politico. Ancien astronaute de la NASA et capitaine de la Marine, il milite notamment pour le contrôle des armes à feu depuis que son épouse, l’ancienne élue démocrate Gabby Giffords, a frôlé la mort en 2011 après avoir reçu une balle dans la tête à bout portant lors d’une rencontre avec des administrés.
Enfin, les noms des gouverneurs Andy Beshear (Kentucky) et JB Pritzker (Illinois), et du secrétaire aux Transports Pete Buttigieg, sont également ressortis à plusieurs reprises dans la presse américaine ces derniers jours.
Et en plus s’il est jeune…
Tous ces noms ont un point commun : ce sont des hommes blancs. Un choix stratégique car si de nombreux Américains sont prêts à voter pour une première femme présidente, beaucoup se disent moins enclins à soutenir une candidature composée de deux femmes ou de deux personnes de couleur.
La jeunesse relative des candidats potentiels est un également un atout majeur dans cette campagne très marquée par les inquiétudes sur l’âge et la santé des prétendants. C’est notamment ce qui a conduit Joe Biden, 81 ans, a se désister, mais ces questionnements pèsent aussi sur Donald Trump, 78 ans. Kamala Harris, 59 ans, ainsi que ses potentiels colistiers Kelly et Walz, 60 ans, et Shapiro, 51 ans, sont bien moins affectés par ces préoccupations.
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