Présidentielle américaine: de ses gaffes au statut de favori, la laborieuse campagne de Joe Biden

Décrié, moqué, battu dans plusieurs États lors des primaires démocrates, "Sleepy Joe", comme il est appelé par ses détracteurs, est désormais en bonne position pour renverser Donald Trump.

C'est un rendez-vous déjà capital, dans la course à la Maison-Blanche. Fraîchement investi par les démocrates pour être celui qui affrontera Donald Trump lors de l'élection présidentielle américaine du 3 novembre prochain, Joe Biden tient ce jeudi soir, depuis son fief du Delaware, un discours qui s'apparente à l'un des plus grands rendez-vous de sa déjà très riche carrière politique.

Cette prise de parole, qui marque la clôture de la convention démocrate, devait initialement se dérouler à Milwaukee devant plusieurs milliers de personnes. Il se voit réduit à son plus strict minimum, quelques caméras et des drapeaux, en raison de l'épidémie de coronavirus qui frappe encore violemment les États-Unis.

Un long chemin jusqu'à l'investiture

Ce rendez-vous marque le point final d'un début de campagne électorale qui a été tout sauf facile pour Joe Biden. A peine la primaire entamée, de nombreux doutes portaient sur la candidature de celui qui fêtera ses 78 ans ces prochaines semaines.

Lors des deux premiers votes, en Iowa et au New Hampshire, il avait été très largement battu par ses adversaires d'alors, Amy Klobuchar, Pete Buttigieg, ou encore Bernie Sanders, qui lui a tenu la dragée haute jusqu'au Super Tuesday, jour où plusieurs États votent simultanément. C'est ce soir là que Biden est finalement parvenu à redresser la barre.

En réalité, c'est en s'appuyant sur le vote afro-américain, très important outre-Atlantique, que Joe Biden est finalement devenu le candidat du parti démocrate. Dès le quatrième État à voter, la Caroline du Sud, où la population afro-américaine est importante, il l'avait emporté, relançant sa candidature. Une victoire éminemment symbolique, qui a totalement relancé l'ancien bras-droit de Barack Obama.

Des gaffes à répétition

Pour faire face au tempérament incendiaire de Donald Trump, les démocrates souhaitaient une figure forte, charismatique. Et c'est le problème de la candidature de Joe Biden tant la figure de ce dernier est considérée, aux Etats-Unis, comme peu charismatique. Ses adversaires, Donald Trump en tête, n'hésitent d'ailleurs pas à lui affubler le surnom de Sleepy Joe (Joe l'Endormi, en version française).

Outre ce manque de prestence, Joe Biden a également la réputation d'un gaffeur patenté.

"Je suis une machine à gaffes, mais quelle chose merveilleuse par rapport à un gars qui ne peut pas dire la vérité!", avait-il lancé en 2018, dans un tacle appuyé à Donald Trump.

Un atout? Pas si sûr. Ces fameuses gaffes ont en effet mis en danger la candidature de Joe Biden. En mai dernier, par exemple, le septuagénaire avait tenu des propos qui avaient choqué une partie de l'opinion publique:

"Je vais vous dire, si vous avez un problème pour décider si vous êtes pour moi ou pour Trump, alors vous n'êtes pas Noir", avait-il alors lancé. Une sortie peu appréciée de ses adversaires, et des centaines de milliers d'Afro-Américains partisans du parti républicain.

Récemment encore, Joe Biden a de nouveau été pointé du doigt pour des propos polémiques. "Ce que vous savez tous mais que la plupart des gens ne savent pas, c'est que contrairement à la communauté afro-américaine, avec des exceptions notables, la communauté hispanique est une communauté incroyablement diverse, avec des attitudes incroyablement différentes sur différentes choses" , a-t-il dit.

Une aubaine pour Donald Trump qui, comme à son habitude sur les réseaux sociaux, a profité de la polémique pour attaquer son adversaire.

"Joe l'endormi vient juste de perdre le Vote Noir. Cette déclaration est un désastre dont on ne peut pas se relever!", a-t-il attaqué.

Un candidat bien épaulé

Alors pour épauler Biden dans sa course à la Maison-Blanche, plusieurs personnalités politiques ont pris la parole. Cette semaine, c'est l'ancien président Barack Obama qui a volé à son secours, critiquant de manière violente Donald Trump.

"J'ai espéré, pour le bien de notre pays, que Donald Trump puisse montrer l'envie de prendre son rôle au sérieux, qu'il puisse ressentir le poids de la fonction. [...] Mais il ne l'a jamais fait. Il n'a traité la présidence que comme une émission de téléréalité qu'il peut utiliser pour attirer l'attention dont il a tant besoin", a tancé l'ancien locataire de la Maison-Blanche.

Une autre figure proche de Joe Biden commence a prendre de plus en plus de place dans la campagne américaine, celle de sa compagne Jill Biden, qui pourrait bien être un atout ces prochaines semaines. A 69 ans, elle a livré une image plus intime de son mari, dont la vie a été frappée plusieurs fois par la tragédie.

"Comment réunir une famille brisée? De la même façon que vous unifiez une nation", a-t-elle raconté dans un témoignage vibrant, en insistant sur l'image de rassembleur que le démocrate cherche à se donner.

L'inconnue Covid-19

A un peu plus de 70 jours de l'élection, pour laquelle Biden possède une forte avance sur Trump selon les derniers sondages, la campagne électorale est logiquement troublée par la crise sanitaire actuelle.

Si les Démocrates ont d'ores-et-déjà annoncé que tous leurs meetings seraient annulés et réalisés de manière virtuelle, comme c'est le cas actuellement pour la convention du parti, Donald Trump a quant à lui maintenu ses rassemblements, vivement critiqués aux États-Unis. Pour autant, le coronavirus pourrait bel et bien être l'un des facteurs importants du vote américain. Dans le détail des sondages nationaux, de plus en plus d'Américains se disent insatisfaits par l'action du gouvernement de l'actuel président américain.

Article original publié sur BFMTV.com

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