Présidentielle américaine: Donald Trump a-t-il perdu le vote latino, crucial pour l'élection?
Une sortie qui a bien du mal à passer. Dimanche 27 octobre en ouverture d'un meeting de Donald Trump au Madison Square Garden de New York, l'humoriste Tony Hinchcliffe a prononcé une blague raciste qui a fait polémique.
Ce dernier a comparé Porto Rico, dont beaucoup de natifs résident à New York, à "une île flottante d'ordures au milieu de l'océan", entraînant des rires dans la salle, mais dans le même temps une certaine gêne, selon le reporter de BFMTV présent sur place.
Une attaque xénophobe qui embarasse à une semaine du scrutin, et alors que le vote de la communauté latino risque d'avoir un poids important dans les urnes. Cet électorat "peut être celui qui fait pencher la balance", fait valoir à l'AFP Rodrigo Dominguez-Villegas, directeur du Latino Data Hub de l'Université de Californie à Los Angeles.
"C'est tellement fou"
Au lendemain du meeting de Donald Trump et de cette sortie raciste, de nombreux électeurs républicains latinos ont fait part de leur indignation, et affirment ne plus vouloir voter pour celui qui a déjà occupé le poste de président entre 2016 et 2020.
"C'est tellement fou que ces types prononcent de tels propos. Ils nous considèrent comme des moins que rien", explique à BFMTV, Hector Torres, éducateur et habitant portoricain d'Allentown, ville située en Pennsylvanie, État où le vote latino pèse 600.000 voix, dont 300.000 électeurs originaires de Porte-Rico.
"Si tu es Portoricain et latino et que tu votes Trump, tu votes contre tes propres intérêts", prévient-il.
"C'est très insultant pour les Portoricains citoyens de ce pays", se désole auprès de l'AFP Elisa Covarrubias, elle-même originaire de cette île des Caraïbes qui est un territoire des États-Unis.
"C'est horrible d'être insultés comme ça dans un meeting de quelqu'un qui veut être président", poursuit-elle, parlant d'une "grande erreur politique" contre une communauté qui "regarde et écoute".
À l'inverse, d'autres, plus rares, se réjouissent que le sujet ait été abordé lors du meeting. "Mais c'est vrai, Porto-Rico a un sérieux problème", lance à BFMTV Luisa Melendy, également habitante portoricaine d'Allentown, fervente supportrice de Donald Trump. "Je remercie l’humoriste d’en avoir parlé. Il a offert de la visibilité même si beaucoup de gens pensent que c’est négatif", pointe celle qui qualifie Kamala Harris de "menteuse."
L'électorat latino se sent mis de côté
De manière générale, l'électorat latino revêt un rôle important et pèse lourd dans des États clés comme la Géorgie, l'Arizona ou le Nevada. Pourtant, au-delà de quelques discours et apparitions dans des médias hispanophones, les candidats ont fourni peu d'efforts pour séduire cet électorat, constate Rodrigo Dominguez-Villegas.
"Il y a peu de profils, peu de stratèges politiques d'origine latino et un manque d'investissement", insiste l'expert, qui déplore aussi la tendance des deux partis à concevoir ces communautés diverses comme un seul bloc monolithique.
Pour combler cette carence, les militants de l'ONG Galeo Impact Fund invitent souvent les électeurs latinos autour de tacos pour parler de politique, à l'instar de Jeanette Bowden. D'origine portoricaine elle aussi, cette native de New York soutient déjà Kamala Harris, qu'elle juge plus à même de réduire les tensions et les inégalités dans le pays.
Comme elle, environ 56% des Latinos soutiennent Kamala Harris contre 37% pour Donald Trump, selon un récent sondage du New York Times, qui souligne toutefois que cette marge a diminué par rapport aux précédents scrutins présidentiels.
Ces dernières semaines, les militants de Galeo Impact Fund se mobilisent pour inciter les communautés hispaniques à voter pour Kamala Harris partout où l'équipe de campagne de la candidate démocrate n'est pas allée en Géorgie (sud-est), un des Etats qui seront décisifs le 5 novembre.
Dans un scrutin qui s'annonce comme le plus serré de l'histoire moderne des Etats-Unis, plus de 36 millions de Latinos pourront voter, sur un total d'environ 244 millions d'électeurs.