Présidentielle américaine 2024 : entre Donald Trump et Kamala Harris, l’élection se joue aussi en musique

ÉTATS-UNIS - Elle adoucit les mœurs, et les électeurs. Kamala Harris et Donald Trump l’ont bien compris : l’élection présidentielle américaine du 5 novembre prochain se joue aussi en musique. Les chansons choisies pour les rassemblements politiques et les clips de campagnes participent grandement à l’image que veulent donner les candidats.

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Si Freedom de Beyoncé est, par exemple, devenu l’hymne officiel du camp Harris-Walz, ce n’est pas juste pour son rythme entraînant. Même son de cloche pour le très patriotique God Bless The USA de Lee Greenwood, qui ponctue l’arrivée de Donald Trump à chaque meeting depuis quelques mois.

L’utilisation de chansons populaires dans une campagne électorale ne date certainement pas d’hier, mais elle a aujourd’hui plus d’importance que jamais selon Mark Clague, professeur de musicologie à l’Université du Michigan et auteur de O Say Can You Hear ?: A Cultural Biography of the Star-Spangled Banner.

Kamala Harris vs Donald Trump

Pour le HuffPost, le musicologue a analysé les choix de playlists des deux candidats à la Maison Blanche, comme le montre notre vidéo en tête d’article. Freedom de Beyoncé est par exemple « une chanson très personnelle en tant que femme noire, indépendante et forte, qui se fraye son propre chemin. Cette image est facilement transposable à la campagne de Kamala Harris ».

Côté Républicains, Donald Trump utilise toute une playlist de morceaux des années 60 à 80. Pour Mark Clague, « cela fait partie de sa tentative de revenir à une époque de l’histoire des États-Unis où les choses étaient plus simples, soi-disant, et où le pays était plus fort ». L’ancien président joue la carte du « Make America Great Again » jusque dans sa musique.

Les playlists des deux candidats sont également très genrées, aussi bien dans le choix des artistes que dans celui des chansons. Donald Trump n’utilise quasiment que des morceaux de chanteurs ou de groupes de rock masculins, qui mettent l’accent sur « la masculinité traditionnelle, le pouvoir et la volonté de se battre ». Kamala Harris a, elle, tendance à passer davantage de musiques faites par des femmes, pour se présenter comme icône féministe et potentielle première présidente des États-Unis.

Partitions politiques

Mais les candidats peuvent-ils utiliser la musique comme bon leur semble ? Pour un spot de campagne, ils doivent obtenir l’autorisation de l’artiste. Mais pour les rassemblements politiques, les organisateurs ont techniquement le droit de passer ce qu’ils veulent. Si Beyoncé ou encore Taylor Swift ont donné leur accord à Kamala Harris, symbole de leur soutien, une quarantaine d’artistes ont demandé à Donald Trump d’arrêter d’utiliser leurs chansons lors de ses meetings, depuis l’élection de 2016.

Pour Marc Clague, même si les démocrates ont un avantage musical, les républicains profitent à leur manière de la controverse. « C’est une nouvelle occasion pour eux de faire parler d’eux, de se disputer avec l’artiste, comme Céline Dion récemment. Ça colle à l’image du candidat iconoclaste qui ne suit pas les règles pour Trump », développe l’universitaire.

La musique a-t-elle vraiment le pouvoir de changer le résultat de l’élection présidentielle ? Pour Mark Clague, la réponse est claire : « Avec un électorat aussi divisé, où quelques milliers de voix seulement peuvent faire la différence, je pense qu’un soutien de la part de quelqu’un comme Taylor Swift ou une musique qui motive les gens à se rendre aux urnes, à agir, à se sentir dévoués à leur candidat, peut avoir un impact ».

L’élection présidentielle américaine 2024 se déroule également à une époque où les électeurs n’ont plus confiance dans les médias traditionnels. Sur les réseaux sociaux, le sentiment de proximité donne aux artistes une influence conséquente sur leurs abonnés. Face à ce constat, se mettre leurs fans dans la poche peut s’avérer une stratégie gagnante pour les candidats. Choisir la bonne musique peut donc faire la différence, « peut-être plus que jamais », selon le musicologue. Reste à voir qui de Kamala Harris ou Donald Trump fera la danse de la victoire, le 5 novembre prochain.

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