Présidentielle américaine 2024 : pour Donald Trump, l’affaire en Géorgie va-t-elle changer la donne ?

L’ex-président américain, inculpé pour avoir tenté de renverser le résultat de l’élection présidentielle 2020, s’est rendu en prison, où il s’est plié au mugshot.

Donald J. Trump, ici le 13 août 2023, candidat à la présidentielle américaine 2024 malgré ses déboires judiciaires.

ÉTATS-UNIS - Un « mugshot » pour l’histoire. L’ex-président américain et candidat républicain à la présidentielle 2024 Donald Trump s’est rendu, ce jeudi 24 août, aux autorités de l’État de Géorgie après son inculpation pour avoir tenté de manipuler les résultats de la présidentielle de 2020. Il a même dû faire un passage en prison, le temps de prendre sa photo d’identité judiciaire, avant de payer une caution de 200 000 dollars et d’être remis en liberté.

Le milliardaire est poursuivi par la justice fédérale dans trois autres affaires et pourtant, c’est ce dossier qui est le plus gênant pour lui. L’enquête de plus de deux ans menée par la procureure Fani Willis a prouvé que Donald Trump a lui-même appelé un responsable local en janvier 2021 pour lui demander de trouver les quelque 12 000 voix qui lui manquaient en Géorgie, État remporté par le démocrate Joe Biden.

Face à cet élément accablant, la perspective d’un procès pour le magnat de l’immobilier qui a plaidé non-coupable ne fait pas de doute. Et il pourra difficilement faire appel à la loi pour échapper à une condamnation. « C’est une affaire au niveau de l’État et non au niveau fédéral. Cela signifie que même s’il revenait au pouvoir, il n’aurait pas la main et ne pourrait pas se gracier », souligne auprès du HuffPost Jérôme Viala-Gaudefroy, chargé de cours à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye et spécialiste des États-Unis.

La Constitution est vague

Par ailleurs, « si le procès n’a pas encore eu lieu ou n’est pas terminé au moment où il arrive à la Maison Blanche, il ne pourrait pas l’annuler car le ministère de la Justice n’a pas de prise sur ce qu’il se passe dans un État », poursuit le spécialiste de la politique américaine. Et même si le procès est « dépaysé pour qu’il se déroule dans un tribunal fédéral, l’accusation restera celle de l’État de Géorgie ». Il pourrait ainsi être condamné pour association de malfaiteurs, soit minimum cinq ans de prison.

Pourtant, malgré cette quatrième inculpation, rien n’empêche le magnat de l’immobilier de se présenter à la primaire républicaine et à l’élection générale. Ni même son passage express en prison, le temps du fameux « mugshot » pris dans une prison d’Atlanta et désormais à la « Une » de tous les journaux américains, une première dans l’histoire des États-Unis.

La Constitution américaine n’exige en effet que trois choses pour se présenter à la présidentielle : être âgé d’au moins 35 ans, être né aux États-Unis, et avoir résidé aux États-Unis pendant au moins 14 ans. Aucune restriction n’est émise en fonction des poursuites pénales ou d’un passage en prison. Par le passé, le socialiste Eugene V. Debs condamné pour sédition a d’ailleurs mené sa campagne pour la présidentielle 1920 derrière les barreaux. Il a terminé à la troisième place de l’élection.

Trump toujours plus fort

Si la loi est de son côté, quid des électeurs ? Un passage en prison pourrait-il ébranler le grand favori de la primaire républicaine, qui récolte à ce jour 58 % des intentions vote contre seulement 14 % pour le gouverneur de Floride Ron DeSantis en deuxième position ? « Ça ne va rien changer à aucun niveau », tranche Jérôme Viala-Godefroy. Pour le spécialiste des États-Unis, « Donald Trump ressort même renforcé auprès de sa base, ce gros tiers des républicains qui a une relation presque de culte avec lui ».

Sondage à la primaire républicaine par le Morning Consult réalisé entre le 18 et le 20 août 2023.
Sondage à la primaire républicaine par le Morning Consult réalisé entre le 18 et le 20 août 2023.

La multiplication des affaires permet en effet au milliardaire d’en remettre une couche sur « la chasse aux sorcières » dont il se dit victime. « Trump joue là-dessus. Il dit “à travers moi, c’est vous qu’on attaque” afin de renforcer le sentiment de victime que son électorat ressent fortement face la gauche, la guerre culturelle, les minorités... », ajoute Jérôme Viala-Godefroy.

Quant aux deux tiers des républicains restant, « une majorité va le soutenir même s’ils pouvaient envisager quelqu’un d’autre. On a vu lors du premier débat républicain la mainmise de Donald Trump sur l’électorat : ceux qui critiquaient l’ancien président, comme Chris Christie, se faisaient huer », ajoute-t-il.

Lors de ce même débat qui s’est déroulé à Milwaukee, dans le Wisconsin, le 23 août dernier, Donald Trump qui était absent a aussi pu compter sur le soutien des autres candidats aux primaires. À la question : « Si l’ancien président Donald Trump était condamné pénalement, le soutiendriez-vous toujours en tant que choix de votre parti ? », six des huit candidats ont levé la main en signe d’acquiescement. Pas de quoi inquiéter les ambitions de Trump.

VIDÉO - Quel impact la photo judiciaire de Donald Trump aura-t-elle sur la campagne présidentielle ?

Qui est Oliver Anthony, l’ouvrier et chanteur « anti-élites » qui dépasse Taylor Swift et Beyoncé ?

Donald Trump de retour sur X (ex-Twitter) après deux ans d’absence pour partager son Mugshot