Présidentielle américaine: à quoi sert le colistier des candidats à la Maison Blanche?
Les démocrates ont enfin leur nom pour l'élection présidentielle de novembre: Kamala Harris. Et ce mardi 6 août, la numéro 2 de l'administration Biden a choisi à son tour de désigner Tim Walz, gouverneur du Minnesota, comme son colistier, qui fera office de vice-président en cas de victoire. Mais à quoi sert vraiment le colistier?
D'abord, le colistier sert à élargir la base de votants. Kamala Harris, une ancienne procureure, femme de couleur et californienne, dispose d'un réservoir de voix chez une partie des électeurs démocrates. Mais elle peut espérer l'élargir en fonction du nom qui figurera à ses côtés.
Par exemple, certains médias américains pressentent le potentiel choix de Josh Shapiro à cette fonction. Avec ce nom, la candidate peut espérer rallier une partie de l'électorat masculin, blanc, mais aussi les électeurs de Pennsylvanie.
L'importance des "swing states"
Pour rappel, il s'agit de l'un des "swing states", un état dont le vote bascule d'une élection à l'autre entre républicains et démocrates, au point de parfois pouvoir faire pencher toute la balance du scrutin.
C'est justement cet État qui a permis à Joe Biden de sécuriser sa victoire face à Donald Trump en 2020, en raflant 20 grands électeurs, alors que le camp démocrate avait perdu de peu le vote populaire (-0,72%) en 2016.
Outre le simple cas Josh Shapiro, les fameux swing states sont au cœur des autres différentes possibilités de colistier. Selon des sources proches de la campagne de la démocrate citées notamment par Associated Press, Kamala harris s'est entretenue ce week-end avec une demi-douzaine de prétendants: le gouverneur du Kentucky Andy Beshear, ou Tim Walz, gouverneur du Minnesota, mais aussi Mark Kelly, sénateur de l'Arizona.
Un choix de campagne ou de "gouvernance"
À l'inverse, Donald Trump aurait moins songé au scrutin lors du voix de son colisiter, JD Vance, comme l'expliquait à l'AP Neil Newhouse, un sondeur républicain chevronné. "Je ne suis pas sûr qu'il l'aide dans sa campagne (..) Il n'est pas très connu, même dans l'Ohio. (...) Ce n'est pas un choix de campagne. C'est un choix politique, un choix de gouvernance".
En effet, une fois la bataille remportée, le colistier est automatiquement enrôlé pour assumer le rôle de vice-président. Une fonction à l'intérêt plus ou moins limité selon les administrations. "La vice-présidence ne vaut pas plus qu'une bassine de pisse chaude", déclarait John Nance Garner, le numéro 2 de Franklin Roosevelt entre 1933 et 1941.
Le vice-président n'est théoriquement pas l'équivalent d'un Premier ministre, n'a pas de pouvoir de décision accordé en tant que tel par la Constitution, et n'est pas préposé aux cérémonies officielles. Cependant, il est celui qui assume la présidence lorsque le président est incapacité, qu'il s'agit d'une séquence courte - ou définitive.
Kamala Harris était ainsi devenue pendant quelques heures la première femme présidente des États-Unis (par intérim) lorsque Joe Biden avait été placé sous anesthésie générale pour procéder à une opération. En cas de décès du président, elle serait également amenée à prendre la tête du pays.
Comme l'a rappelé Libération, Lyndon Johnson voyait dans le vice-président une sorte de "corbeau tournoyant autour du président pour lui rappeler qu'il est mortel". Il avait lui-même pris les manettes après l'assassinat de JFK.