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Présidentielle 2022: Le Pen-Zemmour, la primaire de l'extrême-droite qui ne dit pas son nom

Éric Zemmour et Marine Le Pen. - AFP
Éric Zemmour et Marine Le Pen. - AFP

Changement de ton, la voilà désormais sur le ring. Si ces dernières semaines, Marine Le Pen ne semblait pas vouloir attaquer Éric Zemmour, pourtant omniprésent dans le monde médiatique par ses déplacements et ses sorties polémiques, un changement de stratégie s'est opéré.

Après la publication d'un nouveau sondage qui place le polémiste - toujours pas officiellement candidat - au second tour de la présidentielle, quel que soit le candidat LR, elle est désormais "en train de changer son fusil d'épaule", estime notre éditorialiste politique Laurent Neumann.

"Marine Le Pen regarde les sondages, elle voit que Zemmour lui a siphonné 10% ou 12% d'intentions de vote en quelques semaines, elle voit aussi que des élus locaux quittent le RN pour Zemmour, elle a vu le soutien de Jean-Marie Le Pen, tout le bien que pense Marion Maréchal de lui... Il y a urgence, un péril dans la demeure, donc elle a décidé de ne rien laisser passer", a-t-il expliqué, ce samedi, sur notre plateau.

Une série d'uppercuts

En déplacement à Bruxelles vendredi, officiellement pour soutenir la Pologne dans son bras de fer avec l'Union européenne, Marine Le Pen en a ainsi profité pour envoyer plusieurs uppercuts à destination d'Éric Zemmour.

"Éric Zemmour n'a aucune chance d'arriver au second tour. Je vous le dis par conviction et par expérience. Car le choix qu'il fait est le choix de la provocation, le choix qu'il fait est de mettre de côté, quitte à la mépriser, une grande catégorie de Français", a taclé la candidate du Rassemblement national (RN) à l'élection présidentielle, avant de lancer:

"Lorsqu'on aspire à être président de la République française, on aspire à être le président de tous les Français, pas seulement de cette fameuse bourgeoisie dont il parle régulièrement et qui semble être sa cible électorale."

La présidente du RN est aussi revenue sur cette scène mercredi, lorsque l'écrivain a braqué une arme sur des journalistes, lors d'une visite au salon sur la sécurité intérieure: "Quand on aspire à être le chef des Armées, on fait attention à ses gestes, il s'agit là d'une maladresse."

Des positions anti-Zemmour

En témoigne également sa récente interview à l'hebdomadaire classé à l'extrême-droite Valeurs actuelles, diffusée mercredi, au cours de laquelle la députée du Pas-de-Calais se pose à de nombreuses reprises comme l'anti-Zemmour.

Que ce soit concernant ses positions sur l'islam ("Dire 'l'islam, c'est l'islamisme', c'est prendre l'immense responsabilité de coaliser les musulmans avec les islamistes, c'est une faute politique"), sur les femmes ("Je récuse sa vision de la femme. (...) Je ne peux qu'être en désaccord") ou sur ses idées en matière d'économie ("Je suis désolée de dire que j'ai un électorat populaire qui n'acceptera pas d'être une nouvelle fois sacrifié à une vision ultralibérale de l'économie").

Zemmour est "un concurrent"

Pour Laurent Neumann, on assiste désormais "à une primaire de la droite extrême". "Éric Zemmour n'est pas un adversaire mais un concurrent", reconnaît de même Marine Le Pen dans les colonnes de Valeurs actuelles.

"Mon seul adversaire, c'est Emmanuel Macron. (...) [Éric Zemmour] ne peut pas gagner, il ne peut pas accéder au second tour, il peut simplement m'empêcher d'arriver en tête au premier", a-t-elle encore ajouté.

Mais gare à ne pas s'attaquer trop violemment au polémiste. "Il faut rassurer l'électorat sans aller trop loin car on continue à penser au sein du RN qu'avec Éric Zemmour on se rassemblera et il ne faut pas braquer ses électeurs", analyse notre éditorialiste politique. Sur le ring, Marine Le Pen va devoir se montrer adroite.

Article original publié sur BFMTV.com