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Pour la présidentielle 2022, Marseille se mue en "capitale politique"

L'Hôtel de ville de Marseille, photographié au mois de septembre en marge de la visite d'Emmanuel Macron. Ludovic Marin/Pool via REUTERS (Photo: POOL New via Reuters)
L'Hôtel de ville de Marseille, photographié au mois de septembre en marge de la visite d'Emmanuel Macron. Ludovic Marin/Pool via REUTERS (Photo: POOL New via Reuters)

POLITIQUE - Comme un aimant. À mesure que la campagne présidentielle avance, la ville de Marseille voit son pouvoir d’attraction se décupler. Ce vendredi 26 septembre, c’est Éric Zemmour qui vient se montrer pendant deux jours dans la cité phocéenne, une semaine pile après que Marine Le Pen y a traîné ses guêtres et trois mois après la visite historique d’Emmanuel Macron au chevet de la ville. Contrairement à ce qu’il a fait lors de ses précédents déplacements, le polémiste d’extrême droite n’a pas prévu de réunion publique grandiloquente aux faux airs de meetings, privilégiant les déambulations médiatiques et les contacts avec des élus locaux. Une opération pour le moins contrastée, puisque la cité phocéenne lui a réservé un accueil glacial.

“Il a invité tous ceux qui ont une signature à donner, même des gens de la France insoumise”, assure un cadre du RN local, rappelant que l’essayiste est toujours en quête de parrainages pour valider sa candidature à l’élection présidentielle. Pour Guillaume Origoni, contributeur occasionnel à la Fondation Jean-Jaurès et passionné de la vie sociale et politique locale, le candidat putatif devrait y trouver quelques oreilles attentives. “Il existe toute une partie de la droite locale qui a toujours fricoté avec les idées d’Éric Zemmour. Marseille est une ville où l’extrême droite est bien implantée depuis longtemps. Il ne faut pas oublier que c’est ici que Jean-Claude Gaudin avait scellé un accord avec le Front national en 1986”, poursuit notre interlocuteur.

Un effet “laboratoire”

Au-delà de ces prises de contacts opportunes et des cartes postales provençales qu’Éric Zemmour compte envoyer depuis le Vieux-Port, Marseille a bien pris une place centrale dans cette campagne présidentielle. Plus que Lyon par exemple, où la saga des Daltons offre pourtant quasi-quotidiennement son lot de polémiques sur fond de débats sécuritaires.

”Ça a commencé avec la visite d’Emmanuel Macron au mois de septembre. Avec un cadrage médiatique inédit: toutes les chaînes d’informations sont restées plusieurs jours sur place, pendant qu’en plateau ça débitait de la ’marseillologie’ aussi approximative que décomplexée”, observe le politiste marseillais Nicolas Maisetti. Une séquence qui, selon lui, a installé la préfecture des Bouches-du-Rhône en “capitale politique” du pays.

“Avec cette idée de laboratoire, nourrie par un effet loupe, selon laquelle tous les problèmes de la France (le logement, la sécurité, la pauvreté, la question métropolitaine, la corruption, etc.) sont concentrés ici, et qu’il faudrait donc en tirer des conclusions nationales”, poursuit le chercheur, qui déplore une “instrumentalisation politique” des difficultés propres à Marseille.

Une approche “paradoxale”, puisqu’elle reviendrait à “convertir des spécificités locales en généralités nationales”. Ce dont ne se prive pas Éric Zemmour. “Trafics, criminalité, immigration, insécurité: Marseille est un concentré de tout ce qui nous tue”, a d’ailleurs prévenu le polémiste en annonçant ce déplacement. ”C’est évident qu’il va profiter de ce déplacement pour faire porter le poids des échecs de la ville aux minorités”, prévient Guillaume Origoni.

“Qui peut le plus peut le moins”

Député LREM de Marseille, Saïd Ahamada ne renie pas l’aspect “laboratoire” que peut constituer la ville, “où on a expérimenté tout ce qu’il ne fallait pas faire, et où on veut maintenant tester des solutions pour rendre à la ville le statut qu’elle mérite, celui de ville-monde”. Pour cet élu des quartiers Nord, “si on arrive à régler les problèmes de Marseille, on réussira dans d’autres territoires qui souffrent”.

D’où cette focalisation sur la situation phocéenne, qui porterait en elle les germes des solutions à appliquer ailleurs, notamment en Seine-Saint-Denis ou en Guadeloupe, où les fractures sont aussi très profondes. “Qui peut le plus, peut le moins”, insiste le parlementaire, heureux de voir Marseille -“qui ne laisse personne indifférent”- autant attirer l’attention en cette pré-campagne présidentielle. Ce samedi 27 novembre, c’est d’ailleurs Xavier Bertrand, candidat au Congrès LR, qui vient lui aussi s’offrir un moment marseillais, après un précédent passage au mois de septembre.

Preuve de sa capacité à attirer la lumière politico-médiatique, Emmanuel Macron a également prévu d’y revenir au mois de février. Officiellement pour suivre les chantiers lancés avec le maire de la ville, Benoît Payan. “Au-delà de son attachement à l’OM, il conserve une attention particulière pour Marseille”, assure Saïd Ahamada, en omettant de mentionner un détail loin d’être anodin: le retour du chef de l’État sur la Canebière se fera à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle. Et d’ici là, il aura peut-être annoncé sa candidature.

À voir également sur Le HuffPost: Macron à Marseille, “insupportablement monarchique” pour Mélenchon

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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