Présidentielle 2022: en cas de second tour LFI-RN, Castaner voterait Mélenchon

Le président du groupe parlementaire LREM, Christophe Castaner, le 30 novembre 2020 à Paris - Anne-Christine POUJOULAT © 2019 AFP
Le président du groupe parlementaire LREM, Christophe Castaner, le 30 novembre 2020 à Paris - Anne-Christine POUJOULAT © 2019 AFP

"Tout sauf le FN". Telle est la manière dont une source parlementaire résume, avec une pointe d'ironie, la sortie de Christophe Castaner ce mercredi matin sur Europe 1. Interrogé sur l'élection présidentielle à venir et la très bonne tenue du Rassemblement national dans les sondages, le patron des députés La République en marche a martelé la nécessité de "faire barrage" à Marine Le Pen. Au point de s'engager à voter pour La France insoumise si d'aventure celle-ci se retrouvait face au RN au second tour.

"Je fais une vraie différence entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, contrairement à lui. J'ai le souvenir du soir du premier tour de l'élection présidentielle, où lui n'a pas été capable de faire la différence entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Moi je soutiendrais à ce moment-là Jean-Luc Mélenchon, mais vous savez comme moi que c'est une hypothèse assez peu probable", a développé le président du groupe LaREM à l'Assemblée nationale.

"Il est un républicain"

Lorsque la journaliste d'Europe 1 lui rappelle la participation de LFI à la manifestation controversée du 10 novembre 2019 contre l'islamophobie, ainsi que les propos de Jean-Luc Mélenchon sur les policiers "barbares", Christophe Castaner ne varie pas.

"Il y a beaucoup de choses sur lesquelles je ne suis pas d'accord" avec le député des Bouches-du-Rhône, a-t-il précisé, avant d'opérer une distinction entre "soutenir et faire barrage".

Sur l'islamo-gauchisme, terme que LFI juge infondé et stigmatisant, l'ancien ministre de l'Intérieur considère que Jean-Luc Mélenchon "a tort", mais que pour autant, "il n'est pas un ennemi de la République, parce qu'il est un républicain". "Il a été condamné par la justice, il a assumé sa sanction aussi", a-t-il ajouté, faisant allusion au refus de Marine Le Pen d'honorer certaines convocations en justice du fait de son immunité parlementaire.

Le Pen "empêche la fraternité"

Plus globalement, les propos de Christophe Castaner ce mercredi matin faisaient écho à la polémique suscitée par un récent numéro de Libération. Samedi, le quotidien a publié des témoignages d'électeurs se disant de gauche et annonçant leur rejet du "vote barrage" au RN pour la prochaine présidentielle. Un phénomène sur lequel mise justement le parti de Marine Le Pen pour affaiblir ses concurrents, rapportait récemment Le Figaro.

"Ceux qui abandonnent le front républicain, ils font le lit du Front national. Moi je ne l'abandonne pas", a tancé le patron de la majorité. "Je sais quels sont mes adversaires et quels sont ceux qui menacent la République", a-t-il affirmé, ajoutant que la cheffe du RN "fait tout pour empêcher la fraternité".

Risque du "tout sauf Macron"

À l'instar d'autres cadres macronistes, le député des Alpes-de-Haute-Provence a tôt fait d'adopter cette stratégie visant à "rediaboliser" le parti à la flamme. Néanmoins cette antienne, répétée par de nombreux dirigeants politiques depuis 2002, voire avant, ne tend-elle pas à créer l'effet inverse? "J'entends que ça puisse agacer pas mal d'électeurs, d'autant plus ces derniers jours. Ça peut aussi être dangereux et finir par un vote 'tout sauf Macron'", concède-t-on au sein du groupe LaREM.

"J'entends aussi les critiques consistant à dire, 'c'est de votre faute si Marine Le Pen est aussi haute', mais je ne partage pas ce dernier point. On n'est plus dans l'affaire du 'détail' (allusion à la phrase de Jean-Marie Le Pen en 1987 sur la Shoah, NDLR). Aujourd'hui Marine Le Pen cherche à faire en sorte que les électeurs ne se mobilisent pas contre elle au second tour", s'alarme cette source auprès de BFMTV.com.

L'entourage de Christophe Castaner nous précise son propos: "D'une part, on ne peut pas dire 'front républicain' puis se cacher derrière son petit doigt. D'autre part, on ne peut pas critiquer Mélenchon sur son non-choix de 2017 et faire pareil que lui."

Et d'ajouter: "Est-ce que c'est la bonne stratégie? Verdict dans les urnes."

Article original publié sur BFMTV.com