Présidentielle 2022: Anne Hidalgo tente de (re)relancer sa campagne

À Lille, Hidalgo (ici en septembre 2021 à Paris) tente de (re)relancer sa campagne (Photo: via Associated Press)
À Lille, Hidalgo (ici en septembre 2021 à Paris) tente de (re)relancer sa campagne (Photo: via Associated Press)

POLITIQUE - Lille de l’abnégation? Anne Hidalgo est en déplacement dans le fief de Martine Aubry, ce samedi 23 octobre, pour recevoir l’investiture du parti socialiste dans la course à l’élection présidentielle. Un meeting présenté par ses soutiens comme le véritable lancement de sa campagne, le moment qui doit enfin la faire percer.

Et pour cause: la maire de Paris patine dans les sondages depuis qu’elle a annoncé sa candidature -et son intention de “changer la vie des gens”- au milieu du mois de septembre, à Rouen, en Seine-Maritime. Un discours, bref, sur les docks, qui ne lui a pas permis d’imprimer sa marque. Et ce ne sont pas les différents événements organisés cet automne, comme le vote des militants pour la départager de Stéphane Le Foll, qui ont permis de créer une dynamique.

Dans ce contexte, les tensions tendent à redoubler dans les rangs du parti à la rose. En public, certains ”éléphants” ont de plus en plus de mal à cacher leur gêne ou leur scepticisme quant au début d’aventure de leur collègue. En privé, les critiques sont parfois rudes.

“Il n’y a pas de début de campagne”

“Dans les faits, la campagne n’a pas encore décollé”, reconnaît un parlementaire, cité par l’AFP, mais il remarque que “le social n’est pas suffisamment dans le débat”. Pour l’instant, constate également François Hollande, “il n’y a pas de début de campagne” d’Anne Hidalgo, “c’est dans les semaines qui viennent qu’il y aura l’affirmation d’un projet”, espère-t-il.

Malgré cela, l’ancien président de la République a expliqué, sur France 5, qu’il voterait pour la maire de Paris, par souci de fidélité. Un engagement que s’est bien gardée de prendre Ségolène Royal. Invitée de la matinale de LCI vendredi, l’ancienne candidate à l’élection présidentielle (2007) a indiqué qu’elle ferait son choix au début du mois de janvier, quand la situation se sera quelque peu décantée entre les différentes candidatures à gauche.

Outre la défection de Stéphane Le Foll, l’ancien ministre de l’Agriculture, qui s’est, lui aussi, présenté devant les militants socialistes, avant d’expliquer qu’il ne ferait pas la campagne de sa collègue ou le passage de François Lamy aux côtés du candidat écolo Yannick Jadot, même Olivier Faure a parfois beaucoup de peine à cacher sa mine des mauvais jours.

Interrogé quant au fait de savoir “pourquoi ça ne marche pas?”, lundi dernier, sur LCI, le premier secrétaire n’a pas spécialement cherché à botter en touche, dressant, plutôt, la liste des griefs que l’on peut faire à sa candidate. “Elle avait fait le choix, dans un premier temps, d’aller à la rencontre des Français, sans pour autant exprimer de nouvelles propositions. Donc c’est vrai que les gens se sont dit: ‘Elle est candidate, mais qu’est-ce qu’elle a à dire?’”, a-t-il par exemple reconnu, insistant, quelques secondes plus tard: “Quand je parle d’Anne Hidalgo aux gens, ils la connaissent, ils savent qu’elle est maire de Paris, mais ça ne va pas plus loin.”

Doit-on croire en cette nouvelle phase?

Un langage diplomatique pour dire que l’édile souffre d’un déficit certain dans l’opinion, mais qu’on n’attendait pas dans la bouche du patron des socialistes. Qu’à cela ne tienne, Olivier Faure se veut malgré tout confiant pour la suite. ″Ça commence” maintenant, martelait-il, toujours sur LCI, “pas inquiet” du score de sa championne qui plafonne autour des 5% d’intentions de vote dans les différentes enquêtes.

Comme vous pouvez le voir ci-dessous dans notre compilateur de sondages, elle est distancée par Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, très loin du trio qui se joue la qualification pour le second tour. Un nouveau chapitre de la méthode Coué en politique?

Dans ce contexte délicat, difficile, en tout cas, de ne pas voir ce grand raout socialiste comme la première des dernières chances pour Anne Hidalgo d’impulser une dynamique. De créer un espoir autour de son projet. Plusieurs poids lourds sont annoncés, comme sa mentor Martine Aubry (elle fut à son cabinet à la fin des années 90), la locale de l’étape ou l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve qui aideront à composer un parterre d’un millier de personnes.

La maire de Paris, qui fera un discours en fin d’après-midi, devrait donc défendre une nouvelle fois ses priorités, et s’attacher à revenir sur le fond: la transition écologique, mais aussi la revalorisation des salaires -quitte à susciter les critiques- la situation particulière des classes moyennes et populaires, la santé, la promesse républicaine et l’école.

De quoi redonner du baume au coeur à son entourage proche? En apparence au moins. “Il y a eu le temps de Rouen, lorsqu’elle a annoncé sa candidature” début septembre, “un temps intime et personnel”, analyse une source citée par l’AFP, “ensuite un temps d’immersion dans le pays”. Désormais, “une nouvelle séquence s’ouvre, le temps de la campagne”, se réjouit-on.

Une étape pour laquelle la force militante socialiste sera primordiale. Mais, comme les ennuis volent souvent en escadrilles, là-aussi, les choses pourraient être plus complexes que prévu pour un PS en perte d’influence. Comme un symbole, selon La Voix du Nord, la fédération socialiste du Nord, bastion historique de la gauche, qui accueille Anne Hidalgo ce samedi, ne compte désormais plus que 132 militants à jour de cotisation. Soit 100 fois mois qu’à la grande époque.

À voir également sur Le HuffPost: Hollande ne doit pas “kärchériser” la gauche selon Ségolène Royal

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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