Présidentielle 2022: Anne Hidalgo a 10 jours pour renverser la tendance

Anne Hidalgo lors de son meeting à Rouen au mois de septembre.  (Photo: via Associated Press)
Anne Hidalgo lors de son meeting à Rouen au mois de septembre. (Photo: via Associated Press)

POLITIQUE - C’est une date cochée dans son calendrier. Ce jeudi 14 octobre, Anne Hidalgo sera, sauf énorme surprise, désignée candidate du Parti socialiste pour l’élection présidentielle, à l’issue d’un vote interne qui la voit affronter le maire du Mans Stéphane Le Foll et dont le résultat ne souffre d’aucun suspense. Une ”étape” visant à “rassembler la famille socialiste”, selon sa directrice de campagne Johanna Rolland, qui intervient alors que la fusée Hidalgo reste clouée sol.

Depuis sa déclaration du 12 septembre, la maire de Paris n’a pas dépassé 6% dans les intentions de vote. Dans une enquête BVA publiée ce jeudi 14 octobre par Challenges, l’édile socialiste tombe même à 4%.

Résultat mécanique observable dans notre compilateur de sondages, l’élue parisienne semble prisonnière d’une dynamique négative. Elle y est créditée de 4,9% en moyenne dans les cinq dernières enquêtes, son score le plus faible depuis la fin août. Elle se retrouve distancée de trois points par l’écologiste Yannick Jadot et de quatre par Jean-Luc Mélenchon, qui fait la course en tête à gauche.

Il faut dire que son entrée en matière a été plutôt compliquée. Après avoir entretenu le flou durant de longues semaines, Anne Hidalgo a finalement sauté le pas. Ce qui a ravi ses adversaires politiques, qui ont eu beau jeu de lui rappeler cet engagement pris lors de la campagne municipale 2020, lorsqu’elle répétait qu’elle ne briguerait pas l’Élysée. Depuis? Les choses n’ont fait que se dégrader pour la maire de Paris. Dans les jours qui ont suivi son annonce, plusieurs anciens ministres de François Hollande prenaient un malin plaisir à torpiller sa candidature.

Puis c’est un autre ancien du quinquennat précédent, Arnaud Montebourg, qui bafouait le pacte de non-agression scellé avec Anne Hidalgo pour la qualifier de “fille spirituelle de François Hollande”. Ce qui, dans la bouche de l’ancien ministre du Redressement productif (qui est encore plus bas dans les sondages) est tout sauf un compliment.

Anne Hidalgo a certes réussi imposer la question de la rémunération des enseignants dans le débat, en proposant de la doubler sur un quinquennat. Mais cette proposition, jugée électoraliste voire “démagogique” par ses adversaires politiques, peine à convaincre auprès des intéressés, qui doutent de la faisabilité de la manœuvre. Et alors que les écologistes ont choisi un candidat qui pourrait occuper le même espace politique, la maire de Paris a tenté le clivage avec les écolos, qui comptent pourtant parmi sa majorité à l’Hôtel de Ville, en proposant notamment de faire baisser le prix de l’essence.

Un faisceau de difficultés qui fragilisent Anne Hidalgo, puisque sa campagne présidentielle fait même l’objet d’attaques au sein du Conseil de Paris, que ce soit venant de la droite, mais y compris des bancs écolos, ce qui a quelque peu agacé la maire de Paris (vidéo ci-dessous).

Malgré une campagne en faux plat, son entourage joue la carte de la sérénité. “Anne Hidalgo a indiqué que les semaines qui suivraient sa déclaration seraient des semaines d’immersion pour renouer le fil avec les Français qui se sont éloignés de la politique. Un temps d’écoute, de dialogue sans doute, moins spectaculaire qu’un match de boxe avec Eric Zemmour. Mais une autre étape va s’ouvrir”, rétorquait il y a quelques jours dans Le Monde Mathieu Klein, maire socialiste de Nancy, en charge du programme dans l’équipe de la candidate.

Quant aux sondages en berne, on jure chez les socialistes ne pas y prêter attention. “Je prends toujours l’exemple du maire de Montpellier, qui a été à 7% dans les sondages, on lui a prédit les pires choses, et il a été réélu”, a rétorqué la présidente du groupe PS à l’Assemblée nationale Valérie Rabault.

Au Parti socialiste, on mise sur un autre rendez-vous pour donner une autre dimension à la candidature de la maire de Paris: la convention d’investiture qui aura lieu le 23 octobre à Lille, chez Martine Aubry, laquelle a sauvé son siège sur le fil face aux écologistes lors des dernières élections municipales. Tout un symbole, alors que les écolos verrait bien Anne Hidalgo se rallier à Yannick Jadot, alors que François Lamy (ex-conseiller de la maire de Lille) a déjà franchi le pas. Pour éviter ce scénario noir pour le parti à la rose, la maire de Paris n’a plus que 10 jours relancer la machine.

Dans son entourage, on mise d’ailleurs sur ce nouveau souffle. “On va rentrer dans la séquence où la mobilisation du parti va être possible, ça va changer la donne”, veut croire son porte-parole Stéphane Troussel, président PS du département de Seine-Saint-Denis. “Elle va creuser son sillon sur le pouvoir d’achat et les inégalités, parce que c’est ce qui correspond vraiment aux préoccupations des Français. Elle est solide, elle en a connu d’autres, elle va donc garder son cap”, poursuit-il, avant de donner rendez-vous dans dix jours: ”ça va vraiment démarrer quand la famille socialiste se rassemblera à Lille, pour cette belle fête militante”. On attend de voir.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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