"Si le président s'était retiré plus tôt...": Nancy Pelosi pointe la responsabilité de Joe Biden après la défaite de Kamala Harris

La ténor démocrate Nancy Pelosi estime que son parti aurait eu plus de chances de remporter l'élection présidentielle si Joe Biden "s'était retiré plus tôt".

L'heure des règlements de compte. Après l'échec cuisant de Kamala Harris contre Donald Trump à l'élection présidentielle, les reproches se concentrent sur Joe Biden, qui s'est retiré de la course à la Maison-Blanche au profit de sa vice-présidente à seulement quatre mois du scrutin.

Dans un entretien donné à un podcast du New York Times, la ténor démocrate Nancy Pelosi ne mâche pas ses mots contre le chef d'État américain. "Si le président s'était retiré plus tôt, il y aurait peut-être eu d'autres candidats dans la course", dit-elle au cours d'un échange qui sera diffusé en intégralité ce samedi 9 novembre, et dont de premiers extraits ont été publiés par le journal.

"On s'attendait à ce que, si le président se retirait, il y ait une primaire ouverte", a déclaré Nancy Pelosi, qui a poussé en interne cet été pour que le président démocrate, fragilisé par un débat catastrophique face à Donald Trump, retire sa candidature.

Selon l'ancienne présidente de la Chambre des représentants, Kamala Harris aurait pu "bien se débrouiller" dans une primaire et en sortir "plus forte".

"Cela ne s'est pas produit (...) Et parce que le président a immédiatement soutenu Kamala Harris, il était pratiquement impossible d'organiser des primaires à ce moment-là. Si cela avait été fait beaucoup plus tôt, les choses auraient été différentes", regrette la démocrate, réélue mardi pour un nouveau mandat à la Chambre des Représentants.

Les entourages de Joe Biden et de Kamala Harris s'accusent mutuellement d'avoir précipité la chute du camp démocrate, à coup de déclarations acerbes dans la presse.

David Plouffe, membre de l'équipe de campagne de Kamala Harris, s'est emporté mercredi dans un tweet contre le "trou profond" duquel les démocrates ont été contraints de s'extirper lors de cette campagne éclair. L'influent ancien maire de New York Mike Bloomberg a lui tempêté contre ceux qui auraient "dissimulé les infirmités du président Joe Biden jusqu'à ce qu'elles deviennent indéniables".

"Comment avez-vous pu dépenser un milliard de dollars sans gagner?", s'est agacé auprès d'Axios un ancien membre de l'équipe de Joe Biden.

Assaillie de questions sur d'éventuels regrets du président démocrate, la porte-parole de la Maison-Blanche Karine Jean-Pierre a dit qu'elle laissait le sujet aux "experts", et assuré que Joe Biden était "fier" de son bilan. Lors de sa première allocution jeudi depuis la défaite des démocrates, le dirigeant de 81 ans n'a pas non plus semblé se livrer à un exercice d'introspection.

À gauche comme au centre du parti, plusieurs élus ont dénoncé une déconnexion vis-à-vis des classes populaires et une formation qui n'aurait pas tiré les leçons de son premier échec face à Donald Trump en 2016.
"Cela ne devrait surprendre personne qu'un Parti démocrate qui a abandonné la classe ouvrière, se retrouve lui-même abandonné par la classe ouvrière", a tonné le sénateur socialiste Bernie Sanders dans un communiqué incendiaire. Comme Hillary Clinton, Kamala Harris a effectivement perdu des voix précieuses auprès de la classe moyenne blanche. Le républicain a même réussi à élargir sa base, engrangeant des percées notables auprès des électeurs noirs et latinos non-diplômés.

Pour le démocrate Tom Suozzi, la déconnexion de son parti avec les classes populaires ne porte pas que sur les questions économiques. L'élu a reproché à son camp d'avoir choisi comme terrain d'affrontement avec les républicains des questions sociétales qui inquiètent les élites progressistes, au détriment des sujets de fond qui préoccupent les classes populaires.

Il a cité en exemple la question des droits des personnes transgenres ou les manifestations propalestiennes qui ont agité les campus américains au printemps. "De nombreux Américains ont tout simplement plus peur de la gauche que de ce que fera le président Trump", a alerté l'élu de New York dans un communiqué. Le chef des démocrates Jaime Harrison a lui vivement critiqué les accusations selon lesquelles son parti aurait tourné le dos aux travailleurs, les qualifiant de "pures conneries". "Il y a beaucoup d'analyses qui circulent après cette élection et celle-ci ne fait pas partie des bonnes", a-t-il balayé dans une publication sur X. Ce responsable, très proche de Joe Biden, a d'ores et déjà fait savoir qu'il ne se représenterait pas à son poste, ouvrant la voie à un changement de leadership chez les démocrates en début d'année prochaine.

Article original publié sur BFMTV.com