Le président du Medef répond à Jean Jouzel, choqué par les propos du patron de Total à la rentrée des patrons

Patrick Martin, le nouveau président du Medef, a répondu  ce mardi 5 septembre sur franceinfo à Jean Jouzel, après l’échange tendu entre le paléoclimatologue et le patron de TotalEnergies.
Patrick Martin, le nouveau président du Medef, a répondu ce mardi 5 septembre sur franceinfo à Jean Jouzel, après l’échange tendu entre le paléoclimatologue et le patron de TotalEnergies.

ENVIRONNEMENT - « Ce n’est pas comme ça que j’ai perçu les choses. » Patrick Martin, le nouveau président du Mouvement des entreprises de France, a tenté d’arrondir les angles ce mardi 5 septembre sur franceinfo, après l’échange tendu entre le paléoclimatologue Jean Jouzel et le patron de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, aux universités d’été du Medef.

Dimanche, dans les colonnes des Échos, l’ancien vice-président du Giec avait en effet dénoncé l’accueil glacial que lui avaient réservé les grands entrepreneurs, restés insensibles à ses cris d’alertes sur le dérèglement climatique.

« Je suis extrêmement gêné que Jean Jouzel, pour qui nous avons beaucoup de respect, ait perçu cet accueil comme glacial », a réagi Patrick Martin ce mardi sur franceinfo, comme vous pouvez l’entendre dans la séquence ci-dessous. Avant de promettre qu’il « s’expliquera » avec le climatologue.

Et de rapidement se justifier : « Lors du discours inaugural, j’ai rappelé notre engagement total à respecter les Accords de Paris et atteindre la neutralité carbone en 2050. Ce n’est pas un engagement vain, ni un propos de circonstance. »

« D’accord sur les finalités, pas les modalités »

Sur l’échange tendu entre Jean Jouzel et Patrick Pouyanné au sujet de la transition énergétique, le patron du Medef a assuré qu’il s’agissait d’une « discussion », et « certainement pas d’une altercation ». « Ils sont d’accord sur les finalités, ils ne sont pas d’accord sur les modalités », a-t-il affirmé.

Lors des universités d’été du Medef, le climatologue de 76 ans, mondialement reconnu pour ses travaux au sein du Giec, avait cherché à expliquer au patron de Total l’importance d’arrêter d’investir au plus vite dans les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz…), pour leur préférer les renouvelables en vue de limiter le réchauffement climatique.

« Il y a la vie réelle », lui avait alors répondu Patrick Pouyanné. « Cette transition, je suis désolé Jean, elle prendra du temps », avait poursuivi le patron de Total, « assumant » de poursuivre ses investissements pétro-gaziers au motif que la demande croît. « Je dois assurer la sécurité d’approvisionnement au coût le plus efficace. »

Une transition oui, mais pas trop rapide

« Le propos de Patrick Pouyanné, que nous sommes beaucoup à partager, est qu’il faut que nous soyons réalistes, pas sur les finalités, pas sur les calendriers, mais sur les modalités », l’a défendu ce mardi matin Patrick Martin, qui réclame un « calendrier réaliste au regard des évolutions technologiques ».

Selon le représentant du patronat, une transition énergétique trop rapide pose un problème « d’acceptabilité » des Français. « Alors que 75 % de notre consommation d’énergie est aujourd’hui issue d’hydrocarbures, si on dit ’Demain matin on arrête’, ça pose aussi un problème pratique », a-t-il ajouté.

L’occasion pour Patrick Martin de soutenir l’entreprise pétro-gazière, qui est l’une des plus polluantes du monde, sur ses efforts en matière d’énergies vertes : « Quand je regarde qui sont les gros investisseurs dans les énergies renouvelables (solaire, éolienne, hydraulique…, ndlr), Total tient largement son rang. »

Le discours de Patrick Pouyanné, défendu par le patron du Medef, est pourtant à contre-courant des conclusions de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) et du rapport du Giec. Ces institutions scientifiques affirment qu’aucun nouveau projet pétrolier et gazier ne doit sortir de terre si l’on ne veut pas dépasser l’objectif de 1,5 degré de réchauffement, par rapport à l’ère préindustrielle.

À voir également sur Le HuffPost :

TotalEnergies va maintenir son plafond sur l’essence et le diesel jusqu’à la fin de l’année

Interrogé à l’Assemblée sur la vague de chaleur, Chistophe Béchu répond « émeutes », « Crif » et « Mélenchon »