«Notre présent est si sûr que notre avenir nous angoisse»

Pour le sociologue Bertrand Vidal, le survivalisme, phénomène cyclique, symbolise la fin de «la société de la confiance» dans des pays au niveau de vie stable.

Bertrand Vidal, sociologue à l’université Paul-Valéry de Montpellier et auteur des Survivalistes (L’Arche, à paraître en mai), le survivalisme représente un «espoir méphitique» pour ses disciples.

Comment peut-on définir le survivalisme ?

Ce terme désigne des personnes qui prévoient un avenir incertain et qui cherchent des moyens de s’en sortir. Elles sont unies par l’idée que demain sera forcément pire qu’aujourd’hui. Les recettes sont souvent les mêmes : une retraite, en communauté ou pas, pour vivre loin de la technologie. Chaque menace va produire un nouveau type de survivalisme, ou une nouvelle manière de se préparer à la catastrophe. Aujourd’hui, les survivalistes ont deux centres d’intérêt : une menace environnementale, qui est certifiée par des rapports officiels, des annonces du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, les accords de Paris… Et puis l’idée de «système», présente depuis les origines libertariennes du survivalisme et qui amène à une volonté de vivre le plus loin possible de l’Etat. Les survivalistes parlent du système de la cigale, la civilisation du tout-jetable, incapable de prévoir l’avenir. Par opposition, ils se désignent comme des fourmis. Ce phénomène du survivalisme n’existe quasiment que dans des pays où le niveau de vie est stable : plus on est loin du danger, plus on va développer des fantasmes d’insécurité. Notre présent est si sûr que ce qui nous angoisse maintenant est notre avenir. On n’a plus d’imprévus dans nos vies. On se dit survivaliste quand on projette nos angoisses sur l’avenir, des angoisses qui proviennent d’un trop plein de sécurité. Ce qu’ils appellent aussi «le système». On ne va pas jouer à la survie ou imaginer la fin du monde quand on habite en Syrie.

Comment ce mouvement est-il arrivé en France ?

Le mouvement est né aux Etats-Unis (...)

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