"Prématuré", "pourquoi maintenant": la candidature d'Édouard Philippe à la présidentielle critiquée du RN à LFI

Des nombreux responsables politiques, de la gauche à l'extrême droite, ont réagi à la déclaration de candidature de l'ancien Premier ministre ce mardi 3 septembre, jugée "prématurée" par beaucoup.

L'après-Macron a commencé. "Je serai candidat à la prochaine élection présidentielle", a annoncé ce mardi 3 septembre dans un entretien au Point Édouard Philippe, se disant "prêt" en cas d'élection présidentielle anticipée. Une déclaration qui n'est pas vraiment une surprise pour celui qui a occupé le poste de Premier ministre entre 2017 et 2020, au début du premier mandat d'Emmanuel Macron.

Mais le timing de cette annonce interroge: depuis maintenant 50 jours, la France n'a pas de Premier ministre. Emmanuel Macron se concentre sur les options Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, tout en refusant de nommer à Matignon Lucie Castets, candidate du Nouveau Front populaire pour succéder à Gabriel Attal.

"Heureusement qu’en pleine crise politique, certains gardent le sens des priorités et de l’intérêt général", tacle ainsi sur X la sénatrice écologiste Mélanie Vogel.

"C’est vraiment le moment", abonde le député Aymeric Caron. "Annoncer sa candidature à la présidentielle dans trois ans au moment où le pays traverse une crise politique gravissime prouve le peu d’intérêt qu’Édouard Philippe porte pour les Françaises et les Français, et le grand intérêt qu’il se porte à lui-même", raille l'élu parisien.

"Le chaos macroniste n’a plus de fin. Édouard Philippe déclare sa candidature à la présidentielle pour prendre de cours Attal, lui-même en guerre larvée avec Macron", écrit de son côté Antoine Léaument, député LFI. "Ces gens se souviennent-ils que la politique n’est pas un jeu? La France est un grand pays, pas un casino", lance-t-il.

Une position qui semble aussi partagée à droite. "Tout cela est prématuré. Il faut une solution d'urgence plutôt que de penser à 2027. C'est trop tôt pour qu'on en parle", plaide sur BFMTV Geoffroy Didier, Secrétaire général délégué des Républicains.

Quant au Rassemblement national, Laurent Jacobelli s'interroge. "Pourquoi maintenant? Édouard Philippe nous parle de lui au moment où les Français aimeraient bien qu'on leur parle un peu d'eux", dit-il sur BFMTV.

Édouard Philippe, qui s'était affirmé en "homme de droite" sur le perron de Matignon en succédant à Bernard Cazeneuve en 2017, prône depuis 2022 une coalition avec son ancienne formation des Républicains, base politique qu'il souhaite voir élargie dans sa conquête du pouvoir à une partie des sociaux-démocrates, une fois qualifiée de "gauche mitterandienne".

Dans Le Point, interrogé sur Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve, dont les noms circulent pour succéder à Gabriel Attal, Édouard Philippe explique soutenir "tout Premier ministre choisi dans un espace politique qui va de la droite conservatrice à la social-démocratie".

Le maire du Havre en profite pour appuyer sur ses thèmes de prédilection, comme l'éducation, l'ordre public, et surtout la crise des finances publiques. L'occasion d'adresser une sévère critique à la gestion du gouvernement sortant et ses objectifs de stabilisation du déficit à 3% en 2027 auxquels "personne ne croit".

Article original publié sur BFMTV.com