La prédisposition à l’Alzheimer de Chris Hemsworth nous en apprend beaucoup sur la maladie
SANTÉ - Chris Hemsworth a de grandes chances de développer un Alzheimer au cours de sa vie. Dans une interview au magazine Vanity Fair, publiée jeudi 17 novembre 2022, l’acteur américain a révélé sa prédisposition génétique à la maladie d’Alzheimer. Il dispose de « huit à dix fois plus de risques » que la moyenne de développer cette pathologie au cours de sa vie. Si ce diagnostic ne le condamne pas définitivement, il nous dit beaucoup de choses sur le dépistage, le traitement et le facteur héréditaire de cette maladie.
La « plus grande peur » de l’acteur est donc confirmée. Concrètement, Chris Hemsworth, qui a confirmé à Vanity Fair que son grand-père était atteint de la maladie d’Alzheimer, est porteur de deux gènes APOE4, un sur chaque chromosome 19, comme 2 % à 3 % de la population.
« Il y a 75 régions du génome qui sont associées à une augmentation de risque de développer une maladie d’Alzheimer. L’APOE4 est l’un des plus fréquents, mais surtout le plus associé à la maladie », indique au HuffPost Philippe Amouyel, le directeur général de la Fondation Alzheimer et professeur de santé publique spécialisé dans la génétique des maladies chroniques.
« Sa probabilité de développer l’Alzheimer est de l’ordre de 60 % tout au long de sa vie », continue le professeur. Pour autant, il n’est pas condamné : de nombreuses personnes porteuses de l’APOE4 ne déclareront jamais la maladie. « C’est un facteur de risque parmi d’autres car l’Alzheimer est une pathologie multifactorielle. »
Prévenir la maladie
Outre la prédisposition génétique, des facteurs environnementaux sont aussi associés à l’accélération de l’apparition des symptômes : la consommation de tabac, d’alcool et d’autres drogues, ainsi que les risques cardiovasculaires, le diabète ou l’obésité. « La maladie commence 10 à 20 ans avant l’apparition des premiers symptômes. Il vaut mieux les développer le plus tard possible. C’est comme ça qu’on essaye de développer une prévention. »
Chris Hemsworth envisage d’ailleurs de mettre « tous les outils de son côté » pour se « préparer au mieux et empêcher les choses d’évoluer d’une telle façon. » Des outils que nous liste le directeur de la Fondation Alzheimer : « Il faut stimuler son cerveau et le protéger des coups, des chutes et des produits qui abîment la barrière hématoencéphalique, comme le tabac ou l’alcool. »
« Il faut aussi garder son corps en bonne santé, faire de l’activité physique et lutter contre la solitude en entretenant ses relations sociales. Mieux vaut anticiper la retraite pour faire en sorte que la rupture de ce lien social ne soit pas brutale », continue le professeur.
Des tests conditionnés en France
S’il est impossible de déterminer si la maladie se déclenchera ou pas, il existe en revanche des tests pour connaître sa prédisposition génétique. Aux États-Unis, tout le monde peut avoir accès à un « test de génomique récréative. » Il permet de déterminer les « marqueurs génétiques de risque » pour certaines maladies. Il sert aussi à connaître son patrimoine génétique et ainsi en savoir plus sur ses origines.
« Ce test est très populaire aux États-Unis et coûte environ 100 dollars. En France, c’est interdit pour le grand public. Mais on estime qu’entre 150 000 et 200 000 personnes le font via internet », regrette le directeur de la Fondation avant de clarifier la réglementation française : « Vous pouvez réaliser un test dans ceux cas : soit dans le cadre d’une commission rogatoire pour recherche d’identité ou de paternité, soit en ayant une cause médicale liée à une maladie génétique. »
Chris Hemsworth, lui, a été testé dans le cadre du tournage de la série Limitless, centrée sur les limites du corps humain et de l’esprit. L’acteur y fait face à plusieurs défis extrêmes, il est donc suivi par des médecins qui lui ont fait passer plusieurs dépistages. Sa prédisposition sera évoquée dans la série documentaire dans le but de sensibiliser le public.
Une forme plus rare uniquement génétique
L’interprète du super-héros Thor a déclaré aussi vouloir « prendre un long congé et juste simplifier ma vie. » Quoi qu’il en soit, il a de quoi voir venir : la probabilité de développer la maladie d’Alzheimer avant 65 ans est extrêmement rare. Sauf pour… 0.04 % des malades, qui développent une forme rare dont les symptômes peuvent apparaître dès 50 ans.
Cette forme est héréditaire et liée à l’anomalie d’un gène - mais l’APOE4 n’entre pas en compte dans ce cas-là. Un parent porteur a 50% de risques de transmettre ce gène muté à ses enfants. Ces personnes ont aussi plus facilement accès au test de recherche de cause génétique. Si une personne est porteuse, elle développera obligatoirement la maladie.
Pour rappel, l’Alzheimer est une maladie neurodégénérative chronique qui détruit les cellules cérébrales. Avec le temps, elle provoque une détérioration de la mémoire et des capacités de réflexion. Elle touche environ 30 millions de personnes à travers le monde et aucun traitement ne permet aujourd’hui de la guérir ou d’éviter son apparition.
À voir également sur Le HuffPost :
Lire aussi