Près de 30.000 Kurdes d'Irak ont fui la ville de Touz Khourmato

BAGDAD (Reuters) - Près de 30.000 Kurdes ont été contraints de quitter la ville irakienne de Touz Khourmato, au sud de Kirkouk, fuyant les tensions qui ont suivi la reprise de ce secteur par les forces gouvernementales irakiennes, a-t-on appris mercredi auprès de plusieurs ONG.

La plupart de ces déplacés vivent dans des abris précaires et ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence, ont précisé les représentants de deux organisations humanitaires internationales.

Ils se sont réfugiés dans les régions de Diyala et de Souleimanieh. Certains se sont rendus à Erbil, plus au nord, a précisé l'ONG Oxfam.

Selon une troisième organisation, Amnesty International, des images satellite, des vidéos, des photos et des dizaines de témoignages prouvent que des centaines d'habitations ou de magasins ont été pillés, incendiés ou détruits dans les quartiers kurdes de Touz Khourmato, ville d'environ 100.000 habitants.

Amnesty, s'appuyant sur le témoignage d'habitants affirmant avoir été attaqués par des miliciens turkmènes chiites, fait état de la mort d'au moins onze civils.

Touz Khourmato est situé entre Kirkouk et Bagdad. Sa population est composée de Kurdes, d'Arabes et de Turkmènes.

L'armée irakienne, appuyée par des miliciens pro-gouvernementaux, est entrée dans la ville le 16 octobre, les peshmergas (combattants kurdes) s'étant retirés.

Un porte-parole des Unités de mobilisation populaire, une milice chiite entraînée en Iran et qui soutient le gouvernement de Bagdad, a affirmé mercredi n'avoir joué aucun rôle dans ces violences.

"Il n'y a pas eu de déplacement forcé, nos frères kurdes se sont enfuis de crainte de représailles", a dit à Reuters à Bagdad Karim Nouri. "Il y a eu des problèmes entre différents clans, différentes familles", a-t-il ajouté, refusant d'accorder une nature politique à cet exode.

A la suite du référendum d'autodétermination organisé le 25 septembre par les Kurdes d'Irak, les autorités irakiennes ont lancé une offensive le 15 octobre pour reprendre la région pétrolifère de Kirkouk et les "territoires disputés".

Le gouvernement régional du Kurdistan irakien (GRK) a proposé dans la nuit de mardi à mercredi de geler le résultat du référendum, un geste destiné à résoudre pacifiquement la crise avec le gouvernement central de Bagdad.

Un porte-parole militaire irakien a laissé entendre que l'offensive de l'armée allait se poursuivre.

(Maher Chmaytelli; Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)