Présidentielle américaine : derrière l’euphorie du ticket Harris-Walz, les sondages sont plus mesurés

La vice-présidente américaine Kamala Harris, à gauche, et Tim Walz, gouverneur du Minnesota et candidat démocrate à la vice-présidence, lors d’un événement de campagne à Philadelphie, Pennsylvanie, États-Unis, le mardi 6 août 2024.
Bloomberg / Bloomberg via Getty Images La vice-présidente américaine Kamala Harris, à gauche, et Tim Walz, gouverneur du Minnesota et candidat démocrate à la vice-présidence, lors d’un événement de campagne à Philadelphie, Pennsylvanie, États-Unis, le mardi 6 août 2024.

ÉTATS-UNIS - À vos marques, prêts, feu... repartez ! La course à la Maison Blanche est relancée après l’abandon par Joe Biden et la désignation de Kamala Harris pour le remplacer chez les démocrates. Et les tickets présidentiels sont désormais fixés avec deux duos sont en lice : Trump-Vance chez les Républicains, et Harris-Walz pour le camp démocrate. Juste après avoir annoncé son choix de Tim Walz comme colistier ce mardi 6 août, Kamala Harris s’est rendue en Pennsylvanie pour tenir son premier meeting en sa compagnie, dans une ambiance euphorique.

États-Unis : les réactions du camp Trump face à Tim Walz, choisi par Kamala Harris comme colistier, trahissent leur crainte

Au Liacouras Center de Philadelphie, des milliers de partisans ont acclamé la vice-présidente des États-Unis alors qu’elle entrait sur scène sur le titre « Freedom » de Beyoncé. Les applaudissements ont redoublé lorsqu’elle a présenté Tim Walz, actuel gouverneur du Minnesota, comme vous pouvez l’entendre ci-dessous. Trois semaines après que Joe Biden se soit retiré de la campagne, l’image de ce duo ensemble sur scène a déjà un goût de petite victoire pour le camp démocrate, qui voyait ses espoirs décliner à mesure que le président des États-Unis enchaînait les impairs.

Le nouveau duo démocrate compte répéter son opération séduction dans plusieurs autres swing states, ces États déterminants pour faire élire un président américain, d’ici la fin de semaine. Cette tournée de meetings qui doit donner le ton de leur entente et de leur complémentarité et qui espère faire grimper les sondages en leur faveur.

Depuis sa récente entrée en lice, Kamala Harris a rattrapé le retard qu’accusait Joe Biden sur Donald Trump dans les intentions de vote. Elle a également vu s’envoler les montants récoltés pour sa campagne, effectuant des débuts sans fausse note. Pourtant, son choix de Tim Walz comme colistier n’a pas de quoi faire décoller les sondages, du moins à première vue selon les spécialistes.

Un visage peu connu des Américains

En réalité, le problème n’est pas que le candidat n’est pas apprécié des Américains, mais plutôt qu’il est inconnu au bataillon. Selon le sondage NPR/PBS News/Marist National, publié mardi 6 août juste avant l’annonce du choix de Kamala Harris, près des trois quarts (71 %) des personnes interrogées ont ainsi déclaré ne pas en savoir suffisamment sur Walz pour pouvoir se faire une opinion à son sujet. Parmi les autres personnes interrogées, 17 % avaient une opinion favorable de Walz et 12 % une opinion défavorable de lui.

Un autre sondage, mené par Ipsos pour ABC News, également avant que Walz ne soit choisi comme colistier, confirme cette tendance. Il indique ainsi que 9 adultes américains sur 10 n’en connaissent pas assez sur Tim Walz pour avoir une opinion à son sujet.

Plus encore, son absence de popularité le poursuit jusque dans son propre parti. Près de 9 démocrates sur 10 ne le connaissent pas assez pour avoir une opinion à son sujet, selon le sondage ABC News/Ipsos. Un démocrate sur dix a une opinion favorable de lui, et seulement 4 % ont une opinion négative.

Surtout, l’écart de popularité entre Tim Walz et les autres potentiels colistiers de Kamala Harris est assez frappant : seulement environ un Américain sur deux ne connaissait pas le gouverneur de Pennsylvanie Josh Shapiro ou le sénateur Mark Kelly, selon le sondage NPR/PBS News/Marist National.

Un profil atypique, complémentaire de Kamala Harris

Si le choix de Kamala Harris pour Tim Walz ne lui assure pas directement de remporter les États clés de la Pennsylvanie, l’Arizona, le Michigan ou le Wisconsin, il est pour autant loin d’être dépourvu de stratégie électorale.

S’il n’est pas encore très populaire, cet ancien professeur et entraîneur de football américain au parcours atypique en politique pourrait bien séduire les Américains. Comme le souligne l’agence AP News, son profil d’ancien militaire de la Garde nationale joue déjà en sa faveur : environ 9 adultes américains sur 10 déclarent avoir une opinion favorable des vétérans de l’armée, selon un sondage Ipsos réalisé en 2024. Si l’on ajoute à cela qu’environ 8 adultes sur 10 disent la même chose des enseignants, Tim Walz a d’autant plus d’atout pour gagner la confiance des électeurs.

S’il est plutôt de nature modérée, le candidat a pourtant su faire une entrée en trombe dans la campagne présidentielle, et ce avant même d’avoir été choisi comme colistier. En qualifiant Trump et son propre colistier, le sénateur de l’Ohio JD Vance, de trop « bizarres » et extrémistes pour gouverner, il a formulé une ligne d’attaque efficace, reprise ensuite par plusieurs figures du parti, y compris Kamala Harris, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous.

Son arrivée officielle dans la campagne pourrait donc finalement contribuer à creuser l’écart entre Kamala Harris et Donald Trump dans les sondages. Dans le dernier sondage publié par NPR/PBS News/Marist et réalisé entre le 1er et le 4 août, soit juste avant la nomination de Tim Walz, Kamala Harris prends en effet la tête de la course à la Maison Blance en rassemblant 51 % des intentions de vote, contre 48 % pour l’ancien président Donald Trump.

Si cet écart n’a rien de sensationnel, il reste à préciser que la courbe de Kamala Harris est en hausse : le résultat évoqué ci-dessous est ainsi supérieur de 4 points à celui obtenu juste après son entrée en lice il y a deux semaines, lorsque le président Biden s’est retiré. La candidate démocrate est portée par son engagement pour le droit à l’avortement, ainsi que sa popularité chez les électeurs noirs et les femmes blanches diplômés. Sur des thèmes tels que l’économie et l’immigration, les Américains préfèrent accorder leur confiance à Donald Trump. Reste à voir si l’entrée de Tim Walz en campagne changera la donne.

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