Présidentielle 2022: Les outsiders font leur rentrée pour déjouer le duel Macron-Le Pen

Les outsiders de la présidentielle font leur rentrée pour tenter de déjouer le duel Macron - Le Pen (Photo: ERIC FEFERBERG via AFP via Getty Images)
Les outsiders de la présidentielle font leur rentrée pour tenter de déjouer le duel Macron - Le Pen (Photo: ERIC FEFERBERG via AFP via Getty Images)

POLITIQUE - “Et on file en Haute-Loire où Laurent Wauquiez entame l’ascension du mont Mézenc”. Comme le président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes, plusieurs personnalités politiques de premier plan vont se montrer en cette dernière semaine d’août. Une rentrée tous azimuts, depuis la Drôme pour les Insoumis, le Loir-et-Cher pour le PS et La Baule pour Les Républicains qui devrait prendre des allures de multiplex sportif. La sonnerie entêtante en moins, les ambitions présidentielles en plus, à quelques mois de la grande élection.

Une semaine après les universités d’été du pôle écolo, ce sont les troupes de Jean-Luc Mélenchon qui dégainent en premier. Les Insoumis se réunissent dès ce jeudi 26 août, à côté de Valence, pour quatre jours de discours, réunions et autres tables rondes. Le communiste Fabien Roussel fera de même, un peu plus au sud, à Aix-en-Provence, à partir de samedi, quand Olivier Faure tentera, à Blois, de mettre sa candidate, Anne Hidalgo, en orbite, bien qu’elle ne soit pas encore officiellement déclarée.

À moins d’un an de l’échéance, tous trois, comme les principaux protagonistes de ce week-end politique, participent à la course dans des habits d’outsider, loin derrière les deux favoris, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, finalistes en 2017, qui caracolent en tête des enquêtes d’opinion.

Jean-Luc Melenchon à Marseille, le 11 mai 2017  (Photo: Jean-Paul Pelissier via Reuters)
Jean-Luc Melenchon à Marseille, le 11 mai 2017 (Photo: Jean-Paul Pelissier via Reuters)

Jean-Luc Mélenchon a beaucoup à jouer. Quatrième de la présidentielle 2017 avec 19,58% des voix, il dépassait difficilement la barre des 10% d’intentions de vote dans les derniers sondages, menés au mois de juin. Une enquête Harris Interactive pour Challenges du 25 août lui accordait tout récemment 11%, mais, à la même époque, cinq ans auparavant, aucun institut ne plaçait le chef de file des Insoumis sous cette barre fatidique.

Pour lui, l’objectif de cette rentrée à Chateauneuf-sur-Isère, près de Valence, sera double: créer une dynamique d’ampleur autour de son programme, dont la mouture “2022” sera présentée à cette occasion. Et tenter de s’imposer à gauche en déjouant l’isolement. Éric Piolle et Sandrine Rousseau, réputés comme étant les deux candidats à la primaire écolo les plus proches de ses idées, sont prévus au programme de ces universités d’été insoumises, entre autres “guest-star”. Comme le veut la tradition, il reviendra au tribun de conclure son rendez-vous estival par un discours, dimanche à midi, forcément tourné vers le printemps prochain.

Fabien Roussel, à Paris, le 3 décembre 2018 (Photo: Stephane Mahe via Reuters)
Fabien Roussel, à Paris, le 3 décembre 2018 (Photo: Stephane Mahe via Reuters)

À 200 km de là, le candidat du PCF, Fabien Roussel, député du Nord, promet d’emmener ses troupes “jusqu’au bout” en 2022. Comme Jean-Luc Mélenchon, il veut “s’adresser aux abstentionnistes”, tout en essayant de convaincre les Français “déçus” par son ancien allié, expliquait-il, mardi 24 août, devant la presse. Une mission ardue après deux élections présidentielles vécues dans le sillage du candidat Insoumis, que les communistes soutenaient en 2012 et 2017.

“J’ai bien conscience que nous avons un déficit de notoriété”, reconnaissait encore Fabien Roussel, en présentant son premier livre aux journalistes. Un ouvrage en forme de programme politique baptisé Ma France (Cherche midi) qui doit sortir le 2 septembre, comme une nouvelle étape dans cette campagne présidentielle. Avant cela, le secrétaire national du PCF a choisi Aix-en-Provence et le samedi 28 août pour prononcer son discours de rentrée devant quelque 500 soutiens. Une façon, là aussi, de sortir de l’ombre de son ancien allié, lequel prendra la parole moins de vingt-quatre heures plus tard.

Anne Hidalgo à Paris, le 18 juin 2020 (Photo: POOL New via Reuters)
Anne Hidalgo à Paris, le 18 juin 2020 (Photo: POOL New via Reuters)

Voilà pour les formations qui se mettent en ordre de marche derrière leurs chefs de file désignés. Pour les autres, la rentrée politique revêt des enjeux différents. C’est le cas, par exemple au Parti socialiste où la candidature -pas encore officialisée- d’Anne Hidalgo, suscite déjà des remous.

La maire de Paris, dont nombreux cadres du PS louent “l’envergure nationale et internationale”, à l’image du sénateur Patrick Kanner, mercredi sur franceinfo, doit s’exprimer devant les militants socialistes réunis à Blois, vendredi 27 au soir. L’occasion d’officialiser son choix? ”Ça n’a jamais été aussi proche. Ça se compte en nombre de jours”, a ainsi admis le parlementaire, reconnaissant que “le travail avait été fait” dans le sens d’une candidature de l’édile de 62 ans.

Pas de quoi convaincre toutes les figures du parti à la rose pour autant, à l’heure où Anne Hidalgo est créditée de 6 à 8% des intentions de vote. L’ancien ministre de François Hollande, Stéphane Le Foll a ainsi réclamé au cours de la semaine “un débat fin octobre, début novembre (...) suivi d’un vote”, refusant de se ranger derrière Anne Hidalgo. Pour lui, “il n’y a pas de candidature naturelle” et “il ne peut pas y avoir de candidature qui s’impose.”

Ce qui n’est pas l’avis d’Olivier Faure. Le patron du PS, qui s’apprête à remettre son mandat en jeu, a fait figurer le nom d’Anne Hidalgo dans son texte d’orientation, selon Libération. En d’autres termes: si les militants votent pour le reconduire à la tête du PS les 18 et 19 septembre prochains, ils opteront, aussi, pour la maire de Paris comme candidate à la présidentielle. Un petit tour de passe-passe, qui agace en interne, sur lequel le Premier secrétaire pourra revenir, samedi à 17h30, lors de son discours devant les sympathisants socialistes.

Laurent Wauquiez sur le Mont Mézenc, le 26 août 2018.  (Photo: Emmanuel Foudrot via Reuters)
Laurent Wauquiez sur le Mont Mézenc, le 26 août 2018. (Photo: Emmanuel Foudrot via Reuters)

Et à droite? Les vacances sont également terminées. “C’est la semaine où ça peut bouger dans tous les sens!”, résumait l’entourage d’un ténor auprès de l’AFP, avant un week-end en ordre dispersé. Valérie Pécresse, candidate déclarée à une primaire incertaine, tiendra, samedi 28 août, la traditionnelle rentrée de son mouvement Libres! depuis Brive-la-Gaillarde, en Corrèze.

Le même jour, les Républicains de Loire-Atlantique organisent leurs universités d’été à La Baule, sorte de “pré-rentrée” pour LR qui tient son grand raout le week-end suivant. S’y retrouveront un candidat déclaré -le médecin Philippe Juvin, maire de La Garenne-Colombes propulsé sous les projecteurs avec la crise sanitaire- et deux candidats potentiels: l’ancien négociateur européen pour le Brexit Michel Barnier, et le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau. En signe de “rassemblement” avec son ancien parti, la présidente de l’Île-de-France interviendra en duplex depuis Brive.

Le lendemain, c’est son homologue à la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’ancien patron des Républicains, Laurent Wauquiez, qui fera sa rentrée avec la traditionnelle ascension du Mont Mézenc, à la frontière de l’Ardèche et de la Haute-Loire, à l’heure où les spéculations vont bon train sur ses ambitions. Sans oublier Éric Ciotti, lequel pourrait créer la surprise si les candidatures penchaient trop au centre: le député des Alpes-Maritimes, qui organise une “soirée républicaine”, samedi, à Levens, près de Nice, “veut que ses idées de l’aile droite soient représentées”, selon des propos de son entourage, rapportés mardi par l’AFP. Le Figaro et Politicocroient même savoir que le parlementaire pourrait se déclarer ce jeudi matin, sur le plateau de BFMTV.

À rebours de cette effervescence, plusieurs aspirants ne se pressent pas. Outre Xavier Bertrand, la personnalité la mieux placée à droite, selon les sondages, qui n’a pas prévu de grand rassemblement ou autre prise de parole, Emmanuel Macron et Marine Le Pen entendent rester discrets en cette fin août. Le président de la République, tout juste rentré du fort de Brégançon, sera en Irak tout le week-end et a de nombreux dossiers sur son bureau. En président sortant, il n’a pas prévu de s’exprimer rapidement quant à ses plans pour un second mandat et promet de gouverner “jusqu’au dernier quart d’heure”.

La députée d’extrême droite, candidate à l’Élysée pour la troisième fois de suite, va, de son côté, attendre le 18 septembre prochain pour confier les rênes du Rassemblement national à son numéro 2, Jordan Bardella, lors d’un conseil national élargi à Fréjus, rendez-vous de rentrée du RN.

Un événement tardif quand on compare son calendrier à celui des autres candidats. Et que dire de La République en marche? La formation présidentielle, qui avait organisé ses campus à la mi-septembre l’année dernière, va attendre cette fois-ci début octobre pour se retrouver à Avignon. Le temps nécessaire pour mettre ses troupes en ordre de bataille, avant d’entreprendre une nouvelle marche, sur le modèle de la dernière, victorieuse, de 2017. Le multiplex est en tout cas bien parti pour durer jusqu’au 24 avril 2022.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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