Présidentielle 2022: Emmanuel Macron cherche toujours sa "maison commune"

Les composantes de la majorité vont-elles réussir à se rassembler dans
Les composantes de la majorité vont-elles réussir à se rassembler dans

POLITIQUE - C’est l’Arlésienne. Demandez à un Macroniste de vous définir la maison commune, il vous dira “C’est le MoDem, LREM, Édouard Philippe et tous ceux qui veulent”. Demandez à un centriste du MoDem, il vous dira, “c’est LREM et le MoDem, les deux piliers du centre, mais pas Philippe qui est de droite, ni ceux de gauche et tous ceux qui veulent”. Demandez à un proche d’Édouard Philippe, il vous dira, “on est ouverts, mais il faudrait qu’on connaisse le nombre de chambres”.

Voilà à peu près où en sont les négociations entre les différentes composantes de la majorité censées se rassembler avant la fin de l’année dans un grand mouvement central afin de remporter la présidentielle et préparer les élections législatives de 2022. Sauf que, comme l’Arlésienne, tout le monde en parle, mais personne ne l’a jamais vue. Chaque chapelle défend son bout de gras au point que personne n’est capable à ce stade de se mettre d’accord sur les contours de ce qui ressemble à un ovni politique.

Le sujet sera une nouvelle fois sur la table ces samedi 2 et dimanche 3 octobre à Avignon (Vaucluse) lors du campus de la majorité présidentielle. “Stanislas Guérini a prévu d’en parler dans son discours, surtout que contrairement aux dernières années, ce n’est pas la rentrée de LREM, mais bien celle de la majorité présidentielle”, se réjouit-on dans l’entourage du délégué général du parti du président, alors que François Bayrou très actif dans ce projet sera présent.

“Il faut absolument qu’on ait une structure avant la présidentielle, car si on ne fait rien, chacun va créer son espace”, craint un ministre au cœur des négociations. “Le problème, c’est que tout le monde n’est pas aligné”, complète l’un des potentiels piliers du dispositif. ”On essaie de mettre de l’organisation dans ce désordre, on s’oriente par exemple vers une seule commission d’investiture pour les législatives”, se félicite le ministre.

Pourquoi Emmanuel Macron s’en mêle

Reste que si tout le monde s’accorde sur l’intérêt du projet, les choses n’avancent pas beaucoup. À tel point que le président, qui s’était jusque là tenu à l’écart du dossier, est intervenu en organisant un grand dîner mercredi soir à l’Élysée avec une vingtaine de convives dont son ancien Premier ministre Édouard Philippe, les présidents des groupes MoDem et LREM de l’Assemblée nationale et du Sénat, François Bayrou, le patron du MoDem, très actif dans cette agitation, son homologue d’En Marche Stanislas Guérini ou encore Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, désigné à cette occasion par Emmanuel Macron pour piloter le tout.

Les participants ont même convenu de se revoir dans un mois pour constater l’évolution des plans qui semblent à ce stade à peine dessinés au crayon. Car l’équation comporte encore plusieurs inconnues, notamment sur sa forme. Que créer? Un parti? Un mouvement? Une “coopérative” comme le suggère François Bayrou? Une confédération? Avec quel nom? Certains avançaient le “parti démocrate” ou “les démocrates”, mais rien n’est arrêté. Comment seront répartis les financements? Chaque entité pourra-t-elle conserver son identité? C’est probable. Que feront ceux qui n’adhéreront qu’à cette structure? Le pourront-ils?

“C’est un peu tôt pour en parler”, évacuait vendredi 1er octobre l’entourage du président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, nouvel architecte en chef de cette structure. Pas de réponse non plus sur la livraison des plans avant la fin de l’année ni sur la date de la pendaison de crémaillère.

“Il faut absolument qu’on arrive à un congrès fondateur de ce nouveau parti central avant la fin de l’année, sinon ça va être un grand bazar”, prévient un marcheur historique. “Si on rate la maison commune, c’est peu de dire qu’elle ne sera pas commune”, ajoute un parlementaire dans une lapalissade souvent déclenchée quand le sujet est évoqué. “La maison commune, comme son nom l’indique, il faut qu’elle soit commune”, proclamait, comme en écho, un proche d’Édouard Philippe vendredi.

Aucune date de pendaison de crémaillère

Lors du dîner à l’Élysée, l’ancien Premier ministre aurait au moins réclamé “une maison du bonheur”, selon Le Parisien, comme s’il voyait déjà venir les difficultés de la machine, notamment sur le fond. “Bayrou et Philippe, c’est très compliqué sur le plan perso et sur le plan politique”, observent plusieurs piliers de la majorité qui ne voient pas encore clair sur les contours du bâtiment. Dans ce contexte, l’offensive d’Édouard Philippe dans les colonnes deChallenges pour réclamer une réforme des retraites qui ne vient pas et le lancement de son propre parti au Havre le 9 octobre inquiètent.

“Nous voyons d’un bon œil cette initiative, mais nous n’avons pas encore toutes les modalités claires. En attendant, on avance!Un proche d'Edouard Philippe

″Philippe est en train de draguer mes collègues pour savoir qui vient au Havre”, peste un pilier du groupe LREM qui redoute l’émergence d’un groupe Philippiste à l’Assemblée nationale en 2022 et qui voit déjà poindre la guerre de succession à Emmanuel Macron. “Tout se met en place pour qu’on ait un quinquennat infernal si Emmanuel est réélu. Si on installe un duo LREM-MoDem d’un côté et tout le reste qui s’agite dans un pôle de droite de l’autre, on va connaître des heures douloureuses”, prévient cet élu qui prédit une guerre “à la Chirac-Giscard”.

Côté Philippe, on balaie ces accusations en répétant le soutien du maire du Havre à Emmanuel Macron pour la présidentielle de 2022 et l’envie de participer à la fameuse maison. “Nous voyons d’un bon œil cette initiative, mais nous n’avons pas encore toutes les modalités claires”, explique un proche de l’ancien Premier ministre, avant d’ajouter: “En attendant, on avance!”.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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