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Pour la PPL Liot sur les retraites, une affluence record en commission et de vives tensions

POLITIQUE - « Méthode mafieuse » contre « coup de pub ». La proposition de loi (PPL) du petit groupe Liot enflamme déjà l’Assemblée nationale, avant même son arrivée dans l’hémicycle. Le texte, qui prévoit de revenir sur la réforme des retraites et son nouveau couperet à 64 ans, est examiné en Commission des affaires sociales ce mercredi 31 mai dans une ambiance particulièrement houleuse.

Premier sujet d’anicroche : les débats, marqués par des échanges acerbes entre le camp présidentiel, qui essaie depuis plusieurs semaines de tuer cette proposition de loi dans l’œuf, et les pourfendeurs de la réforme des retraites, se déroulent dans une salle bondée. Ce qui n’a pas empêché l’assistance de voter la suppression de l’article-clé de la proposition en fin de matinée.

Les 73 députés de la Commission ont été rejoints par nombre de leurs collègues de la Nupes, non-membres de cette instance. Beaucoup sont restés debout, à l’image de Manuel Bompard, le coordinateur des insoumis et membre, d’ordinaire, de la Commission des affaires étrangères. À tel point que la gauche s’est plainte à plusieurs voix des conditions de sécurité et d’examen, empêchant « un débat serein ».

Une « mise en danger des personnes »

Sur les réseaux sociaux, Caroline Fiat, la vice-présidente (LFI) de l’Assemblée, fait savoir qu’elle a « fait constater par les services de sécurité » du palais Bourbon une situation de « mise en danger des personnes » présentes. D’autres élus se montrent en train de trimballer des chaises pour pouvoir s’asseoir dans la salle pleine à craquer.

« Les macronistes n’ont pas prévu de salle assez grande pour accueillir tout le monde. Ici le collègue (socialiste) Arthur Delaporte qui apporte sa chaise pour avoir la chance de s’asseoir », constate par exemple l’insoumis Damien Maudet sur les réseaux sociaux, photo à l’appui, en évoquant une « situation ubuesque ».

En réponse, la présidente (Renaissance) de la Commission des affaires sociales, Fadila Khattabi, accuse les parlementaires de gauche de mettre le « boxon » dans la salle ou de jouer l’obstruction. Les députés de la Nupes ont en effet multiplié les prises de parole d’une minute avant d’entrer dans le vif du sujet pour dénoncer les « manœuvres » du camp présidentiel, et sans doute, retarder le vote.

Une stratégie qui s’explique entre autres par les rapports de force différents en Commission. Ceux-ci sont effectivement plus favorables à la majorité que dans l’hémicycle. Les députés du camp Macron ont ainsi pu compter sur le soutien de leurs collègues LR pour supprimer l’article qui prévoit de revenir sur la réforme (38 voix pour, et 34 voix contre).

Ce tournant ouvre la voie, par un coup de billard à trois bandes, à la possibilité d’empêcher son examen en séance le 8 juin. Les députés Liot vont désormais devoir déposer un nouvel article qui, selon les règles, pourra être frappé d’irrecevabilité par Yaël Braun-Pivet.

Dans une ambiance électrique, la cheffe des députés insoumis Mathilde Panot a accusé les troupes du président de la République de « méthodes mafieuses sur la manière dont on essaye de nous empêcher de discuter sur ce texte ».

La tension monte

Sa collègue l’écologiste Sandrine Rousseau a, elle, mis en garde sur le « point de rupture » démocratique « qui se profile ». « Vous vous être organisé cette nuit pour que cette Commission ne ressemble pas et ne soit pas représentative de l’hémicycle, vous le savez et vous n’êtes pas dupes de cela, vous avez manipulé cette Commission pour que les votes ici ne soient pas représentatifs de ce qui va se passer dans l’hémicycle», a-t-elle fustigé.

La gauche, LFI en pointe, a contre-attaqué en déposant plus d’un millier d’amendements sur l’article suivant de la proposition de loi, dans l’espoir d’empêcher les débats d’aller à leur terme. « Si on n’a pas le temps de discuter de l’ensemble du texte il reviendra en l’état initial en séance, il peut y avoir un intérêt à faire ça », a fait valoir le député insoumis Alexis Corbière.

La tension est encore montée d’un cran quand la présidente de la Commission des Affaires sociales a annoncé qu’elle refusait d’examiner les amendements, dénonçant la logique d’obstruction de la Nupes. Une nouvelle carte qui a ulcéré les parlementaires opposés à la réforme des retraites.

« Je suis un peu étonné », a ainsi euphémisé Charles de Courson en s’adressant à sa voisine Fadila Khattabi, avant d’ajouter : « C’est un droit constitutionnel qui appartient à chaque député de pouvoir amender ou sous-amender. Donc attention, de quel droit vous décidez à un moment de balayer tout cela ? On n’est plus dans le respect des institutions là. » Les débats ne font que commencer.

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